1. Le grand vainqueur des élections
municipales libanaises à Beyrouth n’est certainement pas Lei7it el-Biyerté (LB), dont les
candidats n’ont obtenu en moyenne que 45,10% d’une minorité des voix qui se
sont exprimées (20,14%), soit au final 9,08% des 476 021 électeurs inscrits. Ce n’est
pas non plus Beirut Madinati (BM),
dont les candidats n’ont obtenu en moyenne que 30,66% de la minorité des voix
exprimées (20,14%), soit au total 6,17% des inscrits. Eh oui, le grand vainqueur
des élections municipales de Beyrouth a la victoire modeste, alors qu’il
représente une majorité silencieuse, c’est le parti des abstentionnistes. Donc,
résumons-nous, bala tabel wou zamer.
Voici les scores qu’il faut retenir, pondérés comme il se doit, dans une démocratie, et annoncés avec
décence, sans tambour ni trompette : « Majorité
silencieuse » 80% des électeurs de Beyrouth, « Liste des
Beyrouthins » 9,08%, « Beyrouth, ma ville » 6,17%, et pour les
autres, Charbel Nahas et consorts, des clopinettes. Alors, avant que les
valeureux candidats des camps du 9%, du 6% et des clopinettes ne pavoisent, ils
feraient bien de revoir leurs copies, tous. Les électeurs de Beyrouth sont
souverains. Ils ont rendu leur verdict : une écrasante majorité d’entre
eux n’ont pas été séduits par les propositions des uns et des autres. Il y a un
désaveu massif des politiciens
libanais et de la société civile, sans exception. Tout le reste n’est que palabres, 2art 7aké.
2. Pour ce qui relève des palabres justement,
notons que de nombreux compatriotes se sont offusqués du comportement des abstentionnistes, alors que ces
derniers n’avaient commis aucune infraction. Je me sens d’autant plus sensible
à la cause des abstentionnistes, que j’étais moi-même tenté par cette voie de
garage, avant de décider de soutenir Beirut Madinati, et qu’aujourd’hui
personne ne les défend. La forte abstention à Beyrouth de 80% des électeurs au
scrutin municipal est pratiquement la même
qu’en 2010. Il faut mentionner aussi qu’elle s’inscrit dans les usages
qu’on observe dans la plupart des pays démocratiques du monde : d’une
part, les élections locales (municipales) intéressent moins que les élections
nationales (législatives), et d’autre part, on se mobilise plus dans les provinces que
dans les capitales. Le Liban n’échappe donc
pas à cette double tendance démocratique, même si les chiffres sont plus
impressionnants chez nous qu’ailleurs.
Faut-il rendre pour autant le vote obligatoire au Liban pour graver dans l’esprit des éternels râleurs, comme le fait la République française, que « voter est un droit, c'est aussi un devoir civique » ? Je n’en suis pas si sûr car ça ne fait que déplacer le problème : au lieu d'avoir 80% d'abstention, on aurait 80% de vote blanc. A moins de basculer dans un système électoral totalitaire et de supprimer ces moyens démocratiques précieux, l'abstention et le vote blanc, dont dispose le peuple pour signifier à ceux qui voudraient le représenter, qu'ils ne sont pas à la hauteur. Faut-il par ailleurs, envisager de passer par un mode de scrutin proportionnel dans les élections municipales ? Pourquoi pas. Mais cela ne change rien au problème de fond posé par les résultats des élections municipales à Beyrouth cette année. Si Lei7it el-Biyerté (LB) et Beirut Madinati (BM) ont réussi à obtenir qu'une moyenne de 75,8% des 95 871 voix qui se sont exprimées, il n'en demeure pas moins que 380 150 électeurs et électrices de Beyrouth ne se sont pas rendus aux urnes pour donner leur approbation à l'une ou à l'autre liste. Ainsi, même avec une bonne dose de proportionnelle, un Conseil municipal où siégeraient des élus de LB et de BM, n'aurait représenté que 15% des électeurs de Beyrouth. Dans tous les cas, il y aurait eu un problème de représentativité, donc de souveraineté. Ce qu’il faut impérativement améliorer après ce scrutin, c’est la citoyenneté du côté des électeurs et l’offre démocratique du côté des candidats. Vaste programme.
Faut-il rendre pour autant le vote obligatoire au Liban pour graver dans l’esprit des éternels râleurs, comme le fait la République française, que « voter est un droit, c'est aussi un devoir civique » ? Je n’en suis pas si sûr car ça ne fait que déplacer le problème : au lieu d'avoir 80% d'abstention, on aurait 80% de vote blanc. A moins de basculer dans un système électoral totalitaire et de supprimer ces moyens démocratiques précieux, l'abstention et le vote blanc, dont dispose le peuple pour signifier à ceux qui voudraient le représenter, qu'ils ne sont pas à la hauteur. Faut-il par ailleurs, envisager de passer par un mode de scrutin proportionnel dans les élections municipales ? Pourquoi pas. Mais cela ne change rien au problème de fond posé par les résultats des élections municipales à Beyrouth cette année. Si Lei7it el-Biyerté (LB) et Beirut Madinati (BM) ont réussi à obtenir qu'une moyenne de 75,8% des 95 871 voix qui se sont exprimées, il n'en demeure pas moins que 380 150 électeurs et électrices de Beyrouth ne se sont pas rendus aux urnes pour donner leur approbation à l'une ou à l'autre liste. Ainsi, même avec une bonne dose de proportionnelle, un Conseil municipal où siégeraient des élus de LB et de BM, n'aurait représenté que 15% des électeurs de Beyrouth. Dans tous les cas, il y aurait eu un problème de représentativité, donc de souveraineté. Ce qu’il faut impérativement améliorer après ce scrutin, c’est la citoyenneté du côté des électeurs et l’offre démocratique du côté des candidats. Vaste programme.
3. Ce faible taux de participation aux élections municipales à Beyrouth, près de 20% (il n’a jamais été de 6% à
Achrafieh, soit dit au passage), n’est pas glorieux ni pour la démocratie
libanaise ni pour l’ensemble des Libanais. Il montre à quel point le devoir civique est relégué au second plan, l’offre politique est médiocre et
l’émancipation démocratique n’est pas comprise, appréciée et méritée. Le
problème que pose un taux aussi faible, c’est qu’il entache la victoire électorale de la coalition des partis
politiques libanais, « Lei7it el-Biyerté », et la légitimité même du
Conseil municipal. Pas la légalité, nuance, car nul n’est censé ignoré la loi
et ses règles démocratiques. Le respect de celles-ci ne peut être remis en
cause sous aucun prétexte. Ce faible taux de participation pose aussi un
problème éthique grave. Les 21 costards et les 3 tailleurs qui gouverneront la
ville, auront
tout le loisir de disposer jusqu’à 3,4
milliards de dollars d’argent public, à dépenser sur six ans, alors qu’ils ne
représentent en gros, que 9% des contribuables de la ville ! Eh bien, chers élus, toutes mes
félicitations pour cette terne victoire. Mais, sauf votre respect, vous ferez
mieux de ne pas trop pavoiser, 91%
des Beyrouthins n’ont ni de sympathie pour vous ni d’affinité pour votre
feuille de chou qui a fait office de programme électoral. Comme capital de
départ, c’est bien maigre. Il va falloir travailler beaucoup pour vous tailler une bonne
image.
4. La forte abstention prouve avant tout
que les nouveautés de ce millésime électoral, Beirut Madinati et Charbel Nahas, n’ont globalement pas changé la donne.
Certains compatriotes ont été si abusés par les partis politiques libanais
depuis la nuit des temps, qu’ils ne croient plus au changement, même quand des
candidats honnêtes et motivés se présentent devant eux. A tort ou à raison, une
frange de Beyrouthins se méfient des phénomènes éphémères après la mésaventure
Tol3et Re7etkom. Un tel constat démontre aussi que la prétention de Beirut Madinati et de Charbel Nahas, de pouvoir se
substituer aux partis politiques traditionnels, dans un pays fortement
communautaire et clanique, relevait de la gajeure, voire de la naïveté. En
réalité, Beirut Madinati a bel et bien réussi un exploit, en mobilisant une
frange de l’électorat beyrouthin pour son programme, un vrai, comparé à la
feuille de chou de leurs adversaires. Mais ceci n’a pas beaucoup augmenté la
participation générale par rapport à 2010, car cette mobilisation s’est
accompagnée d'une abstention forte dans l’électorat des partis politiques
traditionnels.
5. Eureka ! J’ai fini par trouver d’où
vient le chiffre des 60% attribué à Beirut Madinati dans la 1re circonscription. Ses
auteurs ont considéré que près de 3 000 voix exprimées à Achrafieh, Saïfi et Rmeil, mais qui ne sont pas allées à BM &
LB, comptent pour des prunes, alors que le total des voix exprimées dans ses
quartiers n’est que de 18 500 électeurs. N’en parlons pas de celles des
abstentionnistes ! Bon, remettons les pendules à l’heure. Oui, la liste « Beyrouth, ma ville » a
réalisé une belle performance dans cette circonscription, considérée à tort par certains comme « son bastion » et qui englobe les
quartiers chrétiens de la capitale. Mais, le mouvement n’a eu que 49,66% des voix exprimées, càd il n’a
pas obtenu la symbolique majorité relative. Pire encore, rapporté au nombre des
électeurs inscrits dans la 1re circonscription, BM n’a pas dépassé
la non moins symbolique barre des 10%. La liste a finalement séduit 9,92% des inscrits de la 1re circonscription. L’ironie de l’histoire
est que le soi-disant rouleau compresseur, Lei7it el-Biyerté, ne fait guère mieux dans
« son fief », à cause surtout des abstentionnistes. En effet, si on considère que la 3e circonscription de
Beyrouth (Msaïtbé, Mazer3a, Rass Beyrouth...), qui est à majorité sunnite,
comme étant le bastion de la « liste des Beyrouthins », celle
composée par Saad Hariri/Futur, on remarque que la large coalition des partis
politiques ne récolte finalement que 45,10%
des voix de ceux qui sont allés aux urnes. Là aussi, on ne dépasse pas la
symbolique majorité relative des voix exprimées, on est même en dessous de la
barre symbolique des 10% des électeurs
inscrits (9,08% pour être
précis).
Toujours est-il que dans la conférence de presse tenue le mardi 10 mai, Ibrahim Mneimné a annoncé que « (la liste Beirut Madinati) a obtenu 40% des voix ». Là aussi, comme beaucoup de médias, il a décrété que les 23 237 voix qui se sont exprimées mais qui sont allées vers Charbel Nahas et consorts, ainsi que les votes blancs et les bulletins annulés, ne comptent tout simplement pas, alors que ce chiffre est d'un ordre de grandeur comparable au score moyen de la liste outsider à Beyrouth. Ye3né, la liste "Beyrouth ma ville" n'a 40% des voix que si, et seulement si, on tient compte uniquement que des voix de Beirut Madinati (moyenne de 29 395 voix) et de Lei7it el-Biyerté (moyenne de 43 239 voix), soit au total 72 634 voix, en éliminant tout le reste (23 237 voix pour Nahas, les autres listes, le vote blanc, etc.). Ce qui est inconcevable. Avec 29 395 voix en moyenne sur un total de 95 871 voix exprimées, Beirut Madinati n'a en réalité que 30% des voix de celles et ceux qui se sont rendus aux urnes à Beyrouth et non 40% comme il se dit et ils le disent. Et là c'est grave car non seulement on ne prend pas en compte les voix des abstentionnistes, mais pire encore, on néglige même une partie de celles qui s'expriment. Au final, on peut dire que LB a obtenu 45% des voix exprimées dans les urnes (et non 60%), BM 30% (et non 40%) et le reste 25% (et non 0%!). Qui veut gérer les comptes publics doit commencer par apprendre à tenir une bonne comptabilité électorale.
Toujours est-il que dans la conférence de presse tenue le mardi 10 mai, Ibrahim Mneimné a annoncé que « (la liste Beirut Madinati) a obtenu 40% des voix ». Là aussi, comme beaucoup de médias, il a décrété que les 23 237 voix qui se sont exprimées mais qui sont allées vers Charbel Nahas et consorts, ainsi que les votes blancs et les bulletins annulés, ne comptent tout simplement pas, alors que ce chiffre est d'un ordre de grandeur comparable au score moyen de la liste outsider à Beyrouth. Ye3né, la liste "Beyrouth ma ville" n'a 40% des voix que si, et seulement si, on tient compte uniquement que des voix de Beirut Madinati (moyenne de 29 395 voix) et de Lei7it el-Biyerté (moyenne de 43 239 voix), soit au total 72 634 voix, en éliminant tout le reste (23 237 voix pour Nahas, les autres listes, le vote blanc, etc.). Ce qui est inconcevable. Avec 29 395 voix en moyenne sur un total de 95 871 voix exprimées, Beirut Madinati n'a en réalité que 30% des voix de celles et ceux qui se sont rendus aux urnes à Beyrouth et non 40% comme il se dit et ils le disent. Et là c'est grave car non seulement on ne prend pas en compte les voix des abstentionnistes, mais pire encore, on néglige même une partie de celles qui s'expriment. Au final, on peut dire que LB a obtenu 45% des voix exprimées dans les urnes (et non 60%), BM 30% (et non 40%) et le reste 25% (et non 0%!). Qui veut gérer les comptes publics doit commencer par apprendre à tenir une bonne comptabilité électorale.
6. La performance de Beirut Madinati dans
la 1re circonscription, ainsi que la dilution des voix chrétiennes
dans la marre électorale musulmane de la 2e et 3e circonscription de Beyrouth, ont rapidement poussé certains électeurs des
communautés chrétiennes d’Achrafieh à vouloir diviser la capitale libanaise en arrondissements. Du côté des
communautés musulmanes, certains électeurs ne se sont pas gênés pour critiquer sévèrement
la stratégie de Saad Hariri, héritée de son père Rafic Hariri, et exiger d’en finir avec cette parité islamo-chrétienne
dans le Conseil municipal, comme elle l’est au Parlement libanais, et qui
constitue le fondement même de la nation libanaise. Ces deux dérives communautaires, qui se nourrissent l’une de l’autre, sont
particulièrement inquiétantes pour la coexistence islamo-chrétienne au Liban.
7. Entrons maintenant dans le vif du
sujet. La forte abstention aux élections
municipales de Beyrouth a des raisons multiples. Il est primordial de bien
les cerner afin d’éviter à l’avenir de réitérer une telle mésaventure
démocratique. Il y a trois tendances générales.
Dans cette abstention de 80% des électeurs, il faut voir d’abord un rejet massif des Beyrouthins de la chose politique incarnée par les partis politiques traditionnels : Courant du Futur, Forces libanaises, Kataeb, Tashnag, Courant patriotique libre et Amal, mais aussi Hezbollah et Parti socialiste progressiste. Les partis politiques n’ont convaincu que 9,08% des électeurs inscrits de voter pour eux à Beyrouth. C’est un désastre électoral.
Dans cette abstention de 80% des électeurs,
il faut voir ensuite un rejet de
l’élitisme incarné par Beirut Madinati, la coqueluche des médias. Une
communication abusivement axée sur « la haute expertise » des
candidats, parallèlement au fait que ces derniers n'étaient pas connus de la
population et qu’ils sont restés inconnus pour la majorité, a produit l’effet inverse de
ce qui était escompté. Ce rejet a été rendu encore plus fort par le fait qu’une
frange des partisans donnait une certaine image du mouvement
-apolitique, intellectuel, showbiz, bobo ou snob- qui n’était pas de nature à séduire la masse populaire.
Dans cette abstention de 80% des électeurs,
il faut voir enfin un rejet de la lutte
ringarde incarnée par Charbel Nahas qui a beaucoup peiné à constituer une
liste complète et qui n’a gagné en fin de compte que des clopinettes sur le plan électoral.
8. L’abstention
du millésime 2016 est également caractérisée par trois autres facteurs.
- Primo, par le rejet de la base musulmane sunnite, qui constitue la majorité de
l’électorat beyrouthin, de la politique suivie
par Saad Hariri sur le plan
national, notamment à l’égard du Hezbollah, qui a conduit le chef du
Courant du Futur, un homme qui s’est auto-exilé alors qu’il n’est pas plus
menacé que Samir Geagea ou Achraf Rifi par exemple, de
concession en concession, à ouvrir un dialogue bilatéral avec ceux qui sont
accusés par le Tribunal Spécial pour le Liban de l’assassinat de Rafic Hariri
et ceux qui sont à l’origine des événements tragiques du 7-Mai (2008), ainsi
qu’à la signature de l'accord de Doha et à l’adoption de la candidature d’un politicien pro-syrien/pro-hezbollah
notoire comme Sleimane Frangié à l’élection présidentielle. Même si la rue sunnite ne lâchera
jamais Saad Hariri, elle gronde et elle le fait bien savoir.
- Secundo, par le rejet d’une frange de Beyrouthins, de toutes tendances
politiques et appartenances communautaires confondues, d’une coalition de partis politiques, qui n’est pas fichus de
résoudre une crise des déchets en 9 mois, d’élire un président de la République
depuis 2 ans, d’organiser des élections législatives en 4 ans, de voter une loi
électorale moderne depuis 7 ans, mais qui
s’entend parfaitement en quelques jours svp, à se partager le gâteau municipal
et à parachuter comme chef de leur liste électorale un certain Jamal Itani,
l’ex-président du Conseil du développement et de la reconstruction (2002-2004),
grand entrepreneur qui a travaillé en Arabie saoudite et en Jordanie, et qui a été nommé par Solidere, la société très controversée qui est
responsable du développement et de la reconstruction du centre de Beyrouth, comme
« directeur
général des opérations », dans la plus grande
discrétion en avril 2014. Les Libanais n’ont toujours pas compris
à quoi pouvait bien correspondre ce titre obscur. Et avant que je n’oublie, les
Beyrouthins ne savent toujours pas si le futur président de leur municipalité,
l’homme qui va façonner Beyrouth à sa guise et décider comment dépenser jusqu’à
3,4 milliards de dollars d’argent public, a démissionné de son poste dans cette
société cotée en bourse. Bienvenue au
Liban et dans un mélange des genres suspicieux. Et l’on
s’étonne encore du taux d’abstention !
Tract appelant les natifs d'Achrafieh à boycotter les élections municipales |
. rejet de la base chrétienne du parti des
Forces libanaises de l’alliance entre Samir Geagea et Michel Aoun, et vice
versa (mais à Achrafieh-Rmeil-Saïfi, c’est surtout dans le 1re sens), qui
ne cesse de montrer ses limites ;
. rejet de la base chrétienne des Kataeb
d’être mise à l’écart des ententes FL-CPL ;
. rejet de la base sunnite du Futur de
l’alliance entre Saad Hariri et Samir Geagea (à qui, on n’a pas pardonné sa
nouvelle alliance avec Michel Aoun, l’homme qui n’a jamais dévié de son
positionnement du côté du Hezbollah et du régime syrien) ;
. rejet de la base chrétienne FL des
orientations stratégiques du Futur (positionnement contre les FL dans la
présidentielle et dans les municipales à Zahlé) ;
. rejet de la base aouniste de tout rapprochement
avec le haririsme, surtout sous l'étendard d'un homme de Solidere ;
. rejet de la base haririste de tout
rapprochement avec le aounisme, qui reste bien ancré dans le camp du 8-Mars;
. rejet de la base druze de l’alliance
Hariri-Geagea-Aoun ;
. rejet de la base chiite de tout ce qui ne relève pas du tandem Hezbollah-Amal ;
. rejet de la base chrétienne de la 1re
circonscription de l’alliance des grands partis chrétiens FL-CPL-Kataeb-Tachnag au détriment
de certains natifs d’Achrafieh (notamment dans l’élection des maires) ;
. et j’en passe et des meilleurs. Alors, ça
ira ou je continue ?
9. D’autres facteurs n’ont pas encouragé
les électeurs de Beyrouth à se mobiliser et ont contribué à élever le taux d'abstention.
. Le beau temps et le barbecue dominical ! Non, je blague. Quoique...
. Le beau temps et le barbecue dominical ! Non, je blague. Quoique...
. Le
fatalisme d’une frange de Beyrouthins qui ne voient pas la nécessité de participer
à des élections dont les résultats sont connus d’avance.
. L’esprit
râleur de certains Libanais, qui passent le plus clair de leur temps à rouspéter, mais qui
se dérobent quand il faut s’engager et traduire leur soutien.
. L'émigration nationale et internationale d'une frange des électeurs beyrouthins.
. L'émigration nationale et internationale d'une frange des électeurs beyrouthins.
. L’incapacité
de toute l’offre électorale à persuader l’écrasante majorité des Beyrouthins,
qu’elle peut apporter des réponses concrètes à leurs questionnements et des
solutions réalistes à leurs problèmes.
10. On peut dire encore beaucoup de choses
sur l’abstentionnisme beyrouthin. Dans une
campagne électorale, il faut donner de l’espoir aux gens, se positionner d’une
manière tranchée et réaliste, tout faire pour se distinguer de ses adversaires.
Promettre à la population de leur créer des jardins
publics est très attrayant, mais tout le monde l’a fait. En plus, cela ne
veut rien dire en pratique. On veut faire gober aux gens que demain on va créer
100 jardins publics dans la capitale libanaise, alors qu’on ne peut même plus
garer une voiture dans cette ville ? Non. Par contre, s’engager à offrir
aux Beyrouthins des arbres devant leurs immeubles et leurs fenêtres, ça, c’est
une idée qui parle aux gens. Quoi d’autres ? Ah tenez, tout ce qui manque
aux Beyrouthins aujourd’hui, c’est la création de pistes cyclables et l’installation
d’internet dans les espaces publics ? Non. Les Beyrouthins sont préoccupés par le bruit et la pollution, deux thèmes
totalement absents des programmes, mais aussi par les embouteillages, un véritable casse-tête, et surtout par le logement, le cauchemar des résidents de la capitale libanaise. Si « Beyrouth, ma ville » a abordé ce
dernier sujet, la liste ne s’est pas engagée clairement contre la libéralisation des
loyers anciens (voulant ménager propriétaires et locataires), pour la
construction de logements sociaux dans tous les quartiers de la ville (et non
en banlieue uniquement) et contre le pullulement des tours hideuses (point absent du
programme). Voilà des thèmes populaires ! Le
pire c’est du côté de la « liste des Beyrouthins », qui n’a même pas jugé
utile d’aborder ni le sujet des locations anciennes ni même le sujet du
logement en général. Le logement à Beyrouth ? Pas un mot. Beaucoup de Beyrouthins n'en reviennent pas. Quoi de plus normal, puisque
ce sont les mêmes partis politiques qui composent la liste de Jamal Itani, qui
ont le culot de prétendre défendre les Beyrouthins, qui ont voté à l’unanimité la libéralisation des loyers anciens à
Beyrouth il y a deux ans, afin d'offrir la ville aux promoteurs sans scrupules. Qu’est-ce que
vous voulez comme symbole plus fort que le parachutage de Jamal Itani
justement, l’homme de la société Solidere, à la tête de la municipalité de Beyrouth ?
Eh bien, croyez-moi on va bientôt regretter Bilal Hamad. Et l’on s’étonne
encore de l’abstentionnisme des Beyrouthins ! Mais enfin, Beirut Madinati n'a pas compris que pour attirer les électeurs et gagner des
élections, il fallait engager des batailles électorales ! Epargner l’équipe sortante de Bilal Hamad,
qui n’a même pas était capable de mettre un site internet à la disposition des
Beyrouthins ou de leur avouer quel est le budget qu’elle dépense (plus d’un
milliard de dollars en 2 ans !), et
de l’équipe entrante de Jamal Itani, au CV éloquent et aux connexions
troubles, n’ont pas permis pour autant de gagner davantage la confiance de la
rue sunnite. Désolé, mais la tiédeur politique
ne mobilise pas les masses.
11. La maturité démocratique exige des
coqueluches d’un temps, qu’ils s’intègrent dans l’échiquier politique, s’ils
veulent faire le printemps et s’inscrire dans l’action pérenne. Il faut se
souvenir que la politique c’est un éternelle recommencement, c’est la capacité
de rebondir malgré l’échec électoral, c’est la renaissance perpétuelle. Si l’on
est sérieux et sincère, l’engagement
politique doit s’inscrire dans le développement durable. Autant que les
propositions, c’est aussi la persévérance des candidats qui peut déboucher un
jour sur la confiance massive des électeurs. Toujours est-il que le nouveau Conseil municipale de Jamal
Itani doit demeurer sous le feu nourri de la critique, du moins le mien, surtout
qu’il ne représente qu’à peine 9% des électeurs de Beyrouth.
12. Les
élections municipales se sont très bien déroulées, sans incidents majeurs ni
à Beyrouth ni dans la Bekaa, ce qui
prouve que le report des élections législatives et l’autoprorogation du
mandat parlementaire, d’un mandat entier de 4 ans, sous le prétexte bidon de l’insécurité
à Beyrouth et dans la Bekaa justement, était
un abus caractérisé des députés libanais pour lequel ils devraient être
sanctionnés par les électeurs. Il résulte d’une entente honteuse entre les partis politiques
pour échapper à leurs responsabilités : mettre fin à la loi électorale
de 1960 et élaborer une nouvelle loi électorale. Vu la cuisante défaite infligée par les Beyrouthins aux partis
politiques traditionnels, je doute sérieusement que les Libanais auront une loi
électorale moderne et représentative pour remplacer la loi archaïque dite de
1960 et même des élections avant le 20 juin 2017, s'ils ne se battent pas pour cela. C’est dire combien la
bataille sera dure les prochains mois, si nous voulons renouveler la classe
politique que nous avons actuellement. Qui veut prendre sa revanche après ces municipales
décevantes, doit se préparer dès aujourd’hui à la bataille des législatives.