Si Karl Lagerfeld a le droit de s’exprimer librement
sur tout le monde, n’importe qui a le droit aussi de s’exprimer sur Karl Lagerfeld.
Maintenant que la boucle est bouclée et que l’équation est posée, passons à ce
qui fâche.
Le couturier allemand n’aime pas voir des grosses dans la mode. Bon, il ne vaut pas plus que ceux qui n’aiment pas voir des pédés dans les films ! J’avoue que c’est plus subtil que cela. En fait, Karl -je m’autorise
cette petite familiarité car le styliste totipotent est omniprésent sur le
petit écran depuis ma tendre enfance- n’aime pas voir des femmes rondes dans l’univers
de la mode. Pourquoi pas. Disons, c’est un peu comme ceux qui n’aiment pas voir
des hommes efféminés dans leur champ visuel. Admettons, il faut tout pour faire
un monde. Le problème c’est que le créateur de mode a fait état de cette
répulsion à plusieurs reprises, dans un livre publié récemment autour de sa
personne, « Le monde selon Karl » aux éditions Flammarion
(sept. 2013), et lors d’une émission TV. Dans le monde de Karl, « personne
n’a envie de voir des femmes rondes sur les podiums ». Waouh, mais c’est
le délire ! Mais de quoi et de qui il parle ? A l’en croire, on dirait que
Najat Vallaud-Belkacem, la ministre française des Droits de la femme, veille scrupuleusement
à l’application d’une disposition législative fictive qui impose à tous les
créateurs de mode un quota de 33 % de femmes en surpoids d’au moins 10 kg, à
tous les défilés de mode à Paris et dans toutes les villes de plus de 700 habitants
des provinces de France et de Navarre ! Tss-tss, la moquette ce n’est pas
bon pour la santé, même roulée avec de la marijuana bio. Mais bordel, que Karl
Lagerfeld nous explique quelle est la chance d’une femme ronde aujourd’hui de
passer sur un podium ? Et puis, qui
sont ces mannequins rondes insolentes qui l’ont traumatisé à un point qui
l’a poussé à sortir une niaiserie de ce calibre ? On veut des noms ! Évidemment, il n’y en a pas. Des foutaises sur toute la ligne.
En tout cas, on ne cesse de dénoncer régulièrement les
diktats de la mode, élaborés par les Karl Lagerfeld en puissance, hommes et
femmes confondus, qui imposent depuis des dizaines d’années des maigrichonnes-chétifs
sur les podiums. Si cet homme a encore
des complexes à 78 ans, que ça soit au niveau sexuel (KL est homosexuel au
cas où cela a pu échapper à certains) ou au niveau de la corpulence (KL était un
homme souffrant d'obésité sévère, il a perdu 43 kg en 13 mois en l’an 2000), cela se règle sur le divan d’un psy et non à travers un défoulement
sur les « femmes rondes ». Ce flagrant
mépris à l’égard d’une partie de la population est indigne d’un personnage
public, directeur artistique de Chanel, la prestigieuse maison parisienne de
haute couture.
Il faut dire que le
designer n’est pas à sa première grossièreté. Il y a quelques semaines dans
une émission TV (sur la chaine D8), il a expliqué avec la simplicité de tout
prétentieux à cinq centimes, que « le trou de la Sécurité sociale, c'est
aussi toutes les maladies attrapées par les gens trop gros ». Il fait plus fort que le Front
national ! Oui, les personnes en surpoids et obèses sont exposées à des maladies chroniques
(cardiovasculaires, diabète, articulaires, etc.). Et alors M. Lagerfeld, on en
fait quoi au juste de ces « gens trop gros »? Et pourquoi ne
pas dire aussi dans la foulée des niaiseries de moules marinières que « le trou
de la Sécurité sociale, c'est aussi toutes les maladies attrapées par les gens qui
ont le sida ». Et puisqu’on est
échauffé un peu dans cet eugénisme virtuel médiatique, pourquoi se gêner,
disons aussi que le trou de la Sécu, c’est aussi tout ce que nous coûtent les
vieux de son âge en consultations, en examens médicaux et en médicaments, ainsi
que tous les contrôles médicaux des femmes engrossées et toutes les saloperies de
virus que ces petits salopards de morveux attrapent au fil des ans, j’en passe
et des meilleures. Il est tout simplement lamentable.
Une plainte vient d’être déposée par l’association « Belle, ronde, sexy et je m'assume », qui est associée
au comité Miss Ronde France, contre Karl Lagerfeld pour « propos diffamatoires et discriminants ». Quand on y pense, les propos de Karl Lagerfeld sont plus que ça. Ils
sont d’une stupidité inqualifiable. Mais personnellement, je n’aurai rien fait,
à part écrire ces quelques lignes satiriques sur un personnage qui apparait
plus que jamais antipathique au plus haut degré.
Karl Lagerfeld n’est pas vraiment, comment vous dire,
un homme sympathique. En tout cas, il n’est pas attachant. Trop froid. Je le
vois bien réincarner en serpent. Étant connu pour le sens de la formule, voici un tour d’horizon du personnage pour
vous en convaincre, en quelques citations qu’il appelle pompeusement, les karlismes, regroupés dans son livre et son site internet sous la rubrique « karlism ». Alors, commençons par ce merveilleux constat. « J’ai autour de moi des gens
jeunes et beaux. J’ai horreur de regarder la laideur. » Tiens, tiens, il
est sûr et certain, qu’il ne doit pas avoir beaucoup de miroirs chez lui !
«
Je déteste avoir des conversations intellectuelles, seule ma propre opinion
m’intéresse. » Comme c’est passionnant ! Il ne manque pas d’air pour
un grand nombriliste. L’ancien obèse, comme le montre cette photo, ose balancer
à la presse à propos de la chanteuse de Rolling
in the Deep, « Le truc du moment c’est Adele. Elle est un peu trop grosse, mais
elle a un beau visage et une voix divine ». Et il penserait quoi
le bonhomme, quand il apprendra que BB le trouve un peu trop nase, même s’il
est talentueux ! Il faudra absolument que quelqu’un lui offre un miroir à Noël,
je suis sûr que ça pourrait l’humaniser un peu. « Choupette (sa chatte) est
pourrie gâtée. Deux gouvernantes s'occupent d'elle jour et nuit. Elles tiennent
un journal intime dans lequel elles notent ses moindres faits et gestes en mon
absence. » Pour rappel, KL a 78 ans quand même et dirige
trois maisons de mode ! Vous l’avez compris, on a affaire à un
narcissique-pompeux de haut calibre, comme le prouve d’ailleurs, l’adresse de
son site internet « karl.com » !
Si le directeur artistique de Chanel trouve que les femmes rondes n’ont
pas leur place sur le podium, il doit aussi accepter que beaucoup de gens trouvent
que Karl Lagerfeld himself est un personnage égocentrique, dépourvu de toute amabilité,
ayant une tête à claques, avec une tronche de cake, qui s’habille d’une façon
ringarde, parle avec un débit verbal et un accent disgracieux, semble aussi
coincé que le cul d’une nonne, et qu’en fin de compte, il ne mérite pas d’être
mis sur un piédestal par les médias français et internationaux. Et avant que je
n’oublie, pitié, qu’un bénévole se charge de lui expliquer que Halloween, ce n’est
pas tous les jours de l’année, mais c’est uniquement la veille de la Toussaint,
le 31 octobre ! Voilà c’est dit. Eh oui, il n’y a pas mieux qu’un jeu de
rôle, pour qu’il mesure la sottise de ces propos.
Le débat sur la taille des mannequins dans la mode n’est pas nouveau. On
sait depuis longtemps que la maigreur est impérative, l’anorexie est tolérée. Plusieurs reportages et documentaires, dont celui de Sara Ziff, « Picture Me : A Model's Diary »,
cinq années de travail d’un ex-mannequin qui a commencé à défiler à l’âge de
14 ans, fondatrice du syndicat américain « Model
Alliance », montrent parfaitement la
face noire du mannequinat dans les pays occidentaux. Il s’agit d’un milieu
superficiel, dans un monde déconnecté posant de multiples problèmes éthiques
concernant à la fois le travail des mineurs, l’exploitation des adolescentes, l’abus
sexuel, l’obsession du poids, etc. Les concernés n’en parlent jamais, c’est
l’omerta. Les magazines rarement, trop dépendants de la publicité des créateurs
de mode.
Question législation, sur les conditions de travail, l’Etat de New York vient d’imposer il y a quelques jours, l’obligation
que les mineurs quittent leurs lieux de travail avant minuit dans la semaine
(les jours d’école !), minuit trente le weekend. On parle du durcissement
des règles de travail des mineurs, et la protection de ces derniers contre les
abus. Lol ! Il faut dire qu’on
vient de loin. La jeune Ondria Hardin, un mannequin très recherché en ce
moment, a posé dès l’âge de 13 ans pour la marque Prada et a défilé dès l’âge
de 15 ans pour des marques comme Chanel et Louis Vuitton ! Aujourd’hui, l’âge
de ces tops-modèles est fixé à 16 ans, sauf que l’amende prévue en cas de
violation de cette règle, progressive, n’est que de 1 000 dollars. En France,
si les agences de mannequins ne peuvent pas faire défiler des filles de moins
de 16 ans, rien ne les empêchent de les recruter avant. Question poids, c’est le vide juridique et déontologique. Le
législateur semble oublier qu’à 16 ans, il s’agit encore de mineures. On se
demande par quelle logique absurde, on fait travailler des jeunes filles
mineures, et on exploite leur image, alors que le produit final s’adresse à des
adultes ! La moindre des choses que l’on puisse dire, c’est qu’il y a
tromperie sur la marchandise et publicité mensongère.
A propos, selon une
étude publiée par la revue scientifique PLOS ONE en 2012, non seulement les mannequins sont trop
maigres mais en plus, le contrôle de la silhouette et du poids, qui tourne
à l’obsession chez les femmes, surtout à l’approche des beaux jours et du sable
blanc, viendrait des podiums et des magazines.
« Il y a là une preuve qu'être
constamment entourés de célébrités via les médias contribue à faire adopter aux
jeunes filles et aux femmes des pratiques malsaines pour le corps. » Et
comment ! Surtout avec des propos tyranniques
comme ceux de Karl Lagerfeld. Et puisque j’y pense, ça fait longtemps que j’ai
envie de le lui dire. C’est ce soir ou jamais : « Mon cher Karl, il me
semble que si vous desserrez le col de votre chemise, votre cerveau sera plus irrigué,
vos neurones mieux oxygénés et vous vous porterez comme un charme. On pourra
espérer trouver moins d’aigreur et de vanité dans vos propos, plus d’humanisme
et de gentillesse. Vous comprendrez également que toutes les conneries ne sont
pas bonnes à dire, que certains propos blessent inutilement et que les
complexes des célébrités se règlent sur le divan d’un psy, pas dans les médias,
encore moins en se défoulant sur les autres. » Allez, sans rancune !
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