Il est toujours intéressant de revenir sur
les événements. Souvenez-vous, alors que le feuilleton de l’été, « Le
burkini », occupait la France, il y a eu une rixe sur une plage de Sisco en
Corse dans l’après-midi du 13 août, entre un groupe de baigneurs marocains, une
douzaine d'individus de la même famille, et un groupe de natifs corses, une
centaine de personnes au paroxysme de l’affrontement. Il n’a fallu qu’un mois à la justice
française pour établir les faits et les responsabilités. Et encore, le procès devait avoir lieu quelques jours seulement après les faits, mais il a été reporté à la demande des avocats de la famille maghrébine. En tout cas, la justice vient de rendre
son verdict le vendredi 16 septembre à l’aube, concernant les cinq personnes
poursuivies, au terme de 12 heures d'audience, au moment même où les arrêtés anti-burkini prenaient fin. L’enquête
et le procès furent très instructifs, comme le montrent les cinq éléments
suivants.
1. Les éléments déclencheurs : des
hommes maghrébins qui s’approprient une plage et des femmes maghrébines qui se
baignent en mer habillées.
2. Le casus belli : la prise de
« photos » par un touriste belge, puis par un jeune corse, qui a
irrité la famille maghrébine. « Pas de
photos ici, dégage ou sinon je monte ! »
3. L’étincelle : un échange entre Mustapha,
Marocain, 33 ans, « On n'est pas des
singes ! », et Jerry, Corse, 18 ans, «
Ferme ta gueule ! »
4. Le basculement : il s’opère quand Mustapha
se sert d’un couteau contre Jerry (le jeune échappe au coup qui le visait, mais il
sera frappé et blessé au visage) et lorsqu’un des Maghrébins lance un harpon
contre le père de ce dernier (qui sera blessé au thorax).
5. L’huile sur le feu : une foule
corse qui veut en découdre avec la famille maghrébine, une amie de Jerry qui affirme
avoir entendu les Maghrébins dire « on
va engrosser vos femmes et vos filles », les « Allah wou akbar », des jets de pierre et des coups de
poing mutuels, des pneus de voitures de villageois corses crevés, un coup de
pied à la tête d’un des frères maghrébins alors qu’il est au sol, un coup de
poing à l’un des frères maghrébins blessé alors qu’il est sur une civière (donné
parce que celui-ci faisait des « signes
d’égorgement »!), des voitures de la famille maghrébine incendiées, Mustapha
qui tente de prendre le pistolet d’un gendarme, etc.
Dans ce sillage, il est intéressant de
revenir aussi sur la couverture médiatique de l’incident. Quelques heures après
les faits, Edwy Plenel était tout fier d’annoncer sur Twitter que « l’enquête de Mediapart contredit le
récit dominant des affrontements de Sisco » rédigé d’après le
témoignage d’une jeune fille ayant assisté à la scène, mais du côté corse. En
réalité, l’enquête du site Mediapart fut construite d’après le témoignage de « l’un des hommes impliqués dans les affrontements »,
l’un des frères maghrébins en réalité. L’ironie de l’histoire c’est que la
version de Mediapart a été aussitôt contredite par le procureur de la
République et plus tard, avant-hier, par le tribunal correctionnel de Bastia. Eh oui, la recherche de
la vérité ne passe pas forcément par la course au scoop et la défense aveugle des "gentils immigrés" contre les "méchants français". Les Corses impliqués dans cette affaire ne se sont pas comportés
comme des anges, encore moins les Marocains ! Si chacun avait fait ce qu’il avait
à faire, sur la plage et dans les médias, sans paranoïa et provocation, loin de
l’esprit de caïd et de domination, avec discrétion et professionnalisme, tout
serait allé pour le mieux dans le meilleur des mondes.
A défaut, d’un côté, Mustapha Benhaddou a
été condamné à la peine la plus lourde, deux ans de prison ferme, et ses deux
frères à six mois de prison avec sursis, et de l’autre côté, les deux Corses violents ont écopé respectivement de huit et de douze mois de prison avec sursis.
Voilà un fait divers somme toute banal, qui a pris des proportions inimaginables et qui aurait pu se terminer dans un grand drame insulaire et national, à cause de la stupidité d’une poignée d’hommes et de femmes. Justice a été rendue et rapidement. Deux éléments essentiels d’un Etat de droit. C'est la principale leçon de ce procès : personne n'est au-dessus de la loi en France, que l'on soit Maghrébin ou Corse. La justice française a pour la énième fois opposé une fin de non-recevoir à la « dérive communautaire » des esprits et de la société. On ne peut que s'en féliciter.
Voilà un fait divers somme toute banal, qui a pris des proportions inimaginables et qui aurait pu se terminer dans un grand drame insulaire et national, à cause de la stupidité d’une poignée d’hommes et de femmes. Justice a été rendue et rapidement. Deux éléments essentiels d’un Etat de droit. C'est la principale leçon de ce procès : personne n'est au-dessus de la loi en France, que l'on soit Maghrébin ou Corse. La justice française a pour la énième fois opposé une fin de non-recevoir à la « dérive communautaire » des esprits et de la société. On ne peut que s'en féliciter.