Tout
commence lors d’une soirée de gala organisée conjointement par le ministère de
l’Environnement et l’UNDP (United Nations Development Programme), pour remettre
pour la première fois The National Green Awards,
des prix qui récompensent des actions entreprises en faveur de l’Environnement au Liban, à un ensemble d’acteurs dont une écologiste qui se donne corps et âme depuis
5 ans avec passion et optimisme à travers son magazine, Beyond, et sa société,
Green Cedar Lebanon, à une cause méprisée par toute la classe politique
libanaise. Eh oui, au pays du Cèdre tout le monde continue d’ignorer
l’avertissement cinglant de Chateaubriand qui date pourtant de 1817 : « Partout où les arbres ont disparu,
l’homme a été puni de son imprévoyance ».
Donc, cela faisait une dizaine de minutes que l’écologiste Pascale Choueiri Saad cet « étendard vert du Liban » -pour reprendre le surnom soufflé en toute discrétion par une raffinée et mystérieuse Voile de Brume- parlait de son engagement et comment elle voyait son Liban. Se tenant sur une tribune fleurie par de magnifiques roses fraîches aux couleurs du drapeau du Liban, elle est sur le point de faire une promesse solennelle, « inspirée et conseillée par BB himself » comme elle dira publiquement plus tard, dans une sincérité désarmante, sur l’agora des temps modernes de Facebook alors que personne ne l’y obligeait, surtout pas Bakhos Baalbaki pour qui ce fut un plaisir et un honneur d’apporter de l’eau à son moulin écologique. Elle tend le bras droit vers l’assemblée et affirme : « Je jure devant vous, qu’avec votre soutien, et ensemble si vous le voulez bien, nous inverserons les tendances et les chiffres pour rendre Beyrouth et tout le Liban, plus verts. Ensemble, nous mettrons l’écologie dans le cœur de chaque Libanais et dans la conscience collective de la société toute entière ! »
Eh bien, on est loin des remerciements insipides des potiches de service et des prix de complaisance pour bourgeoises qui s’ennuient ! Un tonnerre d’applaudissements déchira le silence religieux qui régnait dans la salle, l’assistance était conquise et sous le charme. Mission accomplie, le défi est lancé devant tout le gouvernement libanais et les centaines d'honorables hôtes dont les ambassadeurs des Nations-Unies et des pays amis. La suite de la cérémonie s’est déroulée dans la joie et la bonne humeur, entre les robes pimpantes et les cravates qui étranglent, des chassés-croisés de regards coquins et de sourires narquois. Malgré les commérages d’usage, les bulles de champagne s’éclataient dans l’exaltation générale et l'ambiance euphorique.
Comme tous les lendemains festifs, des photos furent publiées sur internet. Tout le monde était ravi. Mais, toujours un mais car « kél 3éréss éllo 2oréss », il y avait un os, un seul, et pas pour tous, pour quelqu’un, tout seul ! Le geste de notre charmante écologiste a déplu à un dénommé « Leonis Besson », pourtant sportif de haut niveau, n’ayant aucune parenté avec Luc Besson, le réalisateur français de Léon, à l’anagramme qui lui sied si bien -indice, un homme qui ne sait pas s’arrêter ; les 3 premières personnes qui parviendront à résoudre cette anagramme gagneront la dernière version du jeu de société de la compagnie américaine Hasbro, le Cranium Black s’il vous plaît !-, qui le trouvait carrément « facho-nazi » ! Bon, pourquoi pas, après tout nous sommes dans une démocratie. Le hic, c’est que notre Leonis ne voulait pas lâché l’os ! Même si ça partait d'un bon sentiment, il persistait et signait, revenant incessamment à la charge.
Nous étions nombreux à lui signifier qu’il en faisait une « fixation » déplacée et superficielle, que l’essentiel était bel et bien ailleurs, que ce n'est pas la main qu'il fallait regarder mais la lune derrière cette tribune et que ce n’est pas le geste qui comptait mais le serment. Que dalle, il n’y avait rien à faire ! Vous connaissez l’adage, « quand le sage montre la lune... », je vous laisse deviner la suite, car si je la dévoile notre ami Leonis Besson pourrait le prendre mal et m'en voudrait pour un bail ! Rien à faire, avec obstination il voulait absolument associer ce geste au grand taré de la deuxième guerre mondiale. Il faut dire que tout échange entre Libanais a toujours de fortes chances de finir en un combat de coqs ! Ah non, mais quelle détestable habitude typiquement libanaise est celle qui consiste à s’obstiner coûte que coûte pour avoir le dernier mot, quitte à laisser des plumes parfois et apparaitre ridicule le plus souvent ! Bon Dieu, bon sang ! Si rester zen à toute épreuve c’est tout un art, zapper une idée, un sentiment, une image, une réflexion, un article ou un événement qui dérange, n’est assurément pas à la portée de tous.
Cette histoire me rappelle l’époque où l’on n'osait plus sortir un drapeau français lors d'une manifestation en France car l'extrême droite le faisait systématiquement et en masse. Heureusement, on a fini par dépasser ces détails insignifiants. Libres aux esprits conservateurs, tordus ou poussiéreux, et aux poilus traumatisés de la seconde guerre mondiale -j'ose espérer que ce n'est pas le cas de Leonis Besson!- de faire des associations grotesques tirées par les cheveux. Nous leur dirons en toute simplicité, « la 7awla wa la qowata ella belallah » ! Au-delà de cette tempête dans un verre d’eau, l’essentiel est que notre « gorgeous ecologist » ait prêté serment et ait renouvelé son engagement écologique pour le Liban, voilà qui nous rassure même si on n’en a jamais douté, en prenant l’assemblée de la soirée et son public sur Facebook comme témoins, avec un geste fort, gracieux et innocent. Point à la ligne et basta cosi.
Dans tous les cas, la route de tous ceux qui s’engagent avec passion est semée d’embûches et de
jaloux, mais aussi de beaucoup de récompenses et d’admirateurs. Avec tous mes respects à notre ami Leonis, eh oui c'est un friend, je compte sur son esprit sportif pour aborder le présent article avec décontraction, cette fois-ci. A ta santé, Leonis Besson !
Réf.
« Le Serment du Jeu de Paume est un engagement d’union pris le 20 juin 1789 à la salle du Jeu de paume, à Versailles, par les 578 députés du Tiers état lors des États généraux de 1789... qui firent le serment de ne pas se séparer avant l’élaboration d’une Constitution. Si ce serment n’a pas de portée juridique, son impact symbolique est très fort puisqu'il fut le prélude de la souveraineté nationale et de la séparation des pouvoirs. Il amènera la réunion des trois ordres (Noblesse, Clergé, Tiers-États) en une "Assemblée nationale constituante", dont sera issue l'abolition de la féodalité (4 août 1789), la déclaration des droits de l'homme et du citoyen (26 août 1789), et les grands principes de la Constitution (fin 1791). » [Wikipédia]
Donc, cela faisait une dizaine de minutes que l’écologiste Pascale Choueiri Saad cet « étendard vert du Liban » -pour reprendre le surnom soufflé en toute discrétion par une raffinée et mystérieuse Voile de Brume- parlait de son engagement et comment elle voyait son Liban. Se tenant sur une tribune fleurie par de magnifiques roses fraîches aux couleurs du drapeau du Liban, elle est sur le point de faire une promesse solennelle, « inspirée et conseillée par BB himself » comme elle dira publiquement plus tard, dans une sincérité désarmante, sur l’agora des temps modernes de Facebook alors que personne ne l’y obligeait, surtout pas Bakhos Baalbaki pour qui ce fut un plaisir et un honneur d’apporter de l’eau à son moulin écologique. Elle tend le bras droit vers l’assemblée et affirme : « Je jure devant vous, qu’avec votre soutien, et ensemble si vous le voulez bien, nous inverserons les tendances et les chiffres pour rendre Beyrouth et tout le Liban, plus verts. Ensemble, nous mettrons l’écologie dans le cœur de chaque Libanais et dans la conscience collective de la société toute entière ! »
Eh bien, on est loin des remerciements insipides des potiches de service et des prix de complaisance pour bourgeoises qui s’ennuient ! Un tonnerre d’applaudissements déchira le silence religieux qui régnait dans la salle, l’assistance était conquise et sous le charme. Mission accomplie, le défi est lancé devant tout le gouvernement libanais et les centaines d'honorables hôtes dont les ambassadeurs des Nations-Unies et des pays amis. La suite de la cérémonie s’est déroulée dans la joie et la bonne humeur, entre les robes pimpantes et les cravates qui étranglent, des chassés-croisés de regards coquins et de sourires narquois. Malgré les commérages d’usage, les bulles de champagne s’éclataient dans l’exaltation générale et l'ambiance euphorique.
Comme tous les lendemains festifs, des photos furent publiées sur internet. Tout le monde était ravi. Mais, toujours un mais car « kél 3éréss éllo 2oréss », il y avait un os, un seul, et pas pour tous, pour quelqu’un, tout seul ! Le geste de notre charmante écologiste a déplu à un dénommé « Leonis Besson », pourtant sportif de haut niveau, n’ayant aucune parenté avec Luc Besson, le réalisateur français de Léon, à l’anagramme qui lui sied si bien -indice, un homme qui ne sait pas s’arrêter ; les 3 premières personnes qui parviendront à résoudre cette anagramme gagneront la dernière version du jeu de société de la compagnie américaine Hasbro, le Cranium Black s’il vous plaît !-, qui le trouvait carrément « facho-nazi » ! Bon, pourquoi pas, après tout nous sommes dans une démocratie. Le hic, c’est que notre Leonis ne voulait pas lâché l’os ! Même si ça partait d'un bon sentiment, il persistait et signait, revenant incessamment à la charge.
Nous étions nombreux à lui signifier qu’il en faisait une « fixation » déplacée et superficielle, que l’essentiel était bel et bien ailleurs, que ce n'est pas la main qu'il fallait regarder mais la lune derrière cette tribune et que ce n’est pas le geste qui comptait mais le serment. Que dalle, il n’y avait rien à faire ! Vous connaissez l’adage, « quand le sage montre la lune... », je vous laisse deviner la suite, car si je la dévoile notre ami Leonis Besson pourrait le prendre mal et m'en voudrait pour un bail ! Rien à faire, avec obstination il voulait absolument associer ce geste au grand taré de la deuxième guerre mondiale. Il faut dire que tout échange entre Libanais a toujours de fortes chances de finir en un combat de coqs ! Ah non, mais quelle détestable habitude typiquement libanaise est celle qui consiste à s’obstiner coûte que coûte pour avoir le dernier mot, quitte à laisser des plumes parfois et apparaitre ridicule le plus souvent ! Bon Dieu, bon sang ! Si rester zen à toute épreuve c’est tout un art, zapper une idée, un sentiment, une image, une réflexion, un article ou un événement qui dérange, n’est assurément pas à la portée de tous.
Cette histoire me rappelle l’époque où l’on n'osait plus sortir un drapeau français lors d'une manifestation en France car l'extrême droite le faisait systématiquement et en masse. Heureusement, on a fini par dépasser ces détails insignifiants. Libres aux esprits conservateurs, tordus ou poussiéreux, et aux poilus traumatisés de la seconde guerre mondiale -j'ose espérer que ce n'est pas le cas de Leonis Besson!- de faire des associations grotesques tirées par les cheveux. Nous leur dirons en toute simplicité, « la 7awla wa la qowata ella belallah » ! Au-delà de cette tempête dans un verre d’eau, l’essentiel est que notre « gorgeous ecologist » ait prêté serment et ait renouvelé son engagement écologique pour le Liban, voilà qui nous rassure même si on n’en a jamais douté, en prenant l’assemblée de la soirée et son public sur Facebook comme témoins, avec un geste fort, gracieux et innocent. Point à la ligne et basta cosi.
Enfin,
je pense qu’une liberté totale doit prévaloir quand on prête serment, le geste
n’a strictement aucune importance, c’est l’engagement qui compte. On peut le
faire en levant le bras en toute liberté, dans n'importe quelle direction, d’une manière « classique »
à la verticale comme on le fait actuellement aux Etats-Unis (voir le serment de Barack Obama) ou d'une manière « révolutionnaire » à l'horizontale comme
l’ont fait les Horaces d’antan à Rome (voir Le Serment des Horaces, une peinture de Jacques-Louis David que l'on peut admirer au Musée du Louvre à Paris) et les Révolutionnaires en France et à Versailles (voir Le Serment du Jeu de paume : dans la version bronze, un bas-relief de Léopold Morice que l'on retrouve place de la République à Paris, photo ci-dessus ; dans la version peinture, un tableau de Couder au Musée de l'Histoire de France à Versailles, photo ci-contre ; dans la version sculpture, avec la statue de Bailly, président de l'Assemblée nationale au Jeu de Paume à Versailles, photo ci-dessous)!
Réf.
« Le Serment du Jeu de Paume est un engagement d’union pris le 20 juin 1789 à la salle du Jeu de paume, à Versailles, par les 578 députés du Tiers état lors des États généraux de 1789... qui firent le serment de ne pas se séparer avant l’élaboration d’une Constitution. Si ce serment n’a pas de portée juridique, son impact symbolique est très fort puisqu'il fut le prélude de la souveraineté nationale et de la séparation des pouvoirs. Il amènera la réunion des trois ordres (Noblesse, Clergé, Tiers-États) en une "Assemblée nationale constituante", dont sera issue l'abolition de la féodalité (4 août 1789), la déclaration des droits de l'homme et du citoyen (26 août 1789), et les grands principes de la Constitution (fin 1791). » [Wikipédia]