Comme
c'était prévisible, le président des Etats-Unis a décidé de se
retirer de l'accord sur le climat conclu à Paris dans le cadre de la
COP21. La décision de Donald Trump est suffisamment grave qu'elle
suscite un tollé médiatique et quinze réflexions.
1.
L'ACCORD INTERNATIONAL SUR LE CLIMAT : UNE DÉCLARATION DE L'ETAT D'URGENCE SUR TERRE
L'Accord sur le climat concerne l'engagement de 194 pays du monde (plus l'Union européenne), le 12 décembre 2015, à prendre des mesures efficaces à l'avenir « en contenant l'élévation de la température moyenne de la planète nettement en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels et en poursuivant l'action menée pour limiter l'élévation de la température à 1,5 °C » (Article 2).
Il
faut bien dire qu'il est urgent d'agir. Nous sommes à 0,85 °C déjà. Si on ne fait rien, nous aurions jusqu'à 4,6 °C de plus à
la surface du globe terrestre à la fin du 21e siècle, par rapport à
la fin du 20e siècle. Continuer comme si de rien n'était et les
conséquences seront dramatiques et irréversibles pour tous: fonte des
glaces, montée des eaux, acidification des océans, augmentation des
précipitations (en Amérique et Europe du Nord), inondations,
canicules, sécheresse (en Méditerranée), disparitions d'espèces,
déplacements de populations, rendement agricole abaissé, sécurité
alimentaire menacée, etc.
2.
LES CONSÉQUENCES DU CHANGEMENT CLIMATIQUE SUR LA PLANÈTE BLEUE, NOTAMMENT AU LIBAN
Le
changement climatique aura trois conséquences certaines, concrètes
et majeures pour tout le monde. Il affectera les températures, les
précipitations et le niveau des eaux. Le Liban sera affecté de
plein fouet. D'une part, il pleuvra moins dans notre contrée,
entrainant de graves problèmes d'approvisionnement en eau douce et
de distribution d'eau potable. Déjà qu'on n'est pas gâtés. Au
pays où coulaient jadis le lait et le miel, ça la fout mal. Nous
connaitrons par ailleurs des épisodes de canicules de plus en plus
tôt et de plus en plus long. Qui dit chaleur, dit climatiseur, d'où
une hausse astronomique de la consommation électrique. Là aussi,
déjà qu'on n'est pas gâtés. Ce n'est pas une Fatmagül Sultan qu'il va nous falloir, mais des douzaines de centrales électriques flottantes.
Toujours
est-il que la plus spectaculaire conséquence pour l'ensemble des
pays de la Planète bleue sera la montée des eaux. Toutes les
régions côtières, des îles entières et de grandes villes dans le
monde, dont Venise, Amsterdam, Londres, Hongkong, Tokyo,
Sydney, Bombay, Singapour, Alexandrie, Rio, Buenos Aires, Miami ou
même New York, sont menacées à long terme d'être englouties en grande ou en petite partie par les eaux. A 2 °C, scénario optimiste, les
océans monteront de 4,7 m et engloutiront des terres actuellement
peuplées par 280 millions de personnes. A 4 °C, scénario
pessimiste, les océans
monteront de 8,9 m, un tiers de la biodiversité périra et l'humanité devra faire face à plus de 600
millions « de déplacés et de réfugiés climatiques ».
Les simulations photographiques réalisées par l'organisation américaine Climate Central, concernant les villes de Londres, Sydney et New York, et insérées dans cet article, font vraiment froid dans le dos.
Les simulations photographiques réalisées par l'organisation américaine Climate Central, concernant les villes de Londres, Sydney et New York, et insérées dans cet article, font vraiment froid dans le dos.
Au
Liban, la Méditerranée pénétrera dans Beyrouth, Tripoli, Jounieh, Saïda, Jbeïl et Tyr. Dans la capitale libanaise, l'eau arrivera au niveau de la rue d'Arménie, mais aussi aux avenues Pierre Gemayel et Emile
Lahoud ; les fêtards de Mar Mikhaël pourront siroter leur Blue lagoon les
pieds dans l'eau ; on pourra faire de la plongée du côté du Biel ;
Zeitouneh Bay rejoindra l'Atlantide ; les étudiants de l'AUB
pourront faire quelques longueurs sans quitter le campus
universitaire ; notre Raouché national diminuera de taille ; la plage de Ramlet el-Baïda se vengera du protégé de Monsieur et de son projet pompeux Eden Rock Resort et la
piste ouest de l'aéroport Rafic Hariri sera inutilisable à moins
de recourir aux hydravions. Et ce n'est pas tout. Une partie de
l'autostrade littoral baignera dans l'eau ; les avenues de Paris et
de Charles Helou seront totalement englouties ; près de Dora et de
Bourj Hammoud il faudra utiliser les vieux vaporettos importés de
Venise qui n'en aura plus besoin, puisque la Cité des Doges aura disparue ; les dépenses engagées pour de
nouveaux ponts sur l'autoroute côtière et pour le nouveau port de
Jounieh, relèveront du gaspillage de l'argent public puisqu'ils ne
serviront plus à rien et à personne, à part les poissons ; on retrouvera Nader Saab, le roi du botox, réfugié en haut d'un de ses panneaux publicitaires ; la marina de Dbayé, he he he, c'était une bonne idée, mais tant d'effort pour rien aussi, la mer
reprendra ses droits ; les prostituées de Maameltein devront racoler
un peu plus haut ; les dernières terres agricoles de Tabarja
serviront de rizières à un riz résistant à l'eau salée ; Eddé
Sands et leurs friends devront installer leurs lits de plage sur
le bitume de l'actuel autostrade ; et j'en passe et des meilleures.
Vous trouverez ci-dessous la simulation cartographique de Climate Central pour les côtes libanaises, notamment à Beyrouth.
Vous trouverez ci-dessous la simulation cartographique de Climate Central pour les côtes libanaises, notamment à Beyrouth.
3. S'OCCUPER DES GAZ À EFFET DE SERRE OU DU MAIRE DE LONDRES, TRUMP SAIT CHOISIR
Au niveau du climat, tous les voyants sont déjà au rouge sauf pour le grand bouffon de la Maison Blanche. Malgré ce contexte alarmant, Donald Trump trouve quand même que c'est le moment idéal pour annoncer le retrait des Etats-Unis de l'Accord sur le climat et de mettre toute son énergie pour exploiter la récente attaque terroriste odieuse de Londres. « Au moins 7 morts et 48 blessés à cause d'une attaque terroriste et le maire de Londres dit qu'il n'y a 'pas de raison de s'alarmer!' » Sadiq Kahn parle de la présence policière massive dans sa ville suite à l'attaque et non de l'attaque elle-même. Mais il n'y a rien à faire, comme disait Brassens, « le temps ne fait rien à l'affaire, quand on est con, on est con » et le con de Washington n'a rien voulu comprendre.
Le
principal gaz à effet de serre (GES) est le CO2, le dioxyde de
carbone. On y retrouve dans une moindre mesure, le méthane et le
protoxyde d'azote. Rien qu'entre 1990 et 2011, les émissions
annuelles de CO2 ont augmenté de 54%. Pour atteindre l'objectif de
l'Accord de Paris, une hausse des températures maxi de 2 °C,
l'humanité doit réduire de 70% ses émissions de GES en 2050 par
rapport à leur niveau en 2010. L'Accord sur le climat n'éliminera
pas totalement les catastrophes citées précédemment. Il limitera simplement les dégâts.
Pour y parvenir il est impératif de contrôler diverses activités
humaines: l'extraction et la combustion des énergies fossiles
(pétrole, gaz), la production électrique, les transports
terrestres, aériens et maritimes, la déforestation, l'agriculture
intensive, etc. Inutile de dire que le combat est loin d'être gagné.
De nos jours, en hiver, on chauffe les terrasses de café de Paris,
en prévision de l'été, on installe une demie douzaine de
climatiseurs dans les appartements de Beyrouth, et toute l'année, on
roule à Miami dans des voitures qui peinent à franchir le cap des
200 km avec 20 litres d'essence. Salut les Terriens, nous sommes le désastre de l'Univers.
4.
L'EGOCENTRISME ET LA LÉGÈRETÉ DE TRUMP EN ANNONÇANT LE RETRAIT DES ETATS-UNIS DE L'ACCORD DE
PARIS
Tout
le monde en parle, mais peu de gens connaissent les termes exacts utilisés par le président du pays le plus puissant du monde pour annoncer un événement aussi grave (à partir de 32:00). Ça vaut le détour.
« Afin de remplir mon devoir solennel de protéger l'Amérique et
ses citoyens, les États-Unis se retireront de l'Accord sur le climat
de Paris, mais entameront des négociations pour réintégrer soit
l'Accord de Paris ou une transaction entièrement nouvelle, sur des
termes justes pour les États-Unis, ses entreprises, ses
travailleurs, ses personnes, ses contribuables. Nous sortons donc.
Mais nous allons commencer à négocier, et nous verrons si nous
pouvons faire un accord équitable. Et si nous pouvons, c'est
génial. Et si nous ne pouvons pas, ça va. En tant que président,
je ne peux avoir d'autres considérations avant le bien-être des
citoyens américains. » Tout y est : égocentrisme,
simplisme, légèreté, populisme, répétition, contradiction,
mercantilisme et arrogance. C'est du Trump tout craché.
5.
LES ETATS-UNIS ET L'ENVIRONNEMENT : DE GRANDS GASPILLEURS DE
RESSOURCES ET EMETTEURS DE GAZ A EFFET DE SERRE
Aussi
grave que ça puisse l'être, l'Accord sur le climat a prévu un tel
renoncement dans son article 28. Donc, ce n'est pas tant le retrait
en soi qui choque le monde depuis jeudi, c'est plutôt l'identité du
pays qui a décidé d'y recourir. Les Etats-Unis sont les plus
grands générateurs du principal gaz à effet de serre de la
planète, après la Chine. Ces deux pays sont responsables
respectivement des 17,89% et des 20,09% du CO2 émis dans
l'atmosphère. Ils sont suivis par la Russie (7,53%), l'Inde (4,10%),
le Japon (3,79%), l'Allemagne (2,56%), le Brésil (2,48%) et le Canada
(1,95%). Par comparaison la France est à 1,34%.
Si tous les habitants du monde vivaient comme les Américains, nous aurions besoin des ressources de cinq planètes-Terre. Pas de quoi pavoiser pour les autres pays non plus, mais quand même, ce sont deux planètes-Terre de moins qu'il nous faudrait, si l'humanité vivait comme les Suisses, les Russes, les Allemands, les Français, les Anglais, les Japonais ou les Italiens. L'année dernière, « l'overshoot day » est tombé un 8 août. Ce qui signifie qu'en sept mois seulement, nous avons consommé la totalité des ressources que la planète Terre pouvait renouveler au cours des douze mois de l'année 2016. En l'an 2000, ce « jour du dépassement » tombait le 1er novembre, et en 1987 encore, c'était le 19 décembre. C'est comme si nous n'avions plus rien sur le compte bancaire à partir du 17 du mois. Nous sommes en déficit chronique depuis 1970. Lions, tigres, singes, éléphants, rhinocéros, baleines, tous les animaux sauvages sur Terre, sans parler des insectes, peuvent un jour ou l'autre disparaître. Pour certaines espèces, elles ne sont plus que quelques centaines, voire quelques milliers tout au plus.
Avec le recul, on s'aperçoit que les êtres humaines ont géré la Terre d'une manière totalement irresponsable. Si Dieu a vraiment créé Adam, il ne faut vraiment pas s'étonner qu'il se désintéresse de ses rejetons. Sans l'ombre d'un doute, nous ne méritons pas cette perle de l'Univers.
En tout cas, s'afficher climatosceptique passait encore dans l'autre millénaire, plus aujourd'hui. L'activité humaine est la cause principale du réchauffement des airs, des terres et des océans. C'est une certitude quasi absolue. C'est dans ce contexte accablant pour les Américains et gravissime pour l'ensemble de l'humanité, que Donald Trump a décidé de placer les Etats-Unis avec la Syrie et le Nicaragua, les deux seuls pays du monde à être en dehors de l'Accord sur le climat. Le premier pays a l'excuse d'être plongé dans la guerre, et le second juge l'Accord de Paris pas suffisamment contraignant. Au total, c'est donc le duo Trump-Assad contre le reste du monde. Qui l'aurait cru?
Si tous les habitants du monde vivaient comme les Américains, nous aurions besoin des ressources de cinq planètes-Terre. Pas de quoi pavoiser pour les autres pays non plus, mais quand même, ce sont deux planètes-Terre de moins qu'il nous faudrait, si l'humanité vivait comme les Suisses, les Russes, les Allemands, les Français, les Anglais, les Japonais ou les Italiens. L'année dernière, « l'overshoot day » est tombé un 8 août. Ce qui signifie qu'en sept mois seulement, nous avons consommé la totalité des ressources que la planète Terre pouvait renouveler au cours des douze mois de l'année 2016. En l'an 2000, ce « jour du dépassement » tombait le 1er novembre, et en 1987 encore, c'était le 19 décembre. C'est comme si nous n'avions plus rien sur le compte bancaire à partir du 17 du mois. Nous sommes en déficit chronique depuis 1970. Lions, tigres, singes, éléphants, rhinocéros, baleines, tous les animaux sauvages sur Terre, sans parler des insectes, peuvent un jour ou l'autre disparaître. Pour certaines espèces, elles ne sont plus que quelques centaines, voire quelques milliers tout au plus.
Avec le recul, on s'aperçoit que les êtres humaines ont géré la Terre d'une manière totalement irresponsable. Si Dieu a vraiment créé Adam, il ne faut vraiment pas s'étonner qu'il se désintéresse de ses rejetons. Sans l'ombre d'un doute, nous ne méritons pas cette perle de l'Univers.
En tout cas, s'afficher climatosceptique passait encore dans l'autre millénaire, plus aujourd'hui. L'activité humaine est la cause principale du réchauffement des airs, des terres et des océans. C'est une certitude quasi absolue. C'est dans ce contexte accablant pour les Américains et gravissime pour l'ensemble de l'humanité, que Donald Trump a décidé de placer les Etats-Unis avec la Syrie et le Nicaragua, les deux seuls pays du monde à être en dehors de l'Accord sur le climat. Le premier pays a l'excuse d'être plongé dans la guerre, et le second juge l'Accord de Paris pas suffisamment contraignant. Au total, c'est donc le duo Trump-Assad contre le reste du monde. Qui l'aurait cru?
6.
LES JUSTIFICATIONS ÉCONOMIQUES ET NATIONALISTES DU PRÉSIDENT AMÉRICAIN
Pour justifier sa décision, Trump a avancé essentiellement des arguments économiques. « L'Accord sur le climat de Paris est tout simplement le dernier exemple de Washington entrant dans un accord qui désavantage les États-Unis au bénéfice exclusif d'autres pays, laissant les travailleurs américains, que j'aime, et les contribuables, absorber les coûts en terme de perte d'emplois, de salaires inférieurs, d'usines fermées et une production économique considérablement réduite. » Pas un mot ni sur l'enjeu pour l'humanité, ni sur le fait que les Américains sont les plus grands gaspilleurs et pollueurs sur Terre.
Comme tout bouffon dans son genre, il s'est même payé le luxe de se moquer de l'objectif de l'Accord sur le climat. « Même si l'Accord de Paris a été mis en œuvre intégralement, avec la conformité totale de toutes les nations, on estime qu'il ne produirait qu'une réduction de deux dixièmes d'un degré Celsius, pensez à cela, de la température mondiale d'ici l'an 2100 ». Trump style !
Par contre, il n'a pas hésité à évoquer l'argument nationaliste dans ce dossier. « Il y a également des problèmes juridiques et constitutionnels sérieux. Les dirigeants étrangers en Europe, en Asie et dans le monde entier ne devraient pas avoir plus à dire en ce qui concerne l'économie américaine que nos propres citoyens et leurs élus. Ainsi, notre retrait de l'Accord représente une réaffirmation de la souveraineté de l'Amérique. » Quoi de mieux pour refléter l'incapacité du président du pays le plus puissant au monde à comprendre l'essence même de tout accord international.
7.
DANS LA LIGNE DE MIRE, LES AIDES AUX PAYS EN DÉVELOPPEMENT
Pour Donald Trump, le Fonds vert pour le climat est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. « Au-delà des sévères restrictions énergétiques infligées par l'accord de Paris, celui-ci comprend encore un autre plan visant à redistribuer la richesse des États-Unis par le biais du soi-disant Green Climate Fund, un joli nom, qui appelle les pays développés à envoyer 100 milliards de dollars aux pays en développement (…) Et personne ne sait même où va l'argent (…) Dans le cadre de l'Accord de Paris, des milliards de dollars, qui devraient être investis ici-même en Amérique, seront envoyés aux pays qui ont pris nos usines et nos emplois. Alors pensez à cela. »
Ce que le président américain ne parvient évidemment pas à comprendre, c'est que ce Fonds est censé aider les pays en voie de développement, à combattre les effets des changements climatiques (surtout qu'ils ne sont pas aussi responsables de ce désastre que les pays développés ; sans des aides financières, ils auront donc d'autres priorités), assurer le développement (comme les pays développés, dont les Etats-Unis justement), sans nuire pour autant à l'environnement (comme l'ont fait l'oncle Sam et ses friends, pendant des décennies). Une subtilité qui n'est évidemment pas à la portée des esprits simplistes comme Trump et ses fans. Comment voulez-vous expliquer au bouffon qui préside les Etats-Unis, que les Américains n'ont pu atteindre leur niveau de développement et leur mode de vie actuels qu'à deux conditions : en gaspillant les ressources de la Terre et en polluant la Planète bleue depuis des lustres.
8.
UNE DÉCISION PRÉVISIBLE MOTIVÉE PAR LES DÉCONVENUES DE TRUMP, NOTAMMENT DANS LE RUSSIAGATE
La décision de Trump est parfaitement cohérente avec le personnage et le contexte politique.
Primo, parce que c'était un engagement de campagne de Donald Trump. D'ailleurs, la majorité des Républicains, leaders et électeurs, y étaient favorables, contrairement aux Démocrates. Ils se sont réjouis de la décision.
Secundo, parce que le bouffon de la Maison Blanche enchaine les déconvenues depuis quatre mois, sur le Muslim Ban (il n'arrive pas à appliquer son décret d'interdire à des ressortissants musulmans de venir aux Etats-Unis), le Mexican Wall (il n'a pas réussi ni à trouver les moyens financiers pour le construire ni à le faire payer par les Mexicains), l'Obamacare (il a eu du mal à s'en débarrasser complètement) et surtout le RussiaGate (l'étau se resserre sur lui et son entourage, il est tellement coincé qu'il a décidé de virer le directeur du FBI qui enquêtait sur ce scandale). Il est donc clair qu'il ne lui reste que la seule sortie de secours économique pour sauver la face vis-à-vis de ses soutiens républicains et éloigner le plus longtemps possible le spectre de la destitution. Et pour cela, il est prêt à tout, même à faire la danse du sabre devant les Saoudiens. « C'était un voyage très très réussi, croyez-moi ».
Tertio, parce que le président républicain ne peut pas constituer l'exception à la règle, lorsque des extrémistes arrivent au pouvoir, ils ne mettent jamais de l'eau dans leur vin. Le pouvoir les radicalise davantage, surtout dans une évolution politique défavorable et un environnement hostile. Il faut d'ailleurs ne pas oublier que Donald Trump est un populiste sur le plan politique et un businessman sur le plan privé. Sa décision est cohérente avec sa double casquette.
9. LES AMÉRICAINS SE SOUCIENT PEU DU RÉCHAUFFEMENT
CLIMATIQUE
George W. Bush avait déjà refusé de signer le protocole de Kyoto. Quand cet accord international conclu lors de la COP3 pour limiter les émissions de gaz à effet de serre est passé au sénat américain en 1997, 95 sénateurs ont voté contre, 0 pour. Ce protocole n'a jamais été ratifié par les Etats-Unis, ni sous Bush ni sous Obama, alors que l'Union européenne l'a parfaitement respecté. Toutefois, il faut savoir aussi que des centaines de maires, représentant les villes américaines les plus peuplées et plusieurs grands Etats américains, ont pris des mesures drastiques pour respecter l'accord climatique. Le problème n'est donc pas né avec Trump et les Républicains en 2017, il est plus ancien et plus ancré dans la mentalité américaine. Les motifs invoqués par Bush hier, et par Trump aujourd'hui, ne sont pas climatosceptiques, ils relèvent uniquement d'ordre économique.
Les
Etats-Unis pourraient être suivis par d'autres pays du monde, grands
émetteurs de gaz à effet de serre. Parmi les 15 pays dont les
émissions de dioxyde de carbone par habitant sont les plus élevées,
on retrouve 6 pays arabes du Golfe. Les plus grands émetteurs de CO2
au monde par habitant, sont les Qataris, ils émettent 2,5 fois plus
que les Américains, c'est pour dire. Toujours par habitant, les Saoudiens, eux aussi, émettent
plus de CO2 que ces derniers. Les Américains, les Australiens,
les Canadiens, les Russes, les Japonais, les Allemands et les
Anglais, émettent entre 1,5 et 3 fois plus de CO2 que les Chinois,
les Français, les Espagnols, les Italiens, les Turcs ou les
Libanais. Les Koweitiens pour qui le monde entier s'est mobilisé en
1990, qui sont pourtant les troisièmes générateurs de CO2 au monde par habitant, n'ont
même pas encore dédaigné ratifier l'Accord sur le climat, comme
les Iraniens et comme une quarantaine de pays dans le monde.
Eh oui, Donald Trump n'a pas complètement tort, au moins sur deux points : certains pays se foutent de la gueule du monde et il faut se méfier de l'envoie de centaines de milliards de dollars à des pays en développement ravagés par la corruption. Les Américains ne sont pas les seuls à hypothéquer l'avenir de la Planète bleue, et à refuser de changer radicalement leur mode de vie et leur économie.
Eh oui, Donald Trump n'a pas complètement tort, au moins sur deux points : certains pays se foutent de la gueule du monde et il faut se méfier de l'envoie de centaines de milliards de dollars à des pays en développement ravagés par la corruption. Les Américains ne sont pas les seuls à hypothéquer l'avenir de la Planète bleue, et à refuser de changer radicalement leur mode de vie et leur économie.
10.
CONSÉQUENCES A COURT TERME DU RETRAIT DES ETATS-UNIS DE L'ACCORD
SUR LE CLIMAT
Aucune, absolument aucune. Donald Trump feint d'ignorer que les Etats-Unis ne pourront effectivement se retirer de l'Accord que le 4 novembre 2020. Ironie de l'histoire, cette date coïncidera avec la prochaine élection présidentielle américaine et le respect de l'Accord de Paris sera forcément un thème important de la prochaine campagne présidentielle. A supposer que Trump sera encore en place à cette date, il ne pourra pas accélérer le processus car le retrait de tout pays est régi par l'article 28 de l'Accord, qui prévoit trois ans de délais pour demander le divorce et un an de préavis avant que celui-ci ne soit prononcé. Le prochain président américain pourrait donc revenir sur cette décision. Dans tous les cas, le président français, Emmanuel Macron, qui se retrouve de facto comme le fer de lance des défenseurs de l'Accord sur le climat a été très clair sur ce sujet : « L'accord de Paris est irréversible et sera mis en œuvre ». Il a déjà obtenu le soutien de l'Union européenne, de l'Inde et de la Chine.
11.
CONSÉQUENCES A MOYEN TERME
Comme l'a fait remarquer John Fitzgerald Kennedy lors d'un discours de campagne en 1959, « les Chinois utilisent deux pinceaux pour écrire le mot "crise", un coup de pinceau représente le danger, l'autre l'opportunité ». Voilà pourquoi JFK a conseillé ses compatriotes, « en cas de crise, soyez conscient du danger, mais reconnaissez l'opportunité ». L'opportunité de tirer des leçons et de rectifier le tir. La volonté du nouveau président américain de se brouiller avec les Européens, telle qu'elle s'est manifestée lors des sommets de l'OTAN et du G7, ainsi qu'avec le reste du monde, en piétinant un accord vital pour notre planète qui a fait l'unanimité, représente à la fois une « crise » et une « opportunité » pour le monde.
Cette
politique isolationniste aura deux conséquences majeures. D'une
part, elle renforcera les liens intrinsèques de l'Union européenne.
C'est une grande opportunité pour l'Europe de confirmer son rôle
d'unique et de véritable concurrent des Etats-Unis dans le monde.
Dès qu'il avait tourné le dos, Angela Merkel a tenu à affirmer
publiquement que le Vieux continent ne pouvait plus compter sur le
Nouveau monde. C'est un appel clair à ses partenaires pour agir
notamment aux niveaux de la politique étrangère, de la défense, de
l'économie, etc.
D'autre part, elle développera les liens extrinsèques de l'Union européenne. Là aussi, c'est une grande opportunité pour l'Europe de renouer avec la Chine, l'Iran et la Russie. C'est dans ce cadre qu'on doit inscrire l'invitation de Vladimir Poutine par Emmanuel Macron. Par le traitement très avantageux des Américains, les Saoudiens poussent les Européens sur le chemin des Iraniens. La déclaration du Premier ministre chinois à Berlin est une réponse directe à Donald Trump : « la Chine maintiendra ses responsabilités concernant le changement climatique ». L'Union européenne discutera de gaz avec l'Iran et la Russie, moins polluant que le pétrole et le charbon, et d'énergies renouvelables avec la Chine, la voie d'avenir.
D'autre part, elle développera les liens extrinsèques de l'Union européenne. Là aussi, c'est une grande opportunité pour l'Europe de renouer avec la Chine, l'Iran et la Russie. C'est dans ce cadre qu'on doit inscrire l'invitation de Vladimir Poutine par Emmanuel Macron. Par le traitement très avantageux des Américains, les Saoudiens poussent les Européens sur le chemin des Iraniens. La déclaration du Premier ministre chinois à Berlin est une réponse directe à Donald Trump : « la Chine maintiendra ses responsabilités concernant le changement climatique ». L'Union européenne discutera de gaz avec l'Iran et la Russie, moins polluant que le pétrole et le charbon, et d'énergies renouvelables avec la Chine, la voie d'avenir.
12.
CONSÉQUENCES A LONG TERME
Certes,
en sortant de l'Accord sur le climat, les Etats-Unis réaliseront des
économies importantes, continueront à exploiter les énergies fossiles
et produiront sans trop se soucier de l'environnement. Mais, c'est
une stratégie qui se retournera forcément contre les Américains.
Parti comme c'est parti, si le retrait des Etats-Unis se confirment en 2020, c'est l'Europe et la Chine qui développeront
et maitriseront le mieux la transition énergétique et le secteur
des énergies renouvelables. Les investissements européens et
chinois dans ces domaines sont considérables. L'Europe prévoit
d'investir 500 milliards d'euros entre 2015 et 2020, dans le cadre
d'un plan général qui concerne beaucoup de secteurs d'activités,
dont une partie sera réservée aux projets durables. La Chine
envisage de dépenser 361 milliards de dollars entre 2016 et 2020
dans le domaine des énergies renouvelables, une partie concernera le
secteur nucléaire.
En renonçant à respecter les contraintes de la COP21, en se plaçant seul contre tous et en rejetant le combat afin de sauver la planète pour des motifs bassement économiques et de courte vision, les Etats-Unis prennent un triple risque: de perdre une partie de leur leadership dans le monde au profit de l'Europe et de la Chine, d'entrainer des actions de boycott des produits américains dans le monde même de faible ampleur et d'augmenter l'anti-américanisme spécialement dans les pays occidentaux.
En renonçant à respecter les contraintes de la COP21, en se plaçant seul contre tous et en rejetant le combat afin de sauver la planète pour des motifs bassement économiques et de courte vision, les Etats-Unis prennent un triple risque: de perdre une partie de leur leadership dans le monde au profit de l'Europe et de la Chine, d'entrainer des actions de boycott des produits américains dans le monde même de faible ampleur et d'augmenter l'anti-américanisme spécialement dans les pays occidentaux.
13.
TRUMP SOUFFRE DU « COMPLEXE DE MACRON »
Il est parfaitement clair, Donald Trump souffre du complexe de Macron. Patience, puisque les mandats des présidents américain et français se chevaucheront, l'avenir le prouvera d'une manière incontestable. Mais d'ores et déjà, nous avons suffisamment d'éléments pour l'affirmer. Trump vs. Macron, tout oppose ces deux hommes ou presque: vieux / jeune ; fils à papa / self-made-man ; businessman aux six faillites / banquier d'affaires brillant ; errance politique démocrate-indépendant-républicain sur plus de 40 ans / fulgurante ascension au sommet de l'Etat en moins de 5 ans ; élu à 70 ans / élu à 39 ans ; homme populiste de bas de gamme / homme politique de haut de gamme ; conservateur / progressiste ; stupide / intelligent ; grossier / fin ; laid / beau ; et j'en passe et des meilleures.
Les deux hommes se sont rencontrés à plusieurs reprises. Les faces-à-face n'ont fait qu'aggraver le complexe d'infériorité que ressent Donald Trump devant Emmanuel Macron. La poignée de main et la bise à Angela Merkel ont agacé au plus haut degré le premier. Et comme ce n'est jamais deux sans trois, il a fallu que le marcheur en chef de l'Elysée en remette une couche et mette le bouffon de la Maison Blanche KO.
14.
MACRON GAGNE SON MATCH CONTRE TRUMP PAR KO ET EN TROIS ROUNDS
Peu de temps après la conférence de presse de la Maison Blanche pour annoncer le retrait des Etats-Unis de l'Accord de Paris, Emmanuel Macron a appelé Donald Trump pour lui signifier gentiment qu'il vient de commettre « une erreur pour les intérêts de son pays et de son peuple, et une faute pour l'avenir de notre planète ». Profitant de l'événement, il s'adressera par la suite aux Français, aux Américains et au reste du monde, à travers deux allocations, l'une en français et l'autre en anglais.
Si le maître des horloges a estimé que « l'heure est grave », il a tenu à souligner dans un premier temps, la détermination de l'Hexagone à assumer ses responsabilités, contrairement aux Etats-Unis. « La vocation de la France est de mener ces combats qui implique l'humanité toute entière. C'est pourquoi la France est placée à l'avant-garde de la lutte contre le changement climatique. » Et pour couper court aux manœuvres trumpistes destinées à noyer le poisson dans une renégociation de l'Accord sur le climat pour l'adapter aux intérêts des Etats-Unis, il a affirmé avec beaucoup de force « nous ne renégocierons pas un accord moins ambitieux en aucun cas ».
Peu de temps après la conférence de presse de la Maison Blanche pour annoncer le retrait des Etats-Unis de l'Accord de Paris, Emmanuel Macron a appelé Donald Trump pour lui signifier gentiment qu'il vient de commettre « une erreur pour les intérêts de son pays et de son peuple, et une faute pour l'avenir de notre planète ». Profitant de l'événement, il s'adressera par la suite aux Français, aux Américains et au reste du monde, à travers deux allocations, l'une en français et l'autre en anglais.
Si le maître des horloges a estimé que « l'heure est grave », il a tenu à souligner dans un premier temps, la détermination de l'Hexagone à assumer ses responsabilités, contrairement aux Etats-Unis. « La vocation de la France est de mener ces combats qui implique l'humanité toute entière. C'est pourquoi la France est placée à l'avant-garde de la lutte contre le changement climatique. » Et pour couper court aux manœuvres trumpistes destinées à noyer le poisson dans une renégociation de l'Accord sur le climat pour l'adapter aux intérêts des Etats-Unis, il a affirmé avec beaucoup de force « nous ne renégocierons pas un accord moins ambitieux en aucun cas ».
Dans
un deuxième temps, le marcheur en chef de l'Elysée a mis en garde
le peuple américain. « Ne vous trompez pas sur le climat,
il n'y a pas de plan B car il n'y a pas de planète B ».
Conscient du rôle qu'on attend de lui, il a ajouté, « ce soir
les Etats-Unis ont tourné le dos au monde, mais la France ne
tournera pas le dos aux Américains ». Et comme toute crise
est une opportunité et parce que « la France n'abandonnera pas
le combat », le président français a lancé un appel «
à tous les scientifiques, ingénieurs, entrepreneurs et
citoyens engagés, que la décision du président des Etats-Unis a
déçu » pour venir « travailler ici avec nous sur
des solutions concrètes pour le climat (...) vous trouvez dans la
France une seconde patrie ».
Pour
conclure son message en anglais, il fallait que Macron frappe fort,
très fort. Deux heures auparavant Donald Trump avait terminé son
allocution par une phrase, qui non seulement souligne le caractère
irresponsable de sa politique, mais qui laisse supposer que le
président américain souffre gravement d'un complexe par rapport au
président de la France. Il est si exaspéré par le fait que l'accord entre les
194 pays du monde sur le climat soit appelé « l'Accord de
Paris » qu'il a affirmé que « j'ai été élu pour
représenter les citoyens de Pittsburgh, pas de Paris » et
« qu'il est temps de placer Youngstown, Ohio, Detroit,
Michigan, Pittsburgh, Pennsylvanie, avec beaucoup d'autres endroits
dans notre grand pays, avant Paris, en France. Il est temps de rendre
à l'Amérique sa grandeur ». C'était le talon d'Achille de
Trump, Macron savait où il devait frapper. Profitant de cette faiblesse, le président français n'avait plus
qu'à réaffirmer au monde entier sa détermination de gagner la
bataille engagée pour le climat car « partout où nous
vivons et qui que nous soyons, nous partageons tous la même
responsabilité : rendre sa grandeur à notre planète ».
Et pif ! et paf !, en moins de dix minutes, Macron a mis son
adversaire KO. Détourner le célèbre slogan de Trump, qui est de
Ronald Reagan d'ailleurs, pour mieux ridiculiser son auteur et bien
ressortir le caractère étriqué de sa politique, alors là, chapeau
!
15.
GRANDEUR ET DÉCADENCE D'UNE NATION QUI N'EN FINIT PAS DE FASCINER LE MONDE, LES ETATS-UNIS
De
l'autre côté de l'Atlantique, les Américains anti-Trump sont
consternés par leur président. Constatant que ce « national
disaster » devient au fil des mois un « international
disaster », ils sont nombreux à prendre des initiatives pour
montrer une autre face de l'Amérique au monde.
Les industries de l'automobile et du pétrole ont fait pression pour dissuader le président américain de franchir le Rubicon. Elles sont conscientes que la mauvaise réputation créée par Trump, affectera forcément l'économie américaine. De nombreux PDG ont fustigé cette décision, dont ceux de Disney, Goldman Sachs, Tesla, etc. Pour l'ancien Secrétaire d'Etat, John Kerry, « on se souviendra de ce choix comme l'un des plus honteux qu'un président ait pris ». D'après cet artisan de l'Accord sur le climat, qui a travaillé dur avec Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étrangères et chef d'orchestre de l'Accord de Paris, « aujourd'hui, c'est le jour pour les villes, les Etats et les entreprises de toutes tailles, de s'engager publiquement à "vivre par Paris" ».
Ainsi, la résistance s'organise. Un front écologique américain se dessine. Il est guidé par Michael Bloomberg, l'ancien maire de New York. Une alliance de plus de 200 entités, incluant des maires et des gouverneurs, des universités et des entreprises (dont Hewlett-Packard et Mars), des villes (comme Los Angeles, Atlanta et Pittsburgh) et des Etats (Californie, New York et Washington), comptent proposer un plan de secours à l'ONU dont l'objectif est de « faire tout ce que les Etats-Unis auraient fait s'ils étaient restés engagés ». Encore une preuve de la grandeur et de la décadence d’une nation, qui n’en finit pas de fasciner le monde.
Les industries de l'automobile et du pétrole ont fait pression pour dissuader le président américain de franchir le Rubicon. Elles sont conscientes que la mauvaise réputation créée par Trump, affectera forcément l'économie américaine. De nombreux PDG ont fustigé cette décision, dont ceux de Disney, Goldman Sachs, Tesla, etc. Pour l'ancien Secrétaire d'Etat, John Kerry, « on se souviendra de ce choix comme l'un des plus honteux qu'un président ait pris ». D'après cet artisan de l'Accord sur le climat, qui a travaillé dur avec Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étrangères et chef d'orchestre de l'Accord de Paris, « aujourd'hui, c'est le jour pour les villes, les Etats et les entreprises de toutes tailles, de s'engager publiquement à "vivre par Paris" ».
Ainsi, la résistance s'organise. Un front écologique américain se dessine. Il est guidé par Michael Bloomberg, l'ancien maire de New York. Une alliance de plus de 200 entités, incluant des maires et des gouverneurs, des universités et des entreprises (dont Hewlett-Packard et Mars), des villes (comme Los Angeles, Atlanta et Pittsburgh) et des Etats (Californie, New York et Washington), comptent proposer un plan de secours à l'ONU dont l'objectif est de « faire tout ce que les Etats-Unis auraient fait s'ils étaient restés engagés ». Encore une preuve de la grandeur et de la décadence d’une nation, qui n’en finit pas de fasciner le monde.