Ce
beau matin de dimanche quand j’ai ouvert
mon compte Facebook, j’étais loin de me douter un seul instant de l’importance
de la découverte que j’allais faire. Enfin, « importance et découverte »,
excusez mon enthousiasme juvénile, je m’emballe vite quand je suis
inspiré. Je poursuivrais avec modération, promis. Donc en ouvrant mon
compte FB avant hier je me suis aperçu qu’on m’a fait passer en mode
« Journal » sans rien me demander. Mark Zuckerberg l’avait
décidé, point. Alors Bakhos Baalbaki prend acte, soit. Cela fait des mois
que je lis et j’entends les uns et les autres débattre sur la nouvelle
configuration. Certains font l’éloge de cette présentation
« interactive », d’autres pestent contre une présentation
« gadget ». Ayant un tempérament de chat, de gouttière en toute
modestie, qui n’aime pas qu’on m’impose quoique ce soit, cela m’indispose en
soi, mais s’accommode bien des futilités, toute résistance étant inutile et
toute réticence étant superflue, je me suis soumis au diktat du jeune boursier,
le monde ne s’arrêtera pas de tourner en cette fin de mois à cause de la
Timeline de BB, quand même ! La vie continuera comme si de rien n’était.
Sans
râler, j’ai procédé alors à quelques réglages nécessaires pour me sentir chez
moi. Vous en conviendriez mes très chers amis, amies incluses, le masculin
l’emporte, BB n’y est pour rien, il ne fait pas dans la discrimination
sexuelle, il n’est point académicien d’ailleurs pour changer cette règle machiste,
c’est à peine qu’il essaye de comprendre ce qui lui arrive à une heure
matinale, alors que c’est un couche-tard notoire... Et voilà que mon
emballement juvénile me fait perdre le fil de mes idées ! Je suis donc
dans l’obligation de tempérer mes apartés théâtraux et de revenir à une
narration plus conventionnelle. Donc, je disais que vous en conviendriez que c’est
important de se sentir chez soi si l’on veut bien recevoir ses amis. Et comme toute
présentation, vestimentaire, décorative ou facebookienne reflète notre
personnalité, je devais y consacrer un peu de temps afin de peaufiner mon
profil bien que nous nous sentons tous bridés au niveau artistique sur la
plateforme de notre cher ami Marko, qui sans lui nous ne serons pas là tout de
même. Toujours est-il que j’ai survolé mon Facebook pour le relooker, j’ai supprimé
des infos et j’ai déplacé d’autres, j’ai profité pour mettre certaines
publications « en avant », mes articles, je les ai même numérotés, il
y en a 68 au total et à ce jour, le présent est le 69e, quelle coïncidence!, en un an et
demi d’analyses politiques, d’impressions diverses et d’activisme bénévole et non
intéressé. Je me suis senti fier après le survol de ma
production intellectuelle. Mais, le point qui m’a
posé problème c’était de fournir des infos sur ma naissance. Je n’en ai
pas ou peu et qu’importe. Il faut dire qu’à force de tout faire pour ignorer
ma date de naissance, le seul procédé gratuit que j’ai trouvé pour rester
jeune, jeune d’esprit entendons-nous bien sur ce point, j’ai fini par l’oublier.
Quant à dénicher une photo de ma naissance, cela m’a semblé dénuer
de tout intérêt. Alors que mettre, sachant que la section « Naissance » occupe une position stratégique dans
le nouveau profil puisqu’elle constitue la Genèse facebookienne ?
Après
un moment de réflexion, eurêka ! J’ai appelé la science à mon secours. J'ai
choisi de publier cette image originale de la rencontre « micro » de
deux gamètes, qui découle de la rencontre « macro » de deux êtres.
Deux rencontres qui font qu’on existe en chair et en os, fruit de la
passion amoureuse en somme. En me perdant dans la beauté de l’image, deux réflexions m’ont
traversé l’esprit.
D’un côté, j’ai constaté que s’il fallait être deux de sexes
opposés pour créer un être humain, naturellement bien entendu, la différence de
taille entre la gamète mâle et la gamète femelle est impressionnante. Cela
prouve l’importance du facteur « féminin » dans la constitution
humaine. Qu’un tel facteur soit perceptible, flagrant, discret ou pas, l’ovule
porte le spermatozoïde, comme la femme porte le fœtus.
D'un autre côté, j’ai
découvert que cette photo constituait une
merveilleuse leçon de vie. Si
les hommes et les femmes peuvent être racistes et phobiques en tous genres, en tous
lieux et dans tous les sens (xénophobes, homophobes, islamophobes, christianophobes,
maronitophobes, arabophobes, américanophobes...), les spermatozoïdes et les ovules eux, ne le sont jamais ! Ils
ignorent couleur de peau, classe sociale, religion, croyance, nationalité, orientation sexuelle, appartenances
politique et ethnique ! Tout comme l’amour qui leur a permis de s’unir
sans doute. Un
spermatozoïde ne fait aucune distinction entre un « ovule-blanc » et
un « ovule-noir », entre un « ovule-cadre » et un « ovule-ouvrier »,
entre un « ovule-chrétien » et un « ovule-musulman », entre un « ovule-libanais »
et un « ovule-indien ». Il ne fera même pas la distinction entre un « ovule
de gauche » et un « ovule de droite », au sens politique comme au sens
histologique, entre un « ovule-démocrate » et un« ovule-républicain »
ou entre un « ovule-14Mars » et un « ovule-8Mars », c'est pour
dire. Il en est de même pour l'ovule, qui pourrait accepter tout spermatozoïde
sans distinction de race ou de classe et j'en passe. Quelle merveilleuse leçon
de tolérance qui fera mourir de rage tous les racistes et phobiques sur Terre.
L’objectif des gamètes mâles et des gamètes femelles ne se limite pas à perpétuer
la vie, brasser les gènes constitue une bien noble cause pour ces cellules sexuées. Et quel
autre merveilleux exemple pourrait-t-on trouver pour faire l’éloge du brassage
culturel ?
Mais, les aventures des gamètes ne se déroulent pas forcément sous la bannière « peace & love ». Certes, les spermatozoïdes et les ovules ne sont pas racistes, mais la compétition est rude, les contraintes nombreuses et la sélection est terrible. Tout se déroule dans une incroyable course contre la montre car l’espérance de vie de l’ovule ne dépasse pas les 24 heures et celle des spermatozoïdes les plus gaillards les 4 jours. Avec 200 millions de prétendants pour un seul élu, la vie d’un spermatozoïde est loin d’être un long fleuve tranquille. Dès le top départ marquant la fin des galipettes, c’est le parcours du combattant pour les gamètes mâles, à commencer par la survie dans un milieu vaginal hostile, puis le passage d’un col difficile, le franchissement d’une plaine utérine particulièrement fertile et enfin un sacré sens de l’orientation pour ne pas se tromper de carrefour, la rencontre se faisant dans une des 2 trompes selon que l’ovule venait de l’ovaire gauche ou de l’ovaire droit. A l’échelle humaine c’est un peu comme si les Roméo devaient s’engager dans un marathon avant de retrouver leur Juliette. Une folie ! Ainsi, même à l’échelle microscopique, l’homme propose et la femme dispose. Voilà donc un joli clin d’œil de la vie et une belle leçon de choses.