jeudi 28 avril 2016

« Beirut Madinati » : des adeptes de la politique de l’autruche ? (Art.355)


Peu de temps après l’annonce de la création de la liste Beirut Madinati, j’ai décidé d’apporter un franc soutien à ses 24 citoyens qui se présentent devant les électeurs de Beyrouth aux prochaines municipales prévues le 8 mai, et d’expliquer aux (é)lecteurs précisément, les raisons de cette démarche, le but étant de les inciter à faire de même. J’ai saisi l’occasion pour aborder quelques sujets qui préoccupent une partie des Libanais et qui me tiennent à cœur, en exprimant quelques réflexions et des suggestions au passage. L’article a démarré sur les chapeaux de roue. Et pour m’assurer que celles-ci parviendront aux personnes concernées, j’ai tagué la liste en question. Un ami les a tagué ensuite. Quelle fut grande la surprise de constater que tout cela n’a pas suscité de réaction de la part du mouvement. Aucun commentaire. Rien.

J’ose espérer et je veux croire, comme beaucoup de Libanais, que lorsque les candidats de Beirut Madinati ont décidé de se présenter devant les électeurs, ils étaient conscients que l’intérêt de Beyrouth et des Beyrouthins devrait primer sur toute autre considération. A commencer par la susceptibilité à la critique ! Des milliers de personnes ont lu mon dernier article et des centaines l’ont liké, partagé et commenté. Par respect à mes lecteurs, et dans l’intérêt de notre ville et de ses habitants, je voudrais apporter quelques précisions sur cette question. Si on décortique mon article « Beirut madinati - بيروت مدينتي » : de la défense des locataires anciens de Beyrouth à l’initiative citoyenne en faveur des Beyrouthins », on peut dégager dix thèmes, qui ont reçu totalement ou partiellement, une adhésion massive des (é)lecteurs.

*

1. Soutien franc à Beirut Madinati
« Beirut Madinati apporte un véritable espoir électoral de changement et une bouffée d’oxygène aux résidents d’une ville asphyxiée au sens propre comme au sens figuré... On ne peut que s’en réjouir, d’autant plus, que nous ne sommes pas habitués dans la vie politique libanaise à autant de consistance (...) un programme sérieux et cohérent de 32 pages... Pour une fois que nous avons des citoyens compétents et inventifs (...) nous ne pouvons que soutenir une liste outsider comme celle de Beirut Madinati. »

2. Rappel que « beirut madinati » est un slogan existant depuis deux ans 
« Coïncidence, même inspiration ou signe du destin ? Qu’importe. Le problème n’est pas là... Tout le monde ne sait pas que ‘beirut madinati’ est aussi un slogan qui a été utilisé par un groupe d’activistes, dont je fais partie, dans le cadre de deux campagnes de défense des locataires anciens de Beyrouth. »

3. Focus sur la loi de libéralisation des loyers anciens et ses conséquences
« Attirer l’attention des électeurs beyrouthins en général et des candidats municipaux de Beirut Madinati, sur la nature de l’enjeu de la libéralisation des locations anciennes... Il y va de l’avenir de dizaines de milliers de gens, natifs de la ville et issus de la classe moyenne, menacés d’expulsion de leurs foyers par la nouvelle loi... La gentrification urbaine progressive et une spéculation immobilière certaine rendront une partie de la ville de Beyrouth inaccessible à la majorité des Libanais... Une fois que les petits immeubles anciens sont débarrassés de la classe moyenne, ils seront détruits pour laisser la place à de grandes tours soi-disant luxueuses (...) Adieu aux bâtiments à taille humaine à Beyrouth, à l’architecture typique de la ville et à tout ce qui fait le charme de la capitale libanaise. »

4. Interpellation de « Beirut Madinati » sur les locataires anciens
« Je regrette que Beirut Madinati (...) n’ait consacré que deux phrases à la libéralisation des locations anciennes, se contentant d’affirmer la nécessité de ‘traiter’ le problème. Etant donné les enjeux, j’espère que les candidats de toutes les listes en compétition, accorderont désormais plus de place à ce dossier dans leurs meetings. »

5. Mention des déficiences de l’équipe municipale actuelle
« L’équipe sortante de Bilal Hamad n’a toujours pas réussi à offrir à ses administrés un malheureux site internet... La municipalité de Beyrouth, comme les autres municipalités du Mont-Liban, avaient la possibilité et surtout les moyens, de diminuer considérablement les méfaits de la fermeture de la décharge de Naamé sur la vie des citoyens... Elles ont été déficientes sur toute la ligne. Hélas pour elles, l'heure des comptes a sonné. »

6. Focus sur le budget de la municipalité de Beyrouth et la transparence financière
« Les (é)lecteurs et (é)lectrices de Beyrouth (...) doivent savoir que le budget de la municipalité de leur ville est un secret bien gardé... La municipalité de Beyrouth fonctionnerait actuellement avec un budget annuel voté compris entre 400 000 000 (2016) et 560 000 000 $ (2015)... Vous comprenez mieux maintenant cette soudaine dévotion pour ces municipalités... Avec ce pactole, les municipalités libanaises, notamment celle de Beyrouth, font tout et n’importe quoi... Les Beyrouthins se foutent et se contrefoutent de savoir (...) qui la remplacera (équipe sortante), Beirut Madinati ou des candidats issus des principales forces politiques, mais ils exigent de leurs élus une transparence absolue et un contrôle des comptes publics rigoureux. »

7. Focus sur la nécessité d’informer les Beyrouthins sur la diminution du volume des déchets
« La meilleure façon de ne pas polluer l’environnement, ce n’est pas de recycler les ordures, mais de réduire le volume des déchets. Ce point doit hanter le futur Conseil municipal pendant les six prochaines années. A défaut, les Beyrouthins risquent de revivre rapidement un remake de la crise des ordures de juillet 2015. »

8. Focus sur le martyre des arbres des trottoirs de Beyrouth
« La municipalité de Beyrouth continue de mutiler les arbres des trottoirs en les taillant pour en faire des boules et des cubes d’ornement, dans une ville où il fait plus de 25°C six mois l’année, avec une moyenne d’ensoleillement de plus de 10h/j... Le grand ficus de Saïfi supplie tous les candidats aux élections municipales, au nom de tous ses congénères martyrisés dans cette ville, de laisser les arbres de Beyrouth s’épanouir et de cesser de les considérer comme des ennemis publics... J’espère que les candidats de Beirut madinati tiendront compte de cette réflexion et ne continueront pas dans cette pratique absurde s'ils sont élus. »

9. Focus sur la nécessité de donner la priorité au boisement des rues de Beyrouth
« Ouvrir de nouveaux jardins publics comme le propose Beirut Madinati ? Excellente idée, mais... je préfère aller vers une autre stratégie... J’en ai parlé dans un article il y a trois ans et demi... Jouons gros jeu sur ce point, avec une mise ambitieuse dès le départ : toutes les rues et de grands arbres s’il vous plait... On ne pourra pas faire des jardins publics dans tous les quartiers de la capitale libanaise... Par contre, on peut planter trois arbres au pied de chaque immeuble... Pour augmenter significativement et aisément la surface des espaces verts à Beyrouth... »

10. Focus sur la nécessité de mobiliser les abstentionnistes
« Beyrouth manque cruellement de calme et de verdure. Elle est de plus en plus chère, bétonnée, étouffante, polluée... enlaidie par les tours qui poussent comme des champignons... Nous sommes condamnés (...) à œuvrer tous ensemble pour inverser la tendance... Il faut dire qu’ils (Beirut Madinati) ont du pain sur la planche. A commencer par la mobilisation des abstentionnistes (...) 82% des gens... Pour les faire changer d’avis il va falloir s’intéresser à leurs préoccupations (...) les convaincre de l’utilité de leur vote. Cela passe par l'engagement à tenir les promesses et l'intégration des suggestions citoyennes, comme celles exprimées dans cet article, dans le programme électoral. »

*

Parlons peu, parlons bien. Passons d’abord, sur le gavage des électeurs ces derniers jours avec cette notion pompeuse sur les « experts » de la liste. Bon, ça fait partie de la com’ électorale de Beirut Madinati et de la complaisance des médias. Si ce mouvement a décidé de ne pas réagir à mon intervention dans cette campagne, alors qu’il ne cesse d’appeler les Beyrouthins à le rejoindre, c’est pour des raisons en rapport avec un, plusieurs ou la totalité des thèmes que j’ai abordés dans mon dernier article.

Certes, mon rappel que « beirut madinati » est un slogan existant, a dû fortement déplaire (thème 2). Mais, comme mon soutien à cette liste était franc et sincère (thème 1), ça aurait dû compenser. En plus, ceux qui connaissent mon style ont bien compris que j’ai pris beaucoup de précautions pour ne pas tirer à boulets rouges sur le mouvement en l’accusant de plagiat, uniquement dans l’intérêt de Beyrouth et des Beyrouthins. 

L'autre point qui a dû froisser les heureux candidats, c’est mon exposé sur la libéralisation des loyers anciens (thème 3), surtout, que j’ai souligné le fait que le programme de Beirut Madinati ne fait qu’une vague allusion à un problème socio-économique qui aura des conséquences graves à court et à long termes, sur Beyrouth et les Beyrouthins, et j’ai souhaité que ce thème soit abordé dans les meetings à l’avenir (thème 4).

Mettre en lumière les déficiences de l’équipe municipale sortante n’a pas dû arranger les choses (thème 5). A ce propos, ce qui frappe dans le programme des outsiders, c’est l’absence totale de toute évaluation concrète et chiffrée du bilan désastreux de l’actuel président de la municipalité de Beyrouth, Bilal Hamad, ne serait-ce que sur le plan financier (thème 6). Rien, tabula rasa. C’est curieux quand même ! On est en droit de se demander pourquoi : est-ce une stratégie délibérée ou une négligence par indulgence ? Ce qui n’a pas dû plaire aussi, c’est d’avoir souligné le fait que la municipalité de Beyrouth, actuel ou celle qui viendra, a largement les moyens de faire face à toutes les urgences, comme celles de la crise des déchets (thème 5) et des locations anciennes aussi, au lieu de faire tout et n’importe quoi (thème 6). J’ai peut-être eu le malheur également d’insister sur l’obligation des futurs conseillers d’avoir une transparence financière absolue et un contrôle des comptes rigoureux (thème 6), et d’être hantés par la réduction des déchets produits par les Beyrouthins, et non seulement par le recyclage, pour éviter de revivre le cauchemar d’une crise qui n’en finit pas d'incommoder les résidents de la capitale (thème 7).

Le comble c’est que Beirut Madinati n’a pas jugé utile non plus, de relever deux points fondamentaux de l'article qui ont rencontré beaucoup de succès auprès des lectrices et des lecteurs portant sur la nécessité absolue de cesser de tailler sévèrement les arbres des trottoirs (thème 8) et de boiser toutes les rues de Beyrouth avec de grands arbres svp (thème 9). Pourquoi ? Ont-ils été contrariés par cette stratégie simple et économique, pour augmenter significativement et aisément la surface des espaces verts à Beyrouth, au lieu de proposer d’acquérir des terrains pour créer des nouveaux espaces verts, projet beaucoup plus couteux pour les finances publiques ? On ne l’a pas su.

Sama Beirut (Beyrouth)
Et enfin, j’ai dû déplaire en rappelant que la majorité des Beyrouthins s’abstiennent de voter et que pour les faire changer d’avis il va falloir s’intéresser à leurs préoccupations et les convaincre de l’utilité de leur vote, en intégrant leurs suggestions, comme celles exprimées dans cet article, dans le programme électoral (thème 10).

Toujours est-il que les Libanais, les Beyrouthins en tête, espèrent depuis des mois, qu'un vent démocratique dynamisant soufflera sur la campagne électorale morose de ces élections municipales. Ils ont cru que ce vent s’était levé.
Eh bien, pas tout à fait. Apparemment, on peut avoir « la conviction définitive de l’échec des leaders politiques traditionnels » et aller comme si de rien n’était à onze jours des élections, à la rencontre de W. Beik, Walid Joumblatt, la personnification même du leader politique traditionnel et de l'affairisme, since 1977. Le régent de Moukhtara a même le culot de gazouiller dans l’après-midi hier pour faire savoir : « #Beirut_Madinati le grand défi est que le citoyen beyrouthin brise la barrière des partis au profit de la ville de Beyrouth ». C'est c'là oui, cause toujours, tu m'intéresses. Et tout cela parce que ces partis politiques n’ont pas répondu favorablement à son caprice de reporter les élections municipales. Et voilà comment Beirut Madinati n'a trouvé ni le temps ni l'utilité de répondre à un écrivain engagé comme Bakhos Baalbaki, qui a soulevé certaines préoccupations des Beyrouthins, mais temps et utilité de rencontrer le leader politique traditionnel, Walid Joumblatt, qui ne voulait pas de ce suffrage démocratique. Toutes mes félicitations, c'est du propre ! Wlé ma3'2oul, sachant en plus, que W. Beik est le premier responsable du déclenchement, du développement et de l'enlisement de la crise des déchets qui a fait crouler Beyrouth sous des centains de milliers de tonnes d'ordures ! Enfin, assez de gaspillage énergétique, tout cela prouve finalement l'inconsistance du phénomène Beirut Madinati.

Les électeurs de Beyrouth attendent de tous les candidats à ce mandat, de « Beirut Madinati » (indépendants) et « La2i7at el-Biyérté » (forces politiques), qui seront amenés à brasser 200, 400 ou 560 millions de dollars d’argent public par an,
Quais de Seine (Paris)
qu'ils se présentent devant eux, avec une grande maturité politique et beaucoup de bon sens, un engagement concret et une importante réceptivité, loin des klaxons et des haut-parleurs, des slogans creux et des promesses vaseuses, et guéris de toute susceptibilité à la critique
. Apparemment, c'est trop
 demander aux valeureux candidats de Beirut Madinati. Et pourtant, il y allait de leur succès électoral, et surtout, de l’intérêt de Beyrouth et des Beyrouthins qu'ils prétendent défendre. A bon entendeur, salut !

dimanche 24 avril 2016

« Beirut madinati - بيروت مدينتي » : de la défense des locataires anciens de Beyrouth à l’initiative citoyenne en faveur des Beyrouthins (Art.354)


Coïncidence, même inspiration ou signe du destin ? Qu’importe. Le problème n’est pas là. Mais, ce n’est pas une raison pour ne pas vous en faire part. Tout le monde parle aujourd’hui du mouvement « Beirut Madinati », qui apporte un véritable espoir électoral de changement et une bouffée d’oxygène aux résidents d’une ville asphyxiée au sens propre comme au sens figuré. Mais tout le monde ne sait pas que « beirut madinati » est aussi un slogan qui a été utilisé par un groupe d’activistes, dont je fais partie, dans le cadre de deux campagnes de défense des locataires anciens de Beyrouth, en février et en juillet 2015, les laissés-pour-compte des politiques et des médias libanais.

Pour ceux qui ont raté ce chapitre, petit résumé avant de passer à la suite et vous expliquer où je veux en venir. Le 1er avril 2014, les députés libanais ont voté à la hâte, à la dérobée et pratiquement à l’unanimité, kelloun ye3né kelloun, la libéralisation des loyers anciens à Beyrouth, dressant locataires et propriétaires les uns contre les autres, abandonnant la ville et ses habitants à la spéculation immobilière et aux promoteurs sans scrupule. Par la suite, trois articles de la loi ont été invalidés par le Conseil constitutionnel. Malgré son entrée en vigueur le 28 décembre 2014, la nouvelle loi ne peut toujours pas être appliquée, au grand dam des propriétaires, car les articles invalidés n’ont pas été remplacés, notamment celui portant sur la création d’une Caisse pour venir en aide aux Beyrouthins qui ne pourront pas supporter des augmentations progressives et délirantes de loyers allant jusqu’à 1 000 $/mois à terme pour un 100 m², alors que le salaire minimum au Liban est de 450 $/mois et qu’on se trouve au royaume du tout privé et des doubles factures, dans un pays où l’Etat est démissionnaire et les citoyens sont accablés par la cherté de la vie, des frais éducatifs et un coût des soins exorbitants. Si elle est appliquée, cette loi conduira à l’expulsion progressive des natifs de Beyrouth et de la classe moyenne de la ville, ainsi qu’à la destruction d'une grande partie du patrimoine architectural de la capitale. C’est donc dans ce contexte précis, que nous autres, avons créé le slogan « beirut madinati », Beyrouth est ma ville, « men 7a2é el baqa2 fiya », j’ai le droit d’y rester.

Aujourd’hui, « Beirut Madinati » est le nom d’une liste de 24 citoyens qui ont décidé de se présenter aux élections municipales le 8 mai à Beyrouth, partant d’un constat qu'une écrasante majorité de Libanais partage : « la conviction définitive de l’échec des leaders politiques traditionnels ». Et comment ! Le pourrissement politique général (sans élection présidentielle depuis 2 ans et pas d'élections législatives en 4 ans), les cafouillages aussi bien dans la crise des déchets que dans la libéralisation des locations anciennes en sont les meilleures preuves. L’objectif de cette initiative citoyenne est de « faire parvenir au conseil municipal de Beyrouth, des personnes compétentes et indépendantes ». On ne peut que s’en féliciter. Les valeurs du mouvement se concentrent sur « l'intérêt public, la justice sociale, la transparence et les générations futures ». On ne peut que s’en réjouir, d’autant plus, que nous ne sommes pas habitués dans la vie politique libanaise à autant de consistance. La situation est inédite pour être relevée, « Beirut Madinati » propose aux électeurs, un programme sérieux et cohérent de 32 pages, qu’il est difficile de résumer en quelques lignes. Le mouvement y aborde les grandes lignes de la politique qu’il appliquera dans les domaines des transports, de l’aménagement des espaces publics et des espaces verts, des infrastructures, des déchets, du logement, du travail, du développement, de la vie culturelle, de la sécurité et de la santé publique.  

Rien de transcendant en théorie, mais il faut dire que sur le terrain, les Libanais espèrent depuis des mois, qu'un vent démocratique dynamisant soufflera sur la campagne électorale morose de ces élections municipales incertaines. Ils attendent également de tous les candidats à un mandat public qu'ils se présentent devant les électeurs avec un engagement détaillé et concret, loin des klaxons et des hauts-parleurs ambulants, mais aussi des slogans creux et vaseux. Quoi qu'il en soit, j’invite vivement les (é)lecteurs et (é)lectrices à plonger dans les programmes de toutes les listes en compétition, pourvu qu'ils existent, et à faire des comparaisons entre les diverses propositions qu'on y trouve ou qu'on n'y trouve pas. A l'heure actuelle, les candidats en lice à Beyrouth sont les suivants :  
- ceux de Beirut Madinati, les outsiders : liste complète déjà constituée, qui respecte la parité homme-femme et qui refuse toute alliance avec les partis politiques traditionnels (ce qui n'est pas forcément une bonne idée au Liban, soit dit au passage!) ;  
- ceux des principales forces politiques beyrouthines "Courant du Futur-Forces libanaises-Courant Patriotique Libre-Kataeb-Arméniens-Etc.", les favoris : liste complète aussi, en cours de constitution, qui respectera la parité islamo-chrétienne instaurée par l'ancien Premier ministre, Rafic Hariri (ce qui n'est pas forcément une mauvaise chose par les temps qui courent, au Liban et au Moyen-Orient!)  
- ceux de « Mouwatinoun wa mouwatinat fi dawlat » (Citoyens et citoyennes dans un Etat) : liste incomplète cée par l'ancien ministre du CPL, Charbel Nahas
- ceux d'Imad Wazzan : une liste complète à majorité sunnite (15 des 24 sièges svp, au lieu de 8, et les 9 sièges restant à partager entre les 16 autres communautés; au pays de la cohabitation, ça fait tache!) ;  
- ceux de Najah Wakim et consorts : une liste en gestation depuis 2010 et qui sera prête pour les élections municipales de 2022 ;  
- l'avocat Adib Zakhour, candidat libre : un fervent défenseur des locataires anciens de Beyrouth ; 
- et j'en passe et des meilleurs.

Par comparaison justement et aux dernières nouvelles, l’équipe sortante de Bilal Hamad n’a toujours pas réussi à offrir à ses administrés un malheureux site internet. Je ne veux surtout pas laisser entendre que celle-ci est incompétente, mais enfin, est-ce imaginable en 2016 pour une ville qui compte 454 000 électeurs (2010) et pour une municipalité qui a reçu de l'Etat 142 millions de dollars (2002-2007) et dont le budget annuel actuel serait compris entre 400 et 560 millions de dollars ? Quand on se rend à l’adresse de la municipalité de Beyrouth, « www.beirut.gov.lb », on tombe sur une page blanche, avec le logo de cette dernière, image de très mauvaise qualité, où l’on est informé que « le site est en construction », en arabe et en anglais. On ne s’est même pas donné la peine de traduire ces quelques mots en français dans ce pays francophone. Il faut dire que la mésaventure numérique de l’équipe d’avant, celle d’Abdel-Monhem Ariss, avait tourné court et est restée dans toutes les mémoires. Mis en ligne à quelques mois des élections municipales de 2010 afin de communiquer avec les citoyens de la ville, le contenu du site était si consternant qu’il a fallu revenir au bon vieux téléphone arabe. Voici par exemple ce qui était écrit dans la langue de Molière sur la page d’accueil, d'après L'Orient-Le Jour de l'époque: « Beyrouth, comme Phoenix se levant des cendres, a reemerged de son passé turbulent, en tant que cosmopolite et la métropole vibrant, préparent pour relever les défis du troisième millénium (...) La ville a tous les ingrédients pendant un futur actuel et bien plus réussi prospère... un endroit d’étourdissement s’est nichée entre le méditerranéen et la neige a couvert des montagnes, un excellent cuisine local et ne pas oublier notre nightlife fabuleux ». Hélas, ce n'est pas un gag, c’est véridique. Il ne s’est pas trouvé une seule personne dans la municipalité de Beyrouth au moment du lancement, pour remarquer que la traduction automatique laissait beaucoup à désirer.

Qui va à la rencontre de la population libanaise se rend compte qu’une majorité silencieuse de Libanais se foutent royalement de savoir quand le Hezbollah sera désarmé, si l’union d’un hakim et d’un général accouchera d’une souris ou d’un mammouth, si le caméléon de Moukhtara aura encore la capacité de tromper son environnement, si le sayyed a un déficit grave en vitamine D, si le cheikh peut encore skier, si el-estez est entré dans le Guinness ou si les fantômes du Parlement, les Okab Sakr et les Nayla Tuéni, rendront leurs sièges indus à leurs électeurs. La préoccupation des Beyrouthins est ailleurs. Elle est multiple. Inutile de nous disperser, je vais me concentrer sur deux points que je juge fondamentaux concernant la faune et la flore, enfin, nous autres humains et notre environnement.

Les Beyrouthins, locataires ou propriétaires, anciens ou nouveaux, habitants ou visiteurs, sont avant tout préoccupés par savoir s’ils peuvent supporter toujours, et pendant combien de temps encore, la cherté de leur ville et demeurer sur leur lieu de naissance, là où ils ont grandi, vivent et travaillent. Et puisque nous y sommes, je voudrais profiter de cette occasion pour attirer l’attention des électeurs beyrouthins en général et des candidats municipaux de « Beirut Madinati » et des autres candidats en lice en particulier, sur la nature de l’enjeu de la libéralisation des locations anciennes que j'ai évoquée dans mon introduction. La loi qui est censée mettre fin à cette situation inflammatoire entre les locataires et les propriétaires datant de la fin de la guerre, pose en réalité divers problèmes, pour la ville de Beyrouth et pour l’ensemble de ses habitants, sans exception.

Primo, il y va de l’avenir de dizaines de milliers de gens, natifs de la ville et issus de la classe moyenne, menacés d’expulsion de leurs foyers par la nouvelle loi, alors que l’Etat libanais n’a aucune véritable politique du logement. Et il n’est pas prêt d’en avoir ! La situation est aggravée par le fait qu’il y a actuellement près de deux millions de ressortissants syriens sur le territoire libanais, avec trois conséquences pour tous les résidents au Liban : une détérioration générale de l’emploi, une difficulté pour se loger convenablement et de la spéculation immobilière. Le premier problème est donc purement humain.

Secundo, ces Beyrouthins d’origine ou d’adoption, issus de la classe moyenne, qui ne pourront pas supporter des augmentations exorbitantes de loyers (allant jusqu’à 1 000 $/mois à terme, càd dans 5 ans) et qui seront forcés de quitter certains quartiers de leur ville, seront remplacés par une classe aisée, libanaise et arabe, du Liban et de l’étranger (expatriés), au pouvoir d’achat plus confortable. Nous aurons deux conséquences majeures, la gentrification urbaine progressive et une spéculation immobilière certaine, qui rendront une partie de la ville de Beyrouth inaccessible à la majorité des Libanais, même aux couples qui travaillent, même aux gens qui gagnent bien leur vie, même à ceux qui ne sont pas concernés par les locations anciennes. Le deuxième problème concernera donc la modification du tissu urbain, la mixité sociale dans la capitale libanaise, et la ségrégation sociale et spatiale qui en découlera.

Tertio, au prix du mètre carré du neuf, et à cause de la gentrification urbaine (le remplacement de la classe moyenne par une classe sociale aisée) et de la spéculation immobilière (concernant les locations, mais aussi, les ventes, dans le neuf et l'ancien), une fois que les petits immeubles anciens (mais tout à fait restaurables !) sont débarrassés de la classe moyenne, ils seront détruits pour laisser la place à de grandes tours soi-disant luxueuses. C’est déjà le cas, comme on peut tous le constater un peu partout à Beyrouth, surtout dans les beaux quartiers d’Achrafieh et de Hamra. Ça sera la folie quand la loi de libéralisation des loyers anciens sera pleinement appliquée. Le marché de l'immobilier de Beyrouth n'est pas un marché normal, il est gravement perturbé par la
fiscalité avantageuse pour les personnes fortunées, la clientèle libanaise expatriée et arabe (au pouvoir d'achat élevé par rapport à la population libanaise), le blanchiment d'argent, etc. Avec la nouvelle loi, nous pouvons dire adieu aux bâtiments à taille humaine à Beyrouth (2 à 6 étages), à l’architecture typique de la ville (immeubles aux trois arcs, immeubles des années 50-60, aux persiennes, etc.) et à tout ce qui fait le charme de la capitale libanaise. Nous serons donc face à un grave problème qui touchera l’urbanisme de la ville et notre héritage.

Par conséquent, je regrette que « Beirut Madinati », qui a le mérite d'en parler par rapport à d'autres candidats et qui développe dans son programme sa vision générale en matière de logement, n’ait consacré que deux phrases à la libéralisation des locations anciennes, se contentant d’affirmer la nécessité de « traiter » le problème. Etant donné les enjeux, j’espère que les candidats de toutes les listes en compétition, accorderont désormais plus de place à ce dossier dans leurs meetings. Il faut militer pour l’abolition de la loi du 1er avril 2014, partant d'un principe simple, nul ne devrait être expulsé d’un appartement qu’il loue depuis des décennies, de la rue où il vit depuis qu’il est né et de la ville où il travaille aujourd’hui. La solution peut être inspirée de la législation française en la matière, dite loi de 1948, dans l’intérêt de tous, locataires et propriétaires anciens, mais aussi futurs locataires et propriétaires de Beyrouth. Quand une municipalité trouve en moins de deux ans seulement, 363 000 000 $ pour acquérir des biens immobiliers et fonciers, il est honteux qu'elle ne trouve rien pour s'engager concrètement en faveur des Beyrouthins, notamment ceux qui sont menacés d'expulsion à cause de la loi de libéralisation des loyers anciens: aides au logement locatif, prêts à taux zéro pour les acquisitions de biens dans l'ancien, aides pour la restauration des appartements anciens, aides pour la restauration des immeubles anciens, aides pour la préservation du patrimoine architectural de la ville (immeubles aux trois arcs, persiennes...), etc. Espérons donc, que Beirut Madinati et les forces politiques traditionnelles en lice, oseront se prononcer clairement et concrètement sur ce dossier épineux avant le vote des citoyens le 8 mai prochain.

Cela étant, les Beyrouthins sont également préoccupés par l’état général déplorable de leur ville dans tous les domaines. La capitale libanaise se trouve actuellement dans la pire catégorie qui soit : celle où le coût de la vie est élevé et la qualité de la vie est faible. Si les grands projets font rêver, ils sont parfois irréalistes. Comme beaucoup de Libanais, je suis partisan d’idées simples et réalisables, peu couteuses pour les finances publiques et qui bouleversent la vie des gens. Le chantier à Beyrouth est énorme, il risque d’épuiser rapidement même les conseillers municipaux les plus déterminés. En même temps, il ne faudra pas beaucoup pour satisfaire une majorité de Beyrouthins. S’il y a un domaine qui affecte nos vies à tous, dans un sens ou dans un autre, c’est bien celui de l’environnement. A ce propos, trois réflexions.

1. La crise des déchets au Liban a été un traumatisme pour tous les Libanais, les Beyrouthins en particulier. Ce n’est pas la peine de s’éterniser sur l’incompétence du gouvernement de Tammam Salam sur ce dossier et l’affairisme de certains politiciens durant les neuf derniers mois. Hélas, ce n’est pas tout. Comme je l’ai expliqué dans ma triade d’articles consacrés à ce sujet, les municipalités libanaises disposent de nos jours de budgets importants. Celles-ci ont reçu, rien que de l'Etat, plus de 919 millions de dollars entre 2002 et 2007, en dehors de leurs recettes propres svp.

Dans ce sillage, les (é)lecteurs et (é)lectrices de Beyrouth, les gentils contribuables, doivent savoir que le budget de la municipalité de leur ville est un secret bien gardé. J’ai eu un mal de chien pour trouver des chiffres officiels ou sérieux facilement accessible à tout un chacun. Par comparaison, tout parisien peut avoir en un clic, un rapport complet de 80 pages sur le budget de la ville de Paris. Eh oui, la transparence, ce n’est pas seulement un mot glissé dans un discours électoral populiste ou un programme électoral, une fois tous les six ans. Quand la chaine de télévision al-Jadeed a demandé il y a quelques jours à Bilal Hamad, l’actuel président de la municipalité de Beyrouth, de communiquer les chiffres, non seulement il ne l’a pas fait, mais il a renvoyé la journaliste au gouverneur de Beyrouth (el-mouhafez), Ziad Chbib. En tout cas, il semble que le budget de la municipalité de Beyrouth tel qu’il est fixé par le service financier de la municipalité et le gouverneur, tourne autour de 180 millions de dollars, alors qu’en réalité, la municipalité de Beyrouth fonctionne actuellement avec un budget annuel voté compris entre 400 000 000 (2016) et 560 000 000 $ (2015), la différence étant prise sur les excédents budgétaires, le trésor municipal. Eh bien voilà, vous comprenez mieux maintenant cette soudaine dévotion pour ces municipalités et pourquoi tant de monde se bousculent pour ces élections ?

Avec ce pactole, les municipalités libanaises, notamment celle de Beyrouth, font tout et n’importe quoi, des réalisations utiles, mais aussi des projets inutiles et parfois délirants, avec une opacité louche (comme on l'a vu précédemment)
,
comme celui de faire passer une autoroute à Achrafieh et d’installer un parking dans le jardin de Geitawi. Tenez, un exemple parmi tant d'autres, la municipalité de Beyrouth a dépensé 363 millions de dollars entre 2015 et 2016, pour des acquisitions immobilières et foncières. Pourquoi faire ? Nul ne le sait vraiment. En tout cas, pas les contribuables libanais. Nos chers élus prévoient 667 000 $ d'insecticides, 867 000 $ de loyers et tenez-vous bien, 1 300 000 $ de vêtements. Jesmoun labbiss al chabibé ! Les Beyrouthins se foutent et se contrefoutent de savoir que fera l'équipe sortante quand elle sera mise au chômage le 8 mai prochaine et qui la remplacera, Beirut Madinati ou des candidats issus des principales forces politiques, mais ils exigent de leurs élus une transparence absolue et un contrôle des comptes publics rigoureux, point barre.

Ainsi, la municipalité de Beyrouth, comme les autres municipalités du Mont-Liban, avaient la possibilité et surtout les moyens, de diminuer considérablement les méfaits de la fermeture de la décharge de Naamé sur la vie des citoyens, en mettant en place un système D efficace, de tri et de recyclage, à petits frais, comme cela se fait habituellement en Suisse, et en donnant des conseils utiles à leurs administrés lors de cette longue crise. Elles ont été déficientes sur toute la ligne. Hélas pour elles, l'heure des comptes a sonné

Aujourd'hui, le futur conseil municipal avec « Beirut madinati » se propose d’informer, comme je l’ai fait à plusieurs reprises au cours des derniers mois, notamment dans l’article « Mode d’emploi pour (re)passer du pays où s’entassent les déchets, au pays où coulent le lait et le miel », sur le tri, le recyclage et surtout, sur mon cheval de bataille depuis le début de la crise, l’incontournable nécessité de diminuer le volume des déchets produits par les Beyrouthins. A l’époque où des villes comme San Francisco et Montréal interdisent les bouteilles d’eau en plastique, il est grand temps de sensibiliser les Beyrouthins à entamer une révolution dans leurs modes de vie et de consommation. Comme je l’ai expliqué dans l’article « Objectif : zéro poubelle ! Pour sortir de la crise des déchets, au Liban et dans le monde, sans passer par les tocards de politiciens », la meilleure façon de ne pas polluer l’environnement, ce n’est pas de recycler les ordures, mais de réduire le volume des déchets. Ce point doit hanter le futur Conseil municipal pendant les six prochaines années. A défaut, les Beyrouthins risquent de revivre rapidement un remake de la crise des ordures de juillet 2015, qui n'est toujours pas terminée d'ailleurs.

2. J’ai beau en parler depuis des années, rien à faire. Allez comprendre ! Comment se fait-il que la municipalité de Beyrouth continue de mutiler et de décapiter les arbres des trottoirs qui n’ont rien demandé à personne, en les taillant pour en faire des boules et des cubes d’ornement, voire des bûches, dans une ville où il fait plus de 25°C six mois l’année (mai-octobre), avec une moyenne d’ensoleillement de plus de 10h/j sur cette période, et une pluviométrie nulle sur quatre mois (juin-août) ? Mystère et boule de gomme. Le grand ficus de Saïfi, qui se trouve à deux pas de la place des Martyrs, supplie tous les candidats aux élections municipales, au nom de tous ses congénères martyrisés dans cette ville, de laisser les arbres de Beyrouth s’épanouir et de cesser de les considérer comme des ennemis publics. Bien au contraire, ce sont des amis qui nous veulent du bien. J’espère que les candidats de « Beirut madinati » tiendront compte de cette réflexion et ne continueront pas dans cette pratique absurde s'ils sont élus.

3. Des journées sans voitures, c’est bien. L’ouverture du Bois des Pins tous les jours de la semaine ou la rénovation des rares jardins publics de la capitale libanaise, c’est superbe, bien que ça ne soit pas vraiment urgent dans ce dernier cas. De quoi a-t-il besoin le jardin de Sioufi ? Désolé, mais de pas grand-chose ! Mais, on peut faire mieux, surtout que la situation de Beyrouth en matière de verdure est pitoyable. Les Beyrouthins ne disposent que de 0,4 million m² d’espaces verts, quand les Parisiens ont 24 millions (60 fois plus) et les Berlinois 64 millions (160 fois plus). Alors que faire ? Ouvrir de nouveaux jardins publics et espaces verts, comme le propose « Beirut Madinati » ? Excellente idée, mais je ne suis pas de cet avis. La priorité budgétaire doit être pour les aides au logement et à la restauration des immeubles anciens, ainsi qu'aux transports. En matière d'espaces verts, je préfère aller vers une autre stratégie car non seulement il n’y pas beaucoup de terrains disponibles à Beyrouth, mais c’est aussi trop couteux à mettre en œuvre. Des arbres sur les toits comme certains l'ont proposé dans le passé ? Ah non, pas ce délire svp ! 

J’ai un rêve, j’en ai parlé dans un article il y a trois ans et demi et à plusieurs reprises depuis. C'est l'occasion ou jamais de le remettre sur la table. « De grands arbres dans toutes les rues de Beyrouth... Yes we can ! ». Je suis ravi de découvrir que « Beirut Madinati » propose aujourd’hui dans son programme de s’occuper des rues. Mais de grâce, soyons précis et jouons gros jeu sur ce point, avec une mise ambitieuse dès le départ : toutes les rues et de grands arbres s’il vous plait ! Les Beyrouthins étouffent dans leur ville et n'ont pas envie de quelques bonzaïs qui se battent en duel sur les grands axes et des parterres fleuris de géraniums et de pensées. Et il ne faut pas rêver, personne ne se tapera 2h d'embouteillages pour se rendre dans un parc, le Bois des Pins par exemple, où il aura beaucoup de mal d'ailleurs pour garer sa voiture. La logique voudrait qu'on s'y rende à pied dans les espaces verts. On ne pourra pas faire des jardins publics dans tous les quartiers de la capitale libanaise car on n'a pas les moyens d'installer des squares à un quart d'heure de chaque appartement. Par contre, on peut planter trois arbres au pied de chaque immeuble ! Yes we can. Comme je l’ai suggéré en septembre 2012, en mon nom et aux noms de beaucoup de Libanais, nous rêvons de rues et de routes plantées « de ficus de Beyrouth, de platanes d’Orient et de Provence, de peupliers d’Italie, de tilleuls d’Ile-de-France, de cèdres du Liban, de séquoias de Californie, d’eucalyptus d’Australie, de chênes du Mont-Liban et de noyers d’antan ». Eh oui, nous rêvons « de grands arbres sur toutes les routes du Liban et dans toutes les rues de Beyrouth en particulier, à l'allure majestueuse et à l'ombrage généreux ». Pour augmenter significativement et aisément la surface des espaces verts à Beyrouth, il existe deux moyens simples et peu couteux pour le budget municipal, donc pour les contribuables beyrouthins : arrêter de tailler sévèrement les arbres des trottoirs existants (l'aberration détaillée au point 2) et boiser toutes les rues de la capitale (l'ambition exposée au point 3). Cela permettra entre autres, d’embellir notre ville, d’assainir l’air que nous respirons, d’apaiser les esprits des résidents, d’éviter qu’immeubles et chaussées ne se transforment en radiateurs à accumulation durant la longue saison chaude et d'offrir aux habitants un environnement dépaysant et un espace propice à la flânerie.

Toujours est-il que l'état général de Beyrouth est déplorable aujourd'hui. La ville manque cruellement de calme et de verdure. Elle est de plus en plus chère, bétonnée, étouffante, bruyante, poussiéreuse, nauséabonde, polluée, factice, snob, éternellement en chantier, constamment embouteillée et enlaidie par les tours qui poussent comme des champignons. Si rien n’est fait aujourd’hui pour changer le destin de Beyrouth, c’est la ville que nous aurons demain, qu’on le veuille ou pas. Elle sera invivable pour nous tous. Ainsi, nous sommes condamnés à retrousser nos manches et à mettre la main à la pâte et à œuvrer tous ensemble pour inverser la tendance. Pour une fois que nous avons des citoyens compétents et inventifs, sincères et dynamiques, frais et motivés, ouverts aux débats, et qu’on a une bonne occasion de congédier une équipe municipale qui n’a pas été à la hauteur, nous ne pouvons que soutenir une liste outsider comme celle de « Beirut Madinati » et souhaiter à ses candidats bonne chance et beaucoup de courage dans leur campagne électorale. Il faut dire qu’ils ont du pain sur la planche. A commencer par la mobilisation des abstentionnistes. Les municipales de la capitale n’intéressent que 18 % des électeurs (taux de participation des élections de 2010), l’écrasante majorité des Beyrouthins, 82% des gens, 4 électeurs sur 5, s’en foutent comme de l’an quarante. Pour les faire changer d’avis il va falloir s’intéresser à leurs préoccupations, établir la confiance avec eux et les convaincre de l’utilité de leur vote. Cela passe par l'engagement à tenir les promesses et l'intégration des suggestions citoyennes dans le programme électoral, comme celles exprimées dans cet article.

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