
Au nom de quelques personnes encore lucides malgré le puissant anesthésique qu’on nous injecte dès la naissance, et les rappels occasionnels, notamment dès le retour à l’aéroport international de Beyrouth, meurtries par l’enlaidissement de notre ville et par l’incompétence de certains de nos représentants au pays où coulaient jadis le lait et le miel, je dis à la municipalité de Beyrouth :
1. NON, nous ne voulons pas « de vaste plan de réaménagement des jardins publics de la capitale... concernant non pas un, mais cinq jardins publics à Beyrouth », avant la réalisation de simples petits projets de rien du tout !
2. NON, nous ne voulons pas de projets chimériques et couteux, nous voulons de projets réalisables et au moindre coût, la devise de tout percepteur honnête. Mais au pays des 60 milliards de dollars de dette, 135 % de notre PIB, les percepteurs honnêtes ne courent pas les rues ! Hélas.
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4. NON, mais on s’en fout royalement que « Le réseau d’eau nécessitera 4.200 mètres de tuyauteries, 3 citernes, 40 prises d’eau et 2 sources pour l’alimentation. Quant au réseau électrique, il comprendra 46 lanternes pour l’éclairage et 3.800 mètres de câbles souterrains... Deux petites maisons de gardiens qui seront chargés de l’entretien du jardin ». Mais, comment diable se fait-il que la municipalité de Beyrouth n’ait pas encore installé des accessoires dans ce parc depuis la fin de la guerre, malgré 22 ans d'interrompue taxation municipale, et la fin de l’occupation syrienne, il y a 8 ans ? Quelle tragédie !
5. NON, il est complètement superflu, risible et dépensier de doter le Bois des Pins « d’une cage à oiseaux et d’une cage à singes qui couvrira une superficie de 125 mètres carrés », ou de je ne sais quelle idée farfelue et grotesque, alors que l’air de Beyrouth est irrespirable ! Mais bordel, vous ne vous rendez pas compte, nous sommes déjà la risée du monde entier sur le plan écologique. Même vos singes imaginaires ricanent bruyamment.
6. NON, il n’y a pas de quoi se réjouir d’apprendre, « Avec une superficie de 41.000 mètres carrés, le jardin de Mousseitbé, sera conçu en gradins avec d’agréables escaliers... il est prévu des fontaines lumineuses et des bancs pour promeneurs. A l’est de Beyrouth, le jardin de Sioufi sera également aménagé en gradins. En plus des aménagements classiques, un restaurant est prévu pour ce jardin ». Disons qu’il s’agit d'un exemple parmi d'autres, de gaspillage de l’argent publique dans de ridicules aménagements qui ne bouleverseront pas la vie des habitants, alors que le poumon vert de la capitale libanaise, ce havre de paix qui représente 3/4 des espaces verts de la capitale, reste encore fermé au public depuis la fin de la guerre (1990), par la volonté de la municipalité de Beyrouth et de son président actuel. Pathétique.
7. NON, il est grotesque de s’enorgueillir de misérables aménagements et de folkloriques installations, qui seront encore facturés à prix d'or. « Le jardin de la Quarantaine n’aura que 3.000 mètres carrés environ. Un bassin de 56 mètres de diamètre, illuminé par un jeu de lumières et de jets d’eau... un kiosque circulaire suspendu qui donnera une vue d’ensemble et sur la côte et sur la montagne. Le cinquième jardin est celui de Rmeil, 4.000 mètres carrés, se distinguera des autres par sa conception et son style. En effet, un temple d’époque romaine découvert en ce lieu sera restauré et constituera l’arrière cadre du jardin. Devant le temple, un bassin rectangulaire à 7 jets d’eau, ayant une longueur légèrement inférieure au péristyle, garnira l’entrée du temple », sachant que les Beyrouthins ne disposent aujourd'hui que de 0,1 million m² d’espaces verts disponibles (le 0,3 million m² du Bois des Pins est interdit aux Beyrouthins), quand les Parisiens bénéficient de 24 millions m² et les Berlinois de 64 millions m². Non, il n’y a vraiment pas de quoi pavoiser pour l’aménagement de 0,007 million m² de verdure ! Tout ce qui a été fait à ce jour, depuis le départ des troupes ottomanes, par la municipalité de Beyrouth est totalement insuffisant. Il n'y a qu'à voir la misère écologique dans laquelle nous vivons actuellement. Il faut vraiment bien davantage et bien d'autres choses.
8. NON, nous n’avons pas confiance, mais alors pas du tout, quand on lit que « Ce rêve va enfin se réaliser dans un an environ, promet la municipalité de Beyrouth... Les plans relatifs à l’aménagement des jardins prévus sont terminés et l’administrateur de la capitale, le président et les membres du conseil municipal ont à cœur de les voir réalisés dans le plus bref délai... L’on prévoit que l’ensemble des travaux seront achevés fin 2014 ou début 2015 », sachant que Bilal Hamad, le président de la municipalité de Beyrouth n'a pas tenu sa promesse, réitérée à diverses reprises, pour « étudier » la possibilité d'ouvrir le Bois des Pins aux Beyrouthins, comme si c'était un acte de bienfaisance, alors qu’il détient les rênes du Conseil municipal de la ville depuis plusieurs années. En effet, c'est un secret pour personne, il est farouchement opposé à l’ouverture du plus grand espace vert de la capitale au public libanais pour diverses raisons aussi ridicules que bidon, sans prendre les dispositions nécessaires pour s’en prémunir (peur que les sauvageons Libanais ne viennent couper les arbres, faire des barbecues, fumer le narguilé, etc.).
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Pour augmenter significativement et aisément la surface des espaces verts à Beyrouth, il existe deux moyens peu couteux. Donc, avant de gaspiller l’argent des contribuables beyrouthins dans de vastes projets, la municipalité de Beyrouth doit procéder à trois actions immédiates, pour au moins prouver sa bonne foi, son intéressement écologique et son désintéressement financier :
1. Arrêter de tailler sévèrement les arbres des trottoirs de Beyrouth, pour en faire de ridicules boules et cubes décoratifs, dans une ville très chaude et trop humide, du mois de mai au mois d'octobre, où il ne pleut pas presque la moitié de l'année. Laisser les arbres des trottoirs se développer en hauteur ne coutera rien, absolument rien, aucune livre libanaise et aucun cent -donc, zéro commission!- mais bouleversera la vie des habitants !
2. Reboiser toutes
les rues et les jardins de la capitale. « De grands arbres dans toutes les rues de Beyrouth »
est un projet simple, concret, ambitieux et révolutionnaire. Yes we can! Disséminer dans tout
Beyrouth 15 000 peupliers d’Italie coutera beaucoup moins cher -donc, petite commission!- que la transformation des jardins en gradins et l’aménagement de
ridicules cages à oiseaux et à singes, Ya
Aadra dakhil essmik, wlak, Allah wou
akbar, khafo rabkoun!, et c’est d’une plus grande utilité pour la population ! Sauf que...
3. Ouvrir le plus grand espace vert de Beyrouth, le Bois des Pins (Hérch Bayrout), aux résidents de la capitale. Il n'est pas normal qu'un espace plus grand que le jardin du Luxembourg ou le jardin des Tuileries, qui représente 3/4 des espaces verts de la capitale libanaise, soit toujours fermé au public, plus de vingt ans après la fin de la guerre, sans que les auteurs du maintien de cette fermeture abusive ne soient pas sanctionnés, sur les plans administratif, juridique ou électoral.
Réf.
De grands arbres dans toutes les rues de Beyrouth... Yes we can ! (Art.72) Bakhos Baalbaki. In BB’s BLOGs, 2 sept. 2012
Can beirut become a city full of trees? Bakhos Baalbaki. In BEYOND Magazine, 8 Feb. 2013