Elle
a tout pour devenir une légende ! Ahed Tamimi, c'est l'histoire de
cette adolescente palestinienne, originaire de Nabi Saleh, un
village situé à une vingtaine de kilomètres de Ramallah, qui
affronte les soldats israéliens qui occupent son pays, tout simplement en les regardant droit dans les yeux.
Après la décision de Donald Trump sur Jérusalem, la tension est montée dans les Territoires occupés. Emportée par la fièvre patriotique, Ahed Tamimi a trouvé une belle excuse pour continuer à fulminer contre l'armée israélienne qui occupe son pays. Elle est allée un jour de la semaine dernière jusqu'à bousculer les soldats en poste autour de sa maison, passer aux mains et même donner des coups de pieds aux intéressés. A vrai dire, ce n'était pas la première fois. Elle l'a fait également au mois de mai dernier, pour empêcher des snipers de l'armée israélienne de tirer sur des manifestants palestiniens. Les images ont été filmées par la famille et diffusées, comme à l'accoutumée, par Tamimi Press, une agence de presse fondée par l'oncle de la jeune palestinienne. La machine officielle israélienne se met alors en marche, surtout qu'elle a de quoi alimenter sa propagande. Les autorités et opinion publique israéliennes n'en avaient cure que l'armée israélienne ait tué un palestinien désarmé en fauteuil roulant et amputé des deux jambes quelques jours auparavant. L'honneur d'Israël est ailleurs ! Il est bafoué. Comment une gamine palestinienne peut-elle humilier et désarmer les invincibles Forces de défense d'Israël, à mains nues ? L'idée est effrayante, elle leur est insupportable.
Aussitôt révélée, Avigdor Liberman, ministre israélien de la Défense, originaire de la Moldavie soviétique, qui n'a retrouvé le chemin de la Terre promise qu'en l'an de grâce 1978, déclare : « Ceux qui ont fait du mal à nos soldats aujourd’hui seront arrêtés cette nuit ». Ça n'a pas tardé, Ahed, sa cousine et sa mère, présentes lors de l'altercation, sont arrêtées dans la nuit du 19 décembre, la dernière fut emprisonnée alors qu'elle venait rendre visite à sa fille mineure, comme l'exige la loi israélienne. Pour Gideon Levy, journaliste contestataire israélien de Haaretz, que j'ai évoqué il y a quelques jours : « Ahed Tamimi est une héroïne, une héroïne palestinienne ». Hélas, nul n'est prophète en son pays. De son côté, Naftali Bennett, ministre de l'Éducation, les trois femmes doivent « finir leurs vies en prison ». Tiens, rien que ça! Différées devant un tribunal militaire, la garde à vue a été prolongée jusqu'au 28 décembre.
Il n'a pas fallu beaucoup de temps pour que les cercles pro-israéliens de la métropole et d'outremer, présentent l'affaire comme une « production pallywoodienne ». Ce terme fait référence à un documentaire de propagande qui a été produit par Richard Landes en 2005, Pallywood, mot-valise créé par l'historien et producteur américain, issu de Palestinian et Hollywood. Dans ce court-métrage de 18 minutes, Richard Landes prétend que les journalistes palestiniens, avec la complicité de médias occidentaux (oui, oui, tout à fait, la parano à fond la caisse!), mettent en scène certains événements afin de présenter la politique israélienne sous un jour défavorable. Comme s'il fallait beaucoup d'effort et d'imagination pour y parvenir ! Le délire de l'historien américain va jusqu'à remettre en cause, sans la moindre preuve, que même la mort de Mouhammad al-Durat, un jeune palestinien de 12 ans tué par balles lors de la seconde Intifada, le 30 septembre 2000, alors que son père tentait de le protéger, images enregistrées et diffusées par la chaine France 2 et commentées par le journaliste franco-israélien Charles Enderlin, était une mise en scène palestinienne pour ternir l'image de l'armée israélienne, le petit Mouhammad n'aurait soi-disant même pas été tué. Pallywood n'est en réalité qu'une manœuvre médiocre pour parasiter les esprits occidentaux et redorer le blason de l'armée israélienne.
C'est aussi le cas de l'affaire Ahed Tamimi ! Bien sûr qu'il y a un peu de mise en scène et de la récupération de la part d'Ahed et de la famille Tamimi. Il n'empêche que celles-ci ne changent absolument rien au fond du problème. Ahed Tamimi nous rappelle deux réalités incontestables. D'une part, Israël est une puissance occupante de la Cisjordanie, de Gaza et de Jérusalem-Est, territoires acquis durant la guerre des Six Jours en 1967 et conserver par la force, en violation d'une dizaine de résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU. D'autre part, la vie sous occupation est faite d'injustice, d'humiliation, de violation de droit, de répression, d'emprisonnement, de destruction, de blessés et de morts. L'occupation israélienne des Territoires palestiniens ne fait pas exception. Par conséquent, cette occupation israélienne doit impérativement cesser, conformément au droit international. Et tant que ce n'est pas réalisé, Israël reste une puissance occupante qui viole à la fois le droit international et le droit fondamental du peuple palestinien de se libérer de l'occupation israélienne.
Quant à la morale de l'histoire d'Ahed Tamimi, eh bien, quand on a réussi à trouver un angle d'attaque vulnérable contre l'armée d'occupation israélienne, à peindre un tableau idéal et à former une image d'Epinal, et que tout est parfait, il ne faut pas oublier où s'arrêter, pour ne pas tout gâcher. Bref, on ne change pas une formule qui gagne! Aujourd'hui en diffusant les images de la dernière altercation d'Ahed Tamimi avec l'armée d'occupation israélienne, les autorités d'Israël tentent désespérément de faire passer les soldats israéliens de Tsahal pour des « enfants de cœur », voire pour de paisibles gardes suisses perdus au fin fond de la Cisjordanie, impassibles à toutes épreuves, et cette adolescente palestinienne fougueuse, pour un « danger public ». Bienvenue dans le surréalisme israélien. Enfin, ma jolie, il ne fallait pas leur offrir ce cadeau, même si c'est Noël !
Elle a commencé la lutte à 11
ans, elle en a 16 aujourd'hui. Elle vient d'une famille engagée, qui
a déjà perdu deux oncles tués par l'armée israélienne.
Père, mère, frères, cousins, cousines, tout le monde milite chez les Tamimi
contre l'occupation israélienne de leur village et de leurs terres précisément. A ce propos, la propagande d'Etat israélienne prétend que les terres de Nabi Saleh, ainsi que celles qui l'entourent, n'appartenaient à personne depuis la nuit des temps bibliques. Premiers arrivés, premiers servis, comme pour les noms de domaines sur internet. Hein, pardon, ça vous rappelle la mythologie sioniste "d'une terre sans peuple pour un peuple sans terre" ? Bingo, vous avez là l'application pratique à petite échelle. Du coup la colonisation israélienne de la région en 1977 pour créer la colonie Halamish (Neveh Tzuf), n'avait rien d'illégal. Coup sur coup, les Tamimi et des Palestiniens de la région, sont considérés comme des "colons arabes de la Palestine". Oui, oui, vous avez bien lu, c'est le monde à l'envers. Autre astuce israélienne pour déposséder les Palestiniens de leurs terres, c'est d'engager des fouilles archéologiques. C'est très pratique aussi. Dès qu'on tombe sur une veille cuillère ou un amas de pierres, la parcelle est déclarée zone militaire fermée. Et c'est encore plus pratique si la zone fermée renferme une source d'eau qui peut alimenter la nouvelle colonie de Juifs orthodoxes ! C'est exactement ce qui s'est passé dans la région de Nabi Saleh. Non mais franchement, elle n'est pas belle la vie sous occupation ? Bienvenue sur les Terres de Canaan, le pays où coulaient jadis le lait et le miel !
Bref, comment voulez-vous être un Tamimi et ne pas crier votre colère contre l'occupation israélienne, de père en fils, de mère en fille ? Les arrestations dans cette famille palestinienne sous occupation se comptent par dizaines. Le père d'Ahed, Bassem al-Tamimi, adepte de la non-violence, est décrit par l'Union européenne comme un défenseur des droits de l'homme. A la suite de son emprisonnement, il fut déclaré "prisonnier de conscience" par Amnesty International. En 2012 déjà, on a vu la petite Ahed poing levé en altercation avec des soldats israéliens. Ce qui lui vaudra la « Médaille du courage » décernée par le Premier ministre turc de l'époque, Recep Tayyip Erdogan, dont le pays entretient de très bonnes relations avec Israël, soit dit au passage. Au fil du temps, l'adolescente est devenue le symbole de la « résistance palestinienne » à l'occupation israélienne des Territoires palestiniens. Il faut dire qu'elle a le look d'une icône marketing : c'est une jeune fille, jolie et libérée, aux yeux clairs et à la chevelure dorée et bouclée. Elle ne jette pas de pierres, elle ne porte pas de couteau, mais elle est de tous les rendez-vous, chaque vendredi, depuis des années, pour manifester sa colère pacifiquement face à l'armée d'occupation israélienne, en débardeur et cheveux au vent. Au lieu de se servir de ses boucles de cheveux comme accroche-coeurs, Ahed se sert de son image pour défendre l'honneur d'un peuple humilié par 69 ans d'occupation israélienne.
Bref, comment voulez-vous être un Tamimi et ne pas crier votre colère contre l'occupation israélienne, de père en fils, de mère en fille ? Les arrestations dans cette famille palestinienne sous occupation se comptent par dizaines. Le père d'Ahed, Bassem al-Tamimi, adepte de la non-violence, est décrit par l'Union européenne comme un défenseur des droits de l'homme. A la suite de son emprisonnement, il fut déclaré "prisonnier de conscience" par Amnesty International. En 2012 déjà, on a vu la petite Ahed poing levé en altercation avec des soldats israéliens. Ce qui lui vaudra la « Médaille du courage » décernée par le Premier ministre turc de l'époque, Recep Tayyip Erdogan, dont le pays entretient de très bonnes relations avec Israël, soit dit au passage. Au fil du temps, l'adolescente est devenue le symbole de la « résistance palestinienne » à l'occupation israélienne des Territoires palestiniens. Il faut dire qu'elle a le look d'une icône marketing : c'est une jeune fille, jolie et libérée, aux yeux clairs et à la chevelure dorée et bouclée. Elle ne jette pas de pierres, elle ne porte pas de couteau, mais elle est de tous les rendez-vous, chaque vendredi, depuis des années, pour manifester sa colère pacifiquement face à l'armée d'occupation israélienne, en débardeur et cheveux au vent. Au lieu de se servir de ses boucles de cheveux comme accroche-coeurs, Ahed se sert de son image pour défendre l'honneur d'un peuple humilié par 69 ans d'occupation israélienne.
Après la décision de Donald Trump sur Jérusalem, la tension est montée dans les Territoires occupés. Emportée par la fièvre patriotique, Ahed Tamimi a trouvé une belle excuse pour continuer à fulminer contre l'armée israélienne qui occupe son pays. Elle est allée un jour de la semaine dernière jusqu'à bousculer les soldats en poste autour de sa maison, passer aux mains et même donner des coups de pieds aux intéressés. A vrai dire, ce n'était pas la première fois. Elle l'a fait également au mois de mai dernier, pour empêcher des snipers de l'armée israélienne de tirer sur des manifestants palestiniens. Les images ont été filmées par la famille et diffusées, comme à l'accoutumée, par Tamimi Press, une agence de presse fondée par l'oncle de la jeune palestinienne. La machine officielle israélienne se met alors en marche, surtout qu'elle a de quoi alimenter sa propagande. Les autorités et opinion publique israéliennes n'en avaient cure que l'armée israélienne ait tué un palestinien désarmé en fauteuil roulant et amputé des deux jambes quelques jours auparavant. L'honneur d'Israël est ailleurs ! Il est bafoué. Comment une gamine palestinienne peut-elle humilier et désarmer les invincibles Forces de défense d'Israël, à mains nues ? L'idée est effrayante, elle leur est insupportable.
Aussitôt révélée, Avigdor Liberman, ministre israélien de la Défense, originaire de la Moldavie soviétique, qui n'a retrouvé le chemin de la Terre promise qu'en l'an de grâce 1978, déclare : « Ceux qui ont fait du mal à nos soldats aujourd’hui seront arrêtés cette nuit ». Ça n'a pas tardé, Ahed, sa cousine et sa mère, présentes lors de l'altercation, sont arrêtées dans la nuit du 19 décembre, la dernière fut emprisonnée alors qu'elle venait rendre visite à sa fille mineure, comme l'exige la loi israélienne. Pour Gideon Levy, journaliste contestataire israélien de Haaretz, que j'ai évoqué il y a quelques jours : « Ahed Tamimi est une héroïne, une héroïne palestinienne ». Hélas, nul n'est prophète en son pays. De son côté, Naftali Bennett, ministre de l'Éducation, les trois femmes doivent « finir leurs vies en prison ». Tiens, rien que ça! Différées devant un tribunal militaire, la garde à vue a été prolongée jusqu'au 28 décembre.
Il n'a pas fallu beaucoup de temps pour que les cercles pro-israéliens de la métropole et d'outremer, présentent l'affaire comme une « production pallywoodienne ». Ce terme fait référence à un documentaire de propagande qui a été produit par Richard Landes en 2005, Pallywood, mot-valise créé par l'historien et producteur américain, issu de Palestinian et Hollywood. Dans ce court-métrage de 18 minutes, Richard Landes prétend que les journalistes palestiniens, avec la complicité de médias occidentaux (oui, oui, tout à fait, la parano à fond la caisse!), mettent en scène certains événements afin de présenter la politique israélienne sous un jour défavorable. Comme s'il fallait beaucoup d'effort et d'imagination pour y parvenir ! Le délire de l'historien américain va jusqu'à remettre en cause, sans la moindre preuve, que même la mort de Mouhammad al-Durat, un jeune palestinien de 12 ans tué par balles lors de la seconde Intifada, le 30 septembre 2000, alors que son père tentait de le protéger, images enregistrées et diffusées par la chaine France 2 et commentées par le journaliste franco-israélien Charles Enderlin, était une mise en scène palestinienne pour ternir l'image de l'armée israélienne, le petit Mouhammad n'aurait soi-disant même pas été tué. Pallywood n'est en réalité qu'une manœuvre médiocre pour parasiter les esprits occidentaux et redorer le blason de l'armée israélienne.
C'est aussi le cas de l'affaire Ahed Tamimi ! Bien sûr qu'il y a un peu de mise en scène et de la récupération de la part d'Ahed et de la famille Tamimi. Il n'empêche que celles-ci ne changent absolument rien au fond du problème. Ahed Tamimi nous rappelle deux réalités incontestables. D'une part, Israël est une puissance occupante de la Cisjordanie, de Gaza et de Jérusalem-Est, territoires acquis durant la guerre des Six Jours en 1967 et conserver par la force, en violation d'une dizaine de résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU. D'autre part, la vie sous occupation est faite d'injustice, d'humiliation, de violation de droit, de répression, d'emprisonnement, de destruction, de blessés et de morts. L'occupation israélienne des Territoires palestiniens ne fait pas exception. Par conséquent, cette occupation israélienne doit impérativement cesser, conformément au droit international. Et tant que ce n'est pas réalisé, Israël reste une puissance occupante qui viole à la fois le droit international et le droit fondamental du peuple palestinien de se libérer de l'occupation israélienne.
Quant à la morale de l'histoire d'Ahed Tamimi, eh bien, quand on a réussi à trouver un angle d'attaque vulnérable contre l'armée d'occupation israélienne, à peindre un tableau idéal et à former une image d'Epinal, et que tout est parfait, il ne faut pas oublier où s'arrêter, pour ne pas tout gâcher. Bref, on ne change pas une formule qui gagne! Aujourd'hui en diffusant les images de la dernière altercation d'Ahed Tamimi avec l'armée d'occupation israélienne, les autorités d'Israël tentent désespérément de faire passer les soldats israéliens de Tsahal pour des « enfants de cœur », voire pour de paisibles gardes suisses perdus au fin fond de la Cisjordanie, impassibles à toutes épreuves, et cette adolescente palestinienne fougueuse, pour un « danger public ». Bienvenue dans le surréalisme israélien. Enfin, ma jolie, il ne fallait pas leur offrir ce cadeau, même si c'est Noël !