Coïncidence, même inspiration ou signe du
destin ? Qu’importe. Le problème n’est pas là. Mais, ce n’est pas une
raison pour ne pas vous en faire part. Tout le monde parle aujourd’hui du
mouvement « Beirut Madinati »,
qui apporte un véritable espoir électoral
de changement et une bouffée d’oxygène aux résidents d’une ville asphyxiée au
sens propre comme au sens figuré. Mais tout le monde ne sait pas que « beirut madinati » est aussi
un slogan qui a été utilisé par un groupe d’activistes, dont je fais partie, dans
le cadre de deux campagnes de défense des
locataires anciens de Beyrouth, en février et en juillet 2015, les
laissés-pour-compte des politiques et des médias libanais.
Pour ceux qui ont raté ce chapitre, petit
résumé avant de passer à la suite et vous expliquer où je veux en venir. Le 1er avril 2014, les députés
libanais ont voté à la hâte, à la dérobée et pratiquement à l’unanimité, kelloun ye3né kelloun, la libéralisation des loyers anciens à Beyrouth, dressant locataires et propriétaires les uns contre les autres, abandonnant la ville et ses habitants à la spéculation
immobilière et aux promoteurs sans scrupule. Par la suite, trois articles de la
loi ont été invalidés par le Conseil constitutionnel. Malgré son entrée en
vigueur le 28 décembre 2014, la nouvelle loi ne peut toujours pas être
appliquée, au grand dam des propriétaires, car les articles invalidés n’ont pas été remplacés, notamment celui
portant sur la création d’une Caisse pour venir en aide aux Beyrouthins qui ne
pourront pas supporter des augmentations
progressives et délirantes de loyers allant jusqu’à 1 000 $/mois à terme pour un 100 m²,
alors que le salaire minimum au Liban est de 450 $/mois et qu’on se trouve au
royaume du tout privé et des doubles factures, dans un pays où l’Etat est
démissionnaire et les citoyens sont accablés par la cherté de la vie, des frais
éducatifs et un coût des soins exorbitants. Si elle est appliquée, cette loi conduira à l’expulsion progressive des natifs
de Beyrouth et de la classe moyenne de la ville, ainsi qu’à la destruction
d'une grande partie du patrimoine architectural de la capitale. C’est donc dans ce contexte précis,
que nous autres, avons créé le slogan « beirut
madinati », Beyrouth est ma ville, « men
7a2é el baqa2 fiya », j’ai le droit d’y rester.
Aujourd’hui,
« Beirut Madinati » est le nom d’une liste de 24 citoyens qui ont décidé
de se présenter aux élections municipales le 8 mai à Beyrouth, partant d’un
constat qu'une écrasante majorité de Libanais partage : « la conviction définitive de l’échec des leaders politiques
traditionnels ». Et comment ! Le pourrissement politique général (sans élection présidentielle depuis 2 ans et pas d'élections législatives en 4 ans), les
cafouillages aussi bien dans la crise des déchets que dans la libéralisation
des locations anciennes en sont les meilleures preuves. L’objectif de cette
initiative citoyenne est de « faire parvenir au conseil municipal
de Beyrouth, des personnes compétentes et indépendantes ». On ne peut que s’en féliciter. Les
valeurs du mouvement se concentrent sur « l'intérêt
public, la justice sociale, la transparence et les générations futures ».
On ne peut que s’en réjouir, d’autant
plus, que nous ne sommes pas habitués dans la vie politique libanaise à autant
de consistance. La situation est inédite pour être relevée,
« Beirut Madinati » propose aux électeurs, un programme sérieux et cohérent de 32 pages, qu’il est difficile de résumer en quelques lignes.
Le mouvement y aborde les grandes lignes de la politique qu’il appliquera dans les domaines des
transports, de l’aménagement des espaces publics et des espaces verts, des
infrastructures, des déchets, du logement, du travail, du développement, de la
vie culturelle, de la sécurité et de la santé publique.
Rien de transcendant en théorie, mais il faut dire que sur le terrain, les Libanais espèrent depuis des mois, qu'un vent démocratique dynamisant soufflera sur la campagne électorale morose de ces élections municipales incertaines. Ils attendent également de tous les candidats à un mandat public qu'ils se présentent devant les électeurs avec un engagement détaillé et concret, loin des klaxons et des hauts-parleurs ambulants, mais aussi des slogans creux et vaseux. Quoi qu'il en soit, j’invite vivement les (é)lecteurs et (é)lectrices à plonger dans les programmes de toutes les listes en compétition, pourvu qu'ils existent, et à faire des comparaisons entre les diverses propositions qu'on y trouve ou qu'on n'y trouve pas. A l'heure actuelle, les candidats en lice à Beyrouth sont les suivants :
- ceux de Beirut Madinati, les outsiders : liste complète déjà constituée, qui respecte la parité homme-femme et qui refuse toute alliance avec les partis politiques traditionnels (ce qui n'est pas forcément une bonne idée au Liban, soit dit au passage!) ;
- ceux des principales forces politiques beyrouthines "Courant du Futur-Forces libanaises-Courant Patriotique Libre-Kataeb-Arméniens-Etc.", les favoris : liste complète aussi, en cours de constitution, qui respectera la parité islamo-chrétienne instaurée par l'ancien Premier ministre, Rafic Hariri (ce qui n'est pas forcément une mauvaise chose par les temps qui courent, au Liban et au Moyen-Orient!) ;
- ceux de « Mouwatinoun wa mouwatinat fi dawlat » (Citoyens et citoyennes dans un Etat) : liste incomplète créée par l'ancien ministre du CPL, Charbel Nahas ;
- ceux d'Imad Wazzan : une liste complète à majorité sunnite (15 des 24 sièges svp, au lieu de 8, et les 9 sièges restant à partager entre les 16 autres communautés; au pays de la cohabitation, ça fait tache!) ;
- ceux de Najah Wakim et consorts : une liste en gestation depuis 2010 et qui sera prête pour les élections municipales de 2022 ;
- l'avocat Adib Zakhour, candidat libre : un fervent défenseur des locataires anciens de Beyrouth ;
- et j'en passe et des meilleurs.
Rien de transcendant en théorie, mais il faut dire que sur le terrain, les Libanais espèrent depuis des mois, qu'un vent démocratique dynamisant soufflera sur la campagne électorale morose de ces élections municipales incertaines. Ils attendent également de tous les candidats à un mandat public qu'ils se présentent devant les électeurs avec un engagement détaillé et concret, loin des klaxons et des hauts-parleurs ambulants, mais aussi des slogans creux et vaseux. Quoi qu'il en soit, j’invite vivement les (é)lecteurs et (é)lectrices à plonger dans les programmes de toutes les listes en compétition, pourvu qu'ils existent, et à faire des comparaisons entre les diverses propositions qu'on y trouve ou qu'on n'y trouve pas. A l'heure actuelle, les candidats en lice à Beyrouth sont les suivants :
- ceux de Beirut Madinati, les outsiders : liste complète déjà constituée, qui respecte la parité homme-femme et qui refuse toute alliance avec les partis politiques traditionnels (ce qui n'est pas forcément une bonne idée au Liban, soit dit au passage!) ;
- ceux des principales forces politiques beyrouthines "Courant du Futur-Forces libanaises-Courant Patriotique Libre-Kataeb-Arméniens-Etc.", les favoris : liste complète aussi, en cours de constitution, qui respectera la parité islamo-chrétienne instaurée par l'ancien Premier ministre, Rafic Hariri (ce qui n'est pas forcément une mauvaise chose par les temps qui courent, au Liban et au Moyen-Orient!) ;
- ceux de « Mouwatinoun wa mouwatinat fi dawlat » (Citoyens et citoyennes dans un Etat) : liste incomplète créée par l'ancien ministre du CPL, Charbel Nahas ;
- ceux d'Imad Wazzan : une liste complète à majorité sunnite (15 des 24 sièges svp, au lieu de 8, et les 9 sièges restant à partager entre les 16 autres communautés; au pays de la cohabitation, ça fait tache!) ;
- ceux de Najah Wakim et consorts : une liste en gestation depuis 2010 et qui sera prête pour les élections municipales de 2022 ;
- l'avocat Adib Zakhour, candidat libre : un fervent défenseur des locataires anciens de Beyrouth ;
- et j'en passe et des meilleurs.
Par comparaison justement et aux dernières nouvelles, l’équipe sortante de Bilal Hamad n’a toujours pas réussi à offrir à ses
administrés un malheureux site internet. Je ne veux surtout pas laisser entendre
que celle-ci est incompétente, mais enfin, est-ce imaginable en 2016 pour une ville qui compte 454 000 électeurs
(2010) et pour une municipalité qui a reçu de l'Etat 142 millions de dollars (2002-2007) et dont le budget annuel actuel serait compris entre 400 et 560 millions de dollars ? Quand on se rend
à l’adresse de la municipalité de Beyrouth, « www.beirut.gov.lb », on tombe sur une page blanche, avec le logo de cette dernière, image de très mauvaise qualité, où l’on est
informé que « le site est en construction », en arabe et en anglais.
On ne s’est même pas donné la peine de traduire ces quelques mots en français dans ce pays francophone.
Il faut dire que la mésaventure numérique de l’équipe d’avant, celle d’Abdel-Monhem Ariss,
avait tourné court et est restée dans toutes les mémoires. Mis en ligne à quelques mois des élections
municipales de 2010 afin de communiquer avec les citoyens de la ville, le contenu du site était
si consternant qu’il a fallu revenir au bon vieux téléphone arabe. Voici par exemple ce qui était écrit dans la langue de Molière sur la page d’accueil, d'après L'Orient-Le Jour de l'époque: « Beyrouth, comme Phoenix se levant des cendres, a reemerged de son
passé turbulent, en tant que cosmopolite et la métropole vibrant, préparent
pour relever les défis du troisième millénium (...) La ville a tous les
ingrédients pendant un futur actuel et bien plus réussi prospère... un endroit
d’étourdissement s’est nichée entre le méditerranéen et la neige a couvert des
montagnes, un excellent cuisine local et ne pas oublier notre nightlife
fabuleux ». Hélas, ce n'est pas un gag, c’est véridique. Il ne s’est pas trouvé une seule personne
dans la municipalité de Beyrouth au moment du lancement, pour remarquer que la traduction automatique laissait beaucoup à désirer.
Qui va à la rencontre de la population
libanaise se rend compte qu’une majorité
silencieuse de Libanais se foutent royalement de savoir quand le Hezbollah
sera désarmé, si l’union d’un hakim et d’un général accouchera d’une souris ou
d’un mammouth, si le caméléon de Moukhtara aura encore la capacité de tromper
son environnement, si le sayyed a un déficit grave en vitamine D, si le cheikh
peut encore skier, si el-estez est entré dans le Guinness ou si les fantômes
du Parlement, les Okab Sakr et les Nayla Tuéni, rendront leurs sièges indus à
leurs électeurs. La préoccupation des
Beyrouthins est ailleurs. Elle est multiple. Inutile de nous disperser, je
vais me concentrer sur deux points que je juge fondamentaux concernant la faune et la flore, enfin, nous
autres humains et notre environnement.
Les
Beyrouthins,
locataires ou propriétaires, anciens ou nouveaux, habitants ou visiteurs, sont avant tout préoccupés par savoir s’ils peuvent supporter toujours,
et pendant combien de temps encore, la
cherté de leur ville et demeurer sur leur lieu de naissance, là où ils ont
grandi, vivent et travaillent. Et puisque nous y sommes, je voudrais profiter de
cette occasion pour attirer l’attention
des électeurs beyrouthins en général et des candidats municipaux de « Beirut
Madinati » et des autres candidats en lice en particulier, sur la nature de l’enjeu de la libéralisation
des locations anciennes que j'ai évoquée dans mon introduction. La loi qui est censée mettre fin à cette situation inflammatoire
entre les locataires et les propriétaires datant de la fin de la guerre, pose en réalité divers problèmes, pour la ville de Beyrouth et pour l’ensemble de ses
habitants,
sans exception.
Primo, il y va de l’avenir de dizaines de milliers de gens, natifs de la ville et issus de la classe moyenne, menacés d’expulsion de leurs foyers par la nouvelle loi, alors que l’Etat libanais n’a aucune véritable politique du logement. Et il n’est pas prêt d’en avoir ! La situation est aggravée par le fait qu’il y a actuellement près de deux millions de ressortissants syriens sur le territoire libanais, avec trois conséquences pour tous les résidents au Liban : une détérioration générale de l’emploi, une difficulté pour se loger convenablement et de la spéculation immobilière. Le premier problème est donc purement humain.
Secundo, ces Beyrouthins d’origine ou d’adoption, issus de la classe moyenne, qui ne pourront pas supporter des augmentations exorbitantes de loyers (allant jusqu’à 1 000 $/mois à terme, càd dans 5 ans) et qui seront forcés de quitter certains quartiers de leur ville, seront remplacés par une classe aisée, libanaise et arabe, du Liban et de l’étranger (expatriés), au pouvoir d’achat plus confortable. Nous aurons deux conséquences majeures, la gentrification urbaine progressive et une spéculation immobilière certaine, qui rendront une partie de la ville de Beyrouth inaccessible à la majorité des Libanais, même aux couples qui travaillent, même aux gens qui gagnent bien leur vie, même à ceux qui ne sont pas concernés par les locations anciennes. Le deuxième problème concernera donc la modification du tissu urbain, la mixité sociale dans la capitale libanaise, et la ségrégation sociale et spatiale qui en découlera.
Tertio, au prix du mètre carré du neuf, et à cause de la gentrification urbaine (le remplacement de la classe moyenne par une classe sociale aisée) et de la spéculation immobilière (concernant les locations, mais aussi, les ventes, dans le neuf et l'ancien), une fois que les petits immeubles anciens (mais tout à fait restaurables !) sont débarrassés de la classe moyenne, ils seront détruits pour laisser la place à de grandes tours soi-disant luxueuses. C’est déjà le cas, comme on peut tous le constater un peu partout à Beyrouth, surtout dans les beaux quartiers d’Achrafieh et de Hamra. Ça sera la folie quand la loi de libéralisation des loyers anciens sera pleinement appliquée. Le marché de l'immobilier de Beyrouth n'est pas un marché normal, il est gravement perturbé par la fiscalité avantageuse pour les personnes fortunées, la clientèle libanaise expatriée et arabe (au pouvoir d'achat élevé par rapport à la population libanaise), le blanchiment d'argent, etc. Avec la nouvelle loi, nous pouvons dire adieu aux bâtiments à taille humaine à Beyrouth (2 à 6 étages), à l’architecture typique de la ville (immeubles aux trois arcs, immeubles des années 50-60, aux persiennes, etc.) et à tout ce qui fait le charme de la capitale libanaise. Nous serons donc face à un grave problème qui touchera l’urbanisme de la ville et notre héritage.
Par conséquent, je regrette que « Beirut Madinati », qui a le mérite d'en parler par rapport à d'autres candidats et qui développe dans
son programme sa vision générale en matière de logement, n’ait consacré que deux phrases à la libéralisation des locations
anciennes, se contentant d’affirmer la nécessité de « traiter » le problème. Etant donné les enjeux, j’espère que les
candidats de toutes les listes en compétition, accorderont désormais plus de place à ce dossier dans leurs meetings.
Il faut militer pour l’abolition de la loi du 1er avril 2014, partant d'un principe simple, nul
ne devrait être expulsé d’un appartement qu’il loue depuis des décennies, de la
rue où il vit depuis qu’il est né et de la ville où il travaille aujourd’hui.
La solution peut être inspirée de la législation française en la matière, dite
loi de 1948, dans l’intérêt de tous, locataires et propriétaires anciens, mais aussi futurs locataires et propriétaires de Beyrouth. Quand une municipalité trouve en moins de deux ans seulement, 363 000 000 $ pour acquérir des biens immobiliers et fonciers, il est honteux qu'elle ne trouve rien pour s'engager concrètement en faveur des Beyrouthins, notamment ceux qui sont menacés d'expulsion à cause de la loi de libéralisation des loyers anciens: aides au logement locatif, prêts à taux zéro pour les acquisitions de biens dans l'ancien, aides pour la restauration des appartements anciens, aides pour la restauration des immeubles anciens, aides pour la préservation du patrimoine architectural de la ville (immeubles aux trois arcs, persiennes...), etc. Espérons donc, que Beirut Madinati et les forces politiques traditionnelles en lice, oseront se prononcer clairement et concrètement sur ce dossier épineux avant le vote des citoyens le 8 mai prochain.
Cela étant, les Beyrouthins sont également préoccupés par l’état général
déplorable de leur ville dans tous les domaines. La capitale libanaise se trouve actuellement dans la pire
catégorie qui soit : celle où le coût de la vie est élevé et la qualité de la vie
est faible. Si les grands projets font rêver, ils sont parfois irréalistes.
Comme beaucoup de Libanais, je suis partisan d’idées simples et réalisables,
peu couteuses pour les finances publiques et qui bouleversent la vie des gens.
Le chantier à Beyrouth est énorme, il risque d’épuiser rapidement même les
conseillers municipaux les plus déterminés. En même temps, il ne faudra pas
beaucoup pour satisfaire une majorité de Beyrouthins. S’il y a un domaine qui affecte nos vies à tous, dans un sens ou dans
un autre, c’est bien celui de l’environnement. A ce propos, trois
réflexions.
1. La
crise des déchets au Liban a été un traumatisme pour tous les Libanais, les Beyrouthins en particulier. Ce
n’est pas la peine de s’éterniser sur l’incompétence du gouvernement de Tammam
Salam sur ce dossier et l’affairisme de certains politiciens durant les neuf derniers mois. Hélas,
ce n’est pas tout. Comme je l’ai expliqué dans ma triade d’articles consacrés à ce sujet, les municipalités libanaises disposent de nos jours de budgets importants. Celles-ci ont reçu, rien que de l'Etat, plus de 919 millions de dollars entre 2002 et 2007, en dehors de leurs recettes propres svp.
Dans ce sillage, les (é)lecteurs et
(é)lectrices de Beyrouth, les gentils contribuables, doivent savoir que le budget de la municipalité de
leur ville est un secret bien gardé. J’ai eu un mal de chien pour
trouver des chiffres officiels ou sérieux facilement accessible à tout un
chacun. Par comparaison, tout parisien peut avoir en un clic, un rapport complet de 80 pages sur le budget de la ville de Paris. Eh oui, la
transparence, ce n’est pas seulement un mot glissé dans un discours électoral
populiste ou un programme électoral, une fois tous les six ans. Quand la chaine de télévision al-Jadeed a demandé il
y a quelques jours à Bilal Hamad, l’actuel président de la municipalité de Beyrouth,
de communiquer les chiffres, non seulement il ne l’a pas fait, mais il a renvoyé
la journaliste au gouverneur de Beyrouth (el-mouhafez), Ziad Chbib. En tout cas, il semble
que le budget de la municipalité de Beyrouth tel qu’il est fixé par le service financier de la municipalité et le
gouverneur, tourne autour
de 180 millions de dollars, alors qu’en réalité, la municipalité de Beyrouth fonctionne actuellement
avec un budget annuel voté compris entre 400 000 000 (2016) et 560 000 000 $ (2015), la différence étant prise
sur les excédents budgétaires, le trésor municipal. Eh bien voilà, vous comprenez mieux maintenant cette soudaine dévotion pour ces municipalités et pourquoi tant de monde se bousculent pour ces élections ?
Avec ce pactole, les municipalités libanaises, notamment celle de Beyrouth, font tout et n’importe quoi, des réalisations utiles, mais aussi des projets inutiles et parfois délirants, avec une opacité louche (comme on l'a vu précédemment), comme celui de faire passer une autoroute à Achrafieh et d’installer un parking dans le jardin de Geitawi. Tenez, un exemple parmi tant d'autres, la municipalité de Beyrouth a dépensé 363 millions de dollars entre 2015 et 2016, pour des acquisitions immobilières et foncières. Pourquoi faire ? Nul ne le sait vraiment. En tout cas, pas les contribuables libanais. Nos chers élus prévoient 667 000 $ d'insecticides, 867 000 $ de loyers et tenez-vous bien, 1 300 000 $ de vêtements. Jesmoun labbiss al chabibé ! Les Beyrouthins se foutent et se contrefoutent de savoir que fera l'équipe sortante quand elle sera mise au chômage le 8 mai prochaine et qui la remplacera, Beirut Madinati ou des candidats issus des principales forces politiques, mais ils exigent de leurs élus une transparence absolue et un contrôle des comptes publics rigoureux, point barre.
Avec ce pactole, les municipalités libanaises, notamment celle de Beyrouth, font tout et n’importe quoi, des réalisations utiles, mais aussi des projets inutiles et parfois délirants, avec une opacité louche (comme on l'a vu précédemment), comme celui de faire passer une autoroute à Achrafieh et d’installer un parking dans le jardin de Geitawi. Tenez, un exemple parmi tant d'autres, la municipalité de Beyrouth a dépensé 363 millions de dollars entre 2015 et 2016, pour des acquisitions immobilières et foncières. Pourquoi faire ? Nul ne le sait vraiment. En tout cas, pas les contribuables libanais. Nos chers élus prévoient 667 000 $ d'insecticides, 867 000 $ de loyers et tenez-vous bien, 1 300 000 $ de vêtements. Jesmoun labbiss al chabibé ! Les Beyrouthins se foutent et se contrefoutent de savoir que fera l'équipe sortante quand elle sera mise au chômage le 8 mai prochaine et qui la remplacera, Beirut Madinati ou des candidats issus des principales forces politiques, mais ils exigent de leurs élus une transparence absolue et un contrôle des comptes publics rigoureux, point barre.
Ainsi, la municipalité de Beyrouth, comme les autres municipalités du Mont-Liban, avaient la possibilité et surtout les moyens, de diminuer considérablement les méfaits de la fermeture de la décharge de Naamé sur la vie des citoyens, en mettant en place un système D efficace, de tri et de recyclage, à petits frais, comme cela se fait habituellement en Suisse, et en donnant des conseils utiles à leurs administrés lors de cette longue crise. Elles ont été déficientes sur toute la ligne. Hélas pour elles, l'heure des comptes a sonné.
Aujourd'hui, le futur conseil municipal avec « Beirut madinati » se propose d’informer, comme je l’ai fait à plusieurs reprises au cours des derniers mois, notamment dans l’article « Mode d’emploi pour (re)passer du pays où s’entassent les déchets, au pays où coulent le lait et le miel », sur le tri, le recyclage et surtout, sur mon cheval de bataille depuis le début de la crise, l’incontournable nécessité de diminuer le volume des déchets produits par les Beyrouthins. A l’époque où des villes comme San Francisco et Montréal interdisent les bouteilles d’eau en plastique, il est grand temps de sensibiliser les Beyrouthins à entamer une révolution dans leurs modes de vie et de consommation. Comme je l’ai expliqué dans l’article « Objectif : zéro poubelle ! Pour sortir de la crise des déchets, au Liban et dans le monde, sans passer par les tocards de politiciens », la meilleure façon de ne pas polluer l’environnement, ce n’est pas de recycler les ordures, mais de réduire le volume des déchets. Ce point doit hanter le futur Conseil municipal pendant les six prochaines années. A défaut, les Beyrouthins risquent de revivre rapidement un remake de la crise des ordures de juillet 2015, qui n'est toujours pas terminée d'ailleurs.
2. J’ai beau en parler depuis des années, rien à faire. Allez
comprendre ! Comment se fait-il que la
municipalité de Beyrouth continue de mutiler et de décapiter les arbres des
trottoirs qui n’ont rien demandé à personne, en les taillant pour en faire des boules et des cubes d’ornement,
voire des bûches, dans une ville où il fait plus de 25°C six mois l’année
(mai-octobre), avec une moyenne d’ensoleillement de plus de 10h/j sur cette période,
et une pluviométrie nulle sur quatre mois (juin-août) ? Mystère et boule
de gomme. Le grand ficus de Saïfi, qui se trouve à deux pas de la place des Martyrs, supplie tous les candidats aux élections municipales, au nom de tous ses congénères martyrisés dans cette
ville, de laisser les arbres de Beyrouth s’épanouir
et de cesser de les considérer comme des ennemis publics. Bien au contraire, ce
sont des amis qui nous veulent du bien. J’espère
que les candidats de « Beirut madinati » tiendront compte de cette réflexion et ne
continueront pas dans cette pratique absurde s'ils sont élus.
3. Des journées sans voitures, c’est bien.
L’ouverture du Bois des Pins tous les jours de la semaine ou la rénovation des
rares jardins publics de la capitale libanaise, c’est superbe, bien que ça ne soit pas vraiment urgent dans ce dernier cas. De quoi a-t-il besoin le jardin de Sioufi ? Désolé, mais de pas grand-chose ! Mais, on peut
faire mieux, surtout que la situation de
Beyrouth en matière de verdure est pitoyable. Les Beyrouthins ne disposent
que de 0,4 million m² d’espaces verts, quand les Parisiens ont 24 millions (60
fois plus) et les Berlinois 64 millions (160 fois plus). Alors que
faire ? Ouvrir de nouveaux jardins
publics et espaces verts, comme le propose « Beirut Madinati » ?
Excellente idée, mais je ne suis pas de
cet avis. La priorité budgétaire doit être pour les aides au logement et à la restauration des immeubles anciens, ainsi qu'aux transports. En matière d'espaces verts, je préfère aller vers une autre stratégie car non seulement il
n’y pas beaucoup de terrains disponibles à Beyrouth, mais c’est aussi trop
couteux à mettre en œuvre. Des arbres sur les toits comme certains l'ont proposé dans
le passé ? Ah non, pas ce délire svp !
J’ai un rêve, j’en ai parlé dans un article il y a trois ans et demi et à plusieurs reprises depuis. C'est l'occasion ou jamais de le remettre sur la table. « De grands arbres dans toutes les rues de Beyrouth... Yes we can ! ». Je suis ravi de découvrir que « Beirut Madinati » propose aujourd’hui dans son programme de s’occuper des rues. Mais de grâce, soyons précis et jouons gros jeu sur ce point, avec une mise ambitieuse dès le départ : toutes les rues et de grands arbres s’il vous plait ! Les Beyrouthins étouffent dans leur ville et n'ont pas envie de quelques bonzaïs qui se battent en duel sur les grands axes et des parterres fleuris de géraniums et de pensées. Et il ne faut pas rêver, personne ne se tapera 2h d'embouteillages pour se rendre dans un parc, le Bois des Pins par exemple, où il aura beaucoup de mal d'ailleurs pour garer sa voiture. La logique voudrait qu'on s'y rende à pied dans les espaces verts. On ne pourra pas faire des jardins publics dans tous les quartiers de la capitale libanaise car on n'a pas les moyens d'installer des squares à un quart d'heure de chaque appartement. Par contre, on peut planter trois arbres au pied de chaque immeuble ! Yes we can. Comme je l’ai suggéré en septembre 2012, en mon nom et aux noms de beaucoup de Libanais, nous rêvons de rues et de routes plantées « de ficus de Beyrouth, de platanes d’Orient et de Provence, de peupliers d’Italie, de tilleuls d’Ile-de-France, de cèdres du Liban, de séquoias de Californie, d’eucalyptus d’Australie, de chênes du Mont-Liban et de noyers d’antan ». Eh oui, nous rêvons « de grands arbres sur toutes les routes du Liban et dans toutes les rues de Beyrouth en particulier, à l'allure majestueuse et à l'ombrage généreux ». Pour augmenter significativement et aisément la surface des espaces verts à Beyrouth, il existe deux moyens simples et peu couteux pour le budget municipal, donc pour les contribuables beyrouthins : arrêter de tailler sévèrement les arbres des trottoirs existants (l'aberration détaillée au point 2) et boiser toutes les rues de la capitale (l'ambition exposée au point 3). Cela permettra entre autres, d’embellir notre ville, d’assainir l’air que nous respirons, d’apaiser les esprits des résidents, d’éviter qu’immeubles et chaussées ne se transforment en radiateurs à accumulation durant la longue saison chaude et d'offrir aux habitants un environnement dépaysant et un espace propice à la flânerie.
J’ai un rêve, j’en ai parlé dans un article il y a trois ans et demi et à plusieurs reprises depuis. C'est l'occasion ou jamais de le remettre sur la table. « De grands arbres dans toutes les rues de Beyrouth... Yes we can ! ». Je suis ravi de découvrir que « Beirut Madinati » propose aujourd’hui dans son programme de s’occuper des rues. Mais de grâce, soyons précis et jouons gros jeu sur ce point, avec une mise ambitieuse dès le départ : toutes les rues et de grands arbres s’il vous plait ! Les Beyrouthins étouffent dans leur ville et n'ont pas envie de quelques bonzaïs qui se battent en duel sur les grands axes et des parterres fleuris de géraniums et de pensées. Et il ne faut pas rêver, personne ne se tapera 2h d'embouteillages pour se rendre dans un parc, le Bois des Pins par exemple, où il aura beaucoup de mal d'ailleurs pour garer sa voiture. La logique voudrait qu'on s'y rende à pied dans les espaces verts. On ne pourra pas faire des jardins publics dans tous les quartiers de la capitale libanaise car on n'a pas les moyens d'installer des squares à un quart d'heure de chaque appartement. Par contre, on peut planter trois arbres au pied de chaque immeuble ! Yes we can. Comme je l’ai suggéré en septembre 2012, en mon nom et aux noms de beaucoup de Libanais, nous rêvons de rues et de routes plantées « de ficus de Beyrouth, de platanes d’Orient et de Provence, de peupliers d’Italie, de tilleuls d’Ile-de-France, de cèdres du Liban, de séquoias de Californie, d’eucalyptus d’Australie, de chênes du Mont-Liban et de noyers d’antan ». Eh oui, nous rêvons « de grands arbres sur toutes les routes du Liban et dans toutes les rues de Beyrouth en particulier, à l'allure majestueuse et à l'ombrage généreux ». Pour augmenter significativement et aisément la surface des espaces verts à Beyrouth, il existe deux moyens simples et peu couteux pour le budget municipal, donc pour les contribuables beyrouthins : arrêter de tailler sévèrement les arbres des trottoirs existants (l'aberration détaillée au point 2) et boiser toutes les rues de la capitale (l'ambition exposée au point 3). Cela permettra entre autres, d’embellir notre ville, d’assainir l’air que nous respirons, d’apaiser les esprits des résidents, d’éviter qu’immeubles et chaussées ne se transforment en radiateurs à accumulation durant la longue saison chaude et d'offrir aux habitants un environnement dépaysant et un espace propice à la flânerie.
Toujours est-il que l'état général de Beyrouth est déplorable aujourd'hui. La ville manque cruellement de calme et de verdure. Elle est de
plus en plus chère, bétonnée, étouffante, bruyante, poussiéreuse, nauséabonde, polluée, factice,
snob, éternellement en chantier, constamment embouteillée et enlaidie par
les tours qui poussent comme des champignons. Si rien n’est fait aujourd’hui pour changer le destin de Beyrouth,
c’est la ville que nous aurons demain, qu’on le veuille ou pas. Elle sera
invivable pour nous tous. Ainsi, nous sommes condamnés à retrousser nos manches et à mettre la main à la pâte et à œuvrer tous ensemble pour inverser la tendance. Pour une fois que nous avons des citoyens compétents et inventifs, sincères
et dynamiques, frais et motivés, ouverts aux débats, et qu’on a une bonne occasion de congédier une
équipe municipale qui n’a pas été à la hauteur, nous ne pouvons que soutenir une liste outsider comme celle de « Beirut
Madinati » et souhaiter à ses candidats bonne chance et beaucoup de courage dans leur campagne
électorale. Il faut dire qu’ils ont du
pain sur la planche. A commencer par la mobilisation des abstentionnistes.
Les municipales de la capitale n’intéressent que 18 % des électeurs (taux de
participation des élections de 2010), l’écrasante majorité des Beyrouthins, 82%
des gens, 4 électeurs sur 5, s’en foutent comme de l’an quarante. Pour les
faire changer d’avis il va falloir s’intéresser à leurs préoccupations, établir
la confiance avec eux et les convaincre de l’utilité de leur vote. Cela passe par l'engagement à tenir les promesses et l'intégration des suggestions citoyennes dans le programme électoral, comme celles exprimées dans cet article.
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