samedi 11 janvier 2014

Quand Abou el-Abed et Crocodile Dundee ne font plus qu’un (Art.205)


Décidément, on dirait que c’est la semaine internationale des crocodiles au Liban ! Ils se sont donnés le mot. Jem3it el tmessi7 bé lébnènn. Et BB votre obligé devient pour l’occasion et par la force des choses, le grand rapporteur de leurs mésaventures au pays du Cèdre.
  
A peine nous nous sommes remis de nos émotions après la réapparition d’un des nombreux crocodiles qui se la coulent douce dans les eaux de Nahr Beyrouth -ma7adann fadilo, personne n’en a cure ni aux ministères de l’Environnement et de l’Agriculture, ni à la Défense civile, ni à la municipalité de Beyrouth- voilà qu’on apprend qu’un autre reptile fut découvert avant-hier dans une décharge située entre Qana et Bint Jbail, non loin du village de Tebnine, à une quinzaine de kilomètres de Tyr. Une présence comme un pied de nez à l’armée libanaise, à la Force intérimaire des Nations Unies au Liban et en violation de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations-Unis.

Sur le coup, je voyais ça venir. Ils vont encore nous repasser le disque de l’aigle de Bonelli. La bête n’est rien d’autre qu’un crocodile espion israélien ! On connait la chanson. Voyons, quel animal pourrait représenter cet Etat agressif mieux que ce reptile, hein ?

Eh bien non, il n’en a rien était. Dans un premier temps, nous avons eu droit plutôt à une drôle d’histoire, une sorte de mixage de personnages, où à l’arrivée Crocodile Dundee et Abou el-Abed ne faisaient plus qu’un. Un chasseur du coin aurait surpris un reptile géant dans une décharge, et aurait réussi à le tuer malgré la férocité dont la bête était capable, allant sans doute à rêver qu’une belle blonde surgirait de la terre sainte de Qana, impressionnée par cette expression pure d’une virilité rare de nos jours, se jetterait à ses pieds et le supplierait de prendre le rôle de Paul Hogan et de la suivre à New York comme dans ce film culte des années 80.

Tout aurait pu aller pour le mieux dans le meilleur des mondes si quelques heures plus tard, la NNA, l’Agence nationale de l’information, ne s’était pas chargée de briser le rêve d’Abou el-Abed et la mythologie de notre Crocodile Dundee. On apprend de l’agence libanaise à travers une dépêche tardive dans la soirée que le crocodile en question vivait dans le jardin d’un notable du Sud-Liban. Certains prennent des chats, d’autres des chiens, notre nouveau-riche-sudiste-notable, fawkass sur un crocodile. On découvre aussi que c’est parce que le reptile est mort que le propriétaire a demandé au gardien de la résidence de se débarrasser du cadavre de l’animal dans la décharge de Tebnine. A l’arrivée, la tentation était grande pour ce sympathique Abou el-Abed du Sud de se faire passer pour Crocodile Dundee, comme l’atteste cette photo souvenir. Eh oui, les paroles s’envolent, les photos comme les écrits, restent.

Toujours est-il, il va falloir que l’Etat libanais se décide quand même à constituer une commission d’investigation et d’enquête, je me porte volontaire, pour comprendre pourquoi le pays du Cèdre, la Suisse de l’Orient, où coulaient jadis le lait et le miel, attire à ce point ces antipathiques reptiles, des tueurs à sang froid, dans les eaux libanaises ? Est-ce que c’est à force de voir des éléphants roses volés dans l’espace aérien libanais et d’avaler des couleuvres en tout genre à longueur de journée, que certains prennent au pied de la lettre le terme, témsa7na, et ils se sont crocodilisés?  Une piste à explorer.

En tout cas, je remercie ces reptiles de m’avoir donné deux occasions pour exprimer indirectement mon désintérêt absolu des palabres autour de la formation du nouveau gouvernement, qui à l'en croire certains, serait la panacée. Pour s’inspirer d’Abou el-Abed, disons que la morale de l’histoire est double. El chabibé déïmann la2tinn elmchklé men danaba, certains ont tendance à attraper le problème toujours par la queue. Alors, méfiez-vous des apparences !


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