Vu que l’éparpillement des ordures entassées
dans les rues de Beyrouth, par les pluies diluviennes de l’automne, était totalement
prévisible, et vu que noyer le poisson et les responsabilités a toujours été un
sport national au Liban, il est important de rappeler quelques éléments basiques sur la crise des déchets qui dure depuis plus de trois mois.
1. Les
Premiers ministres Najib Mikati et Tammam Salam, ainsi que la cinquantaine de
ministres de leurs gouvernements, sont les premiers responsables de
ce désastre, sur le plan collectif, du fait qu’ils détenaient le pouvoir exécutif entre 2011 et 2015, que la problématique
était connue de longue date et qu’ils n’ont rien fait d'une « manière efficace »
pour prévenir cette catastrophe écologique et sanitaire.
2. Les
128 députés du Parlement libanais, et les partis politiques qu’ils
représentent, tous sans exception, kelloun
ye3né mazbout kelloun, sont co-premiers responsables du désastre, du
fait qu’ils détenaient pendant cette période le pouvoir législatif. Ils se sont
entendus dans de multiples domaines -la prorogation du mandat du Parlement libanais (ceux qui se sont soi-disant opposés, n'ont pas démissionné, sachant que les autres collègues effectueront la sale besogne de la prorogation et qu'ils en profiteront à coup sûr et sans état d'âme), l’attente de l’issue de l'interminable guerre en Syrie (pendant longtemps, les uns croyaient qu'elle prendraient fin lundi prochain, les autres, le vendredi d'après)
ou le vote de la libéralisation des locations anciennes à Beyrouth (pourtant en place depuis 1939)- ce qui
prouve que l’entente n’est pas impossible au Liban, quand la volonté politique
et les intérêts sont réunis.
3. Walid
Joumblatt, via les habitants de la région, ainsi que certains écologistes de la dernière pluie, sont les
seconds responsables de ce désastre, en militant pour la fermeture définitive
de la décharge de Naamé le 17 juillet 2015, alors qu’aucun plan de gestion des
ordures ménagères n’était encore mis en œuvre. C'est l'élément déclencheur de ce désastre qui a conduit à l'amoncellement des déchets dans les rues de Beyrouth et les villages du Mont-Liban.
4. Les vautours des ordures, à savoir ces entrepreneurs qui ont répondu à l'appel d'offres, dont certains sont proches de personnalités et de partis politiques libanais, organisé par le ministre de l'Environnement, Mohammad Machnouk, pour prendre la relève de Sukleen, et dont les Joumblatt ont voulu en faire partie à un moment, sont les troisièmes responsables de ce désastre, en proposant des plans de gestion des déchets à des coûts exorbitants, alors que plusieurs régions libanaises traitent leurs ordures ménagères à des prix défiant toute concurrence. Cette cupidité a conduit le gouvernement Tammam Salam à annuler purement et simplement l'appel d'offres, d'où le retour à la case de départ, ce qui nous a fait perdre de précieux mois, les mois d'été.
4. Les vautours des ordures, à savoir ces entrepreneurs qui ont répondu à l'appel d'offres, dont certains sont proches de personnalités et de partis politiques libanais, organisé par le ministre de l'Environnement, Mohammad Machnouk, pour prendre la relève de Sukleen, et dont les Joumblatt ont voulu en faire partie à un moment, sont les troisièmes responsables de ce désastre, en proposant des plans de gestion des déchets à des coûts exorbitants, alors que plusieurs régions libanaises traitent leurs ordures ménagères à des prix défiant toute concurrence. Cette cupidité a conduit le gouvernement Tammam Salam à annuler purement et simplement l'appel d'offres, d'où le retour à la case de départ, ce qui nous a fait perdre de précieux mois, les mois d'été.
5. Les
activistes de Tol3et
re7etkom ("Vous puez" / "You Stink"), sont les quatrièmes responsables de ce désastre. Fort de l'appui populaire inattendu qu'ils ont reçu, ils se sont opposés systématiquement à toute « solution pragmatique » de la crise des ordures
qui devait passer en toute logique, par la réouverture temporaire de la
décharge de Naamé. L’action menée aujourd’hui
par ce mouvement pour le nettoyage du lit de Nahr Beirout (fleuve de Beyrouth) est louable et tout à l’honneur de ceux
qui l’ont mené, mais elle arrive tardivement. Depuis le
départ, Tol3et re7etkom n’aurait jamais dû s’aventurer
sur le terrain miné des revendications politiques incohérentes et décousues, comme la réclamation d'élections législatives sans faire la moindre allusion au blocage de l'élection présidentielle et à la nécessité que ces prochaines législatives se déroulent sous une nouvelle loi électorale qui remplacerait la loi féodale de 1960, ainsi que dans des actions illégales et violentes, comme les attaques des centres de pouvoir libanais (le Sérail et le Parlement) et l'occupation du ministère de l'Environnement. Je n'ai pas pu adhérer ni aux premières ni aux dernières. Voilà pourquoi j'ai combattu farouchement la dérive politicienne de ce mouvement populaire.
6. Cette
responsabilité est partagée par le gouvernement de Tammam Salam, qui n’a pas pu et su
prendre les décisions urgentes qui s’imposaient, à temps et dans l'intérêt de l'ensemble de la population libanaise, et que j’ai abordées
à de multiples reprises au cours des trois derniers mois : OUVERTURE par la force de la décharge de
Naamé et sa PROTECTION par l’armée libanaise, ainsi que la PROROGATION du
contrat de Sukleen, la société qui était en charge du traitement des déchets à Beyrouth et dans la région du Mont-Liban et dont le contrat a expiré le 15 juillet 2015, jusqu’à la MISE EN ŒUVRE DU PLAN B, pour une gestion intelligente
des ordures ménagères au Liban, selon les normes écologiques en vigueur dans les pays développés.
7. Le
Hezbollah et Michel Aoun, sont les cinquièmes responsables de ce désastre,
le premier en bloquant la création d’une décharge dans la Bekaa, étape pourtant incontournable pour la gestion des ordures à court et à moyen termes au Liban, le
second en mélangeant tous les dossiers en suspens, entre autres, l'élection présidentielle, les
nominations sécuritaires et la gestion des ordures.
8. Moi, vous et nous tous, sommes les sixièmes et derniers responsables
de ce désastre, coresponsables mais responsables quand même, du fait de
notre production excessive de déchets. Les zones urbaines libanaises, notamment
Beyrouth, produisent près de deux fois plus d’ordures ménagères par habitant
que les zones rurales, alors qu’elles ne disposent pas de terrains pour
installer des unités de traitement des ordures ménagères et de décharges. Il est donc urgent de réfléchir avant de consommer
et de consommer d’une manière intelligente et responsable. Réduire, trier et recycler ses déchets, est devenu une question vitale pour le Liban, qui est aujourd'hui l'une des contrées les plus denses du monde, avec 4,2 millions d'habitants et 2 millions de réfugiés, sur seulement 10 452 km².
Réf.