« Vous avez
votre Liban. J’ai mon Liban. » Et dire que j’ai failli rater l’event de
l’été 2013, le mariage du fils de cheikh Gebrane Taouk ! Wilyo, ya 3ammoei, wlik koss ékhot rabkoun
ya ékhwet el charmouta, abétkhallou el sabi yétjawoaz ? Ah, bonté divine, ça
fait du bien ! El mouhem, ce scandale ne
peut arriver nulle part ailleurs qu’au Liban, justement dans la ville de Gibran
Khalil Gibran. Il y a matière à écrire un livre. Mais, je me contenterai d’un
article, long hélas, et de quelques réflexions qui complèteront tout ce qui
s’est dit sur cette affaire et pour dénoncer au-delà de l’évidence.
Précisons
pour commencer qu’il s’agit de Gebrane
Taouk, comme ça se prononce, et non Tok, pour faire genre. Cet homme est une illustration parfaite du féodalisme
libanais contemporain, que j’ai dénoncé il y a à peine quelques jours. Même
formatage que Dame Sonia Frangié, mais en plus soft. Le crime contre la nature
qu’il a commis, non seulement n’étonne aucun connaisseur des mentalités
libanaises, mais le confirme magistralement. « Cheikh » Gebrane,
comme l’appellent ses hommes, zalémto wou
jamé3to pour être correct, explique que le choix d’organiser le mariage de
son fils au pied des cèdres, répondait au besoin « d’un retour aux sources, d’un attachement à la terre et aux
racines, ainsi qu’à la volonté des habitants de la région ». Ché3ér ! Palabres
au pays des palabres. Ce qui est beaucoup moins poétique c’est l’agression de Youssef Taouk, l’activiste
écolo, médecin par ailleurs, sans qui nous n’aurions probablement pas eu vent
du scandale, qu’après la cérémonie de mariage. Non seulement il a été roué
de coups, après l’interview qu’il a accordé à la LBC, mais on lui aurait glissé
à l’oreille comme matière à réflexion : « fais gaffe à toi et à ta
famille ». Action, tous sur scène.
Si je me montre prolixe en politique, je suis intarissable quand il s’agit d’écologie.
Pour mieux comprendre ce qui s’est passé
aux Cèdres, je vous propose de faire un tour dans la tête de Gebrane Taouk.
Dès qu’un nouveau-né voit le jour au Liban, la « société libanaise »,
représentée par ses parents, lui injecte deux produits dans les veines, pour le
sensibiliser à la fois au paraître et à faire du fric. D’ailleurs, les deux
sont liés. Gebrane Taouk et son fils William -celui qui était prêt à tout
(tout, yé3né tout !), pour éviter qu’un syndicat prenne racine dans le
Spinneys de Dbayé- n’y échappent pas à la règle. Le mariage au Liban est
incontestablement, l’événement où l’on se donne le plus en spectacle, où le
paraître est à son apogée, où le ridicule est parfois à son comble. L’ex-député de Bcharré veut étaler sa
puissance féodale. Quoi de mieux que d’inviter 3 000 personnes pour la
peine et faire la fête sur 3 jours, surtout la veille des élections législatives ! Inutile de vous dire qu’ils ne sont pas
triés sur le volet, loin de là. Et puisqu’on y est, voici trois équations à retenir par cœur pour réussir un mariage à la libanaise:
plus on veut paraître, plus on doit dépenser ; plus on veut dépenser, plus
on doit inviter ; plus on invite, plus on sera rembourser. Si, si, le mariage au Liban est assez souvent,
malheureusement, un montage d’une opération financière. Amoureux-sérieux s'abstenir ! Gebrane Taouk, en
tant qu’homme d’affaires, a voulu paraître et faire du fric, disons paraître
sans que cela ne lui coûte trop cher, ou même, paraître au frais de ses
invités, qui, eux aussi profiteront de l’occasion pour paraître et se donner en
spectacle au moindre frais. Au royaume du paraître, 3 000 invités multipliés par 150 $/invité comme « cadeau de
mariage », une somme déposée sur un compte bancaire, nette d’impôts, faites
le calcul, cela nous donne au moins 450 000
$ pour cette cérémonie pompeuse de quelques heures. Paraître sans débourser
un sous de sa poche, oui c’est possible. Sans parler du fait, qu’une fois
aménagé, ce lieu se louera à 50, 100 ou 150 000 $ le mariage, selon que l'on soit en semaine ou le weekend. On pourra même organiser des concerts très lucratifs. Le génie
libanais à faire du fric, même s’il faut transformer le pays de la Bible, « où coulaient le lait et le
miel », en l’endroit le plus laid de la « Voie lactée », et même si un afflux massif de milliers de voitures et de bipèdes en si peu de temps, tueraient tôt ou tard, la poule aux œufs d'or !
Il
y a une autre dimension à prendre en compte pour bien saisir ce qui se passe
dans la tête d’un homme comme Gebrane Taouk. L’ex-député de Bcharré considère inconsciemment que la forêt des Cèdres
lui appartient. Rien d’étonnant. Il est comme tout le monde, disons au moins comme beaucoup de Libanais. Vous croyez vraiment
que le gars de Faraya ou de Kfarzébian considère que la station de ski de
Ouyoun el-Simane ou tallit el-Mzar appartient à tous les Libanais ? Non. Idem
pour le gars de Baalbek, de Tripoli et de Beiteddine. A partir de là, envisager
des travaux à proximité de la forêt des Cèdres, ne pose pas le moindre souci à un
esprit comme Gebrane Taouk. D’autant plus, qu'un autre facteur
important, entre en jeu, et explique l’ensemble de la démarche. Aujourd’hui, le cheikh est
furax. Pas parce que ce tollé menace son cirque. Non, l’ex-député n’a aucun
doute qu’il va pouvoir montrer sa puissance féodale en toute tranquillité. Il
est plutôt furax parce qu’il est incompris ! Eh oui, Gebrane Taouk ne comprend pas comment des gens n’arrivent pas à apprécier
à sa juste valeur son « dévouement » pour la région de Bcharré et sa
forêt. Juger vous-mêmes. « Le
but des travaux étant l’aménagement d’un amphithéâtre artistique, selon un plan
bien étudié, qui a transformé cette décharge en un bel endroit, chic et
remarquable. » Yé3né bélmchabra7,
quelles bandes d’ingrats ces écolos ! Mais au fait, de quelle décharge il
parle ? Il n’y a jamais eu de décharge à cet endroit. Foutaises, oui !
Je reprends mon
souffle et je continue. Ce que Gebrane Taouk et son fils William ne pouvaient
pas ignorer, ce sont les sept points suivants.
1.
D’abord, la loi ! La présente affaire est à ne pas confondre avec ce qui
se passe en ce moment même, dans le caza de Bcharré du côté de Qnat, Hadeth et
Beit Mounzer, là où j’ai eu la chance de manger la meilleure man2ouché de ma
vie, mais aussi là où une carrière illégale menace une autre forêt de pins et
de cèdres ! La parcelle où ont eu
lieu les travaux pour le mariage de William Gebrane Taouk à Arz, n’appartient
pas à l’Eglise maronite. Il s’agit bel et bien d’une parcelle privée. Donc, a
priori, il faut reconnaître que Gebrane Taouk avait le droit, au terme d’un
accord établi avec le propriétaire du terrain, d’installer un cirque pour le
mariage de son rejeton. Le hic c’est que ce cirque est monté à quelques mètres
de la forêt de Dieu ! L’ancien
député de Bcharré prétend qu’il n’était pas au courant de la loi qui
interdit toute construction dans cette zone qui se situe autour de la forêt,
alors qu’il prévoie comme le montrent les photos de la LBC, la transformation de ce flanc
de montagne en terrasses et le montage de murets en pierre de taille. Et
puisque nul n’est censé ignorer la loi, même cheikh Gebrane Taouk, je m’attends à ce que le ministère public
de mon pays, « l’autorité chargée de
défendre l'intérêt de la collectivité et l'application de la loi », se
saisisse de lui-même pour juger si les travaux de terrassement de Gebrane Taouk
à proximité immédiate de la forêt des Cèdres, relèvent du jardinage et de
l’entretien forestier habituel, voire d’une action de bienfaisance, ou s’il
s’agit d’une violation grave et caractérisée d’une zone protégée par la loi
libanaise ? Juste pour rire, l’ex-député explique son choix par le
fait « qu’il a tenu à ce que la ville de
Bcharré voit son fils William se marier au sein de son environnement
authentique et naturel ». Lol !
2.
La municipalité de Bcharré affirme découvrir
le désastre comme tout le monde. J’en doute. Dans un village, tout se sait,
c’est pire que Facebook! Surtout le mariage du fils unique du cheikh ! En
tout cas, elle affirme que Gebrane Taouk
n’a demandé aucune autorisation en deux mois de travaux. Même un berger
nomade du jerd sait que tout
aménagement de cette importance exige des autorisations préalables, même au
Liban. Mais apparemment pas un ex-député de la nation pendant 28 ans. « Si tenir à ses racines est une faute,
je suis prêt à assumer mes responsabilités. » Pourquoi, « tenir à ses racines »
autorise la défiguration de ce lieu hautement symbolique pour l’ensemble des
Libanais, en violant, par deux fois, l’interdiction de construire à proximité
d'une forêt classée et la déclaration obligatoire des travaux ? Il n’y a pas de
doute, Gebrane Taouk vit dans un monde à part. L’engagement de ce dernier à réhabiliter les lieux, ne dispense
absolument pas le Conseil municipal de Bcharré et les autorités du caza de
Bcharré, de prendre les mesures nécessaires afin de sanctionner ces manquements
légaux, et prouver que non seulement nul n’est censé ignorer la loi, mais surtout,
que nul n’est au-dessus d’elle. Au passage, notez que le cheikh présente la
réhabilitation des lieux, en minimisant son infraction, comme une initiative généreuse de sa part et non
comme une obligation légale et morale. Et ce n’est pas tout, Gebrane Taouk se dit prêt à entreprendre
la réhabilitation, à l’amiable, dans le cadre d’une « évaluation »
des travaux, seulement après le mariage de William ! Wlik ya din el ayr, el sabé béddo yétjawoaz bel Aériz ! Consternant.
3.
Tout Libanais chrétien, spécialement maronite, notamment ében Bcharré sait, que cet
îlot de cèdres, se distingue de toutes les autres forêts du même genre au Liban,
notamment par le fait qu’il est connu sous le nom de Arz el-Rab, les Cèdres
de Dieu. Il faut savoir que la légende populaire veut que la transfiguration de Jésus -un événement capital pour le
christianisme, relaté dans les Evangiles de Mathieu, Marc et Luc, et qui
désigne la métamorphose miraculeuse du Christ, « son visage resplendit comme le soleil, et ses vêtements
devinrent blancs comme la lumière », avec l’apparition de Dieu, ainsi
que des prophètes Moïse et Elie, en présence de Jean, Pierre et Jacques, afin
de montrer la nature divine de Jésus-Christ à ses disciples- qui a eu lieu « sur une haute montagne » selon les écritures, soit
passée sur les cimes du Mont-Liban, du côté de Bcharré ! L’imprécision des
Evangiles a donné lieu à d’autres interprétations. Certains évoquent le mont Hermon
(Anti-Liban) et d’autres parlent du mont Thabor (Galilée).
Selon ces écritures, les apparitions de Dieu, Allah ou Yahvé, aux êtres humains, se comptent sur les doigts d'une main, ce qui fait de la Transfiguration un événement exceptionnel. Que cela soit véridique ou pas, et que l'événement eût lieu au Liban ou ailleurs, ében
Bcharré y croit dur comme fer à l'un et à l'autre, et cela Gebrane Taouk ne pouvait absolument
pas l’ignorer. Et là réside aussi, une part de sa faute. Si la parcelle où a eu
lieu ce crime contre la nature n’appartient pas légalement à l’Eglise maronite, cette dernière est censée veiller à la sacralisation des
lieux hautement symbolique pour les communautés chrétiennes, notamment
maronite. Et là encore, l’engagement du fautif à réhabiliter les lieux, ne
dispense pas d’une sanction religieuse, ne serait-ce qu’un communiqué condamnant
fermement ce qui relève du « blasphème ». L’ironie de l’histoire a voulu
que ce « blasphème » se déroule à la fête de la Transfiguration, 3id el tajallé, qui est célébrée par les
Eglises chrétiennes, le 6 août. En tout cas, nous sommes en droit d’attendre de l’Eglise maronite qu’elle
refuse de marier le fils de Gebrane Taouk, tant que les lieux n’ont pas
retrouvé leur configuration originale. La miséricorde chrétienne viendra
ensuite. Ma3lé.
4.
En 1998, le Comité intergouvernemental du patrimoine mondial de l'organisation
des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture, l’UNESCO, a décidé d’inscrire la vallée de la
Qadisha, ainsi que la forêt des cèdres, sur la liste du patrimoine mondial,
qui compte à ce jour 759 biens culturels dans le monde, dont 5 au Liban
(Baalbek, Byblos, Anjar, Tyr et Qadisha-Arz). La vallée de la Qadisha y figure parce qu’il s’agit de « l'un des plus importants sites
d'établissement chrétien au monde, et ses monastères, souvent très anciens,
s'inscrivent dans un extraordinaire paysage accidenté. » La forêt des cèdres, dont l’histoire
est liée à celle de la Vallée sainte et qui nous intéresse aujourd’hui, y figure parce
que c’est « le dernier vestige des forêts antiques et l'un des rares sites où
pousse encore le Cedrus lebani, cité 103 fois dans la Bible, un arbre très
prisé jadis pour la construction de grands édifices religieux (dont les
temples de Jérusalem) ». Cette forêt est protégée par des lois
générales et par divers textes spécifiques, toujours valides, dont les premiers
datent de l’époque du mandat français.
Alors
que le Comité du patrimoine mondial demande aux autorités libanaises, depuis
des années, que certaines mesures de protection soient envisagées, notamment
celle de dégager les environs de la forêt et d'éloigner les magasins de
souvenirs (une horreur !), voilà que Gebrane Taouk décide de nous
compliquer la tâche, en faisant des travaux de terrassement à proximité de ce site classé. On croit rêver ! Sachez aussi, que le Threat Intensity Coefficient
pour le site de Qadisha-Arz, un paramètre qui évalue l’état de conservation
et les menaces qui pèsent sur les sites classés par l’Unesco, sur une échelle
de 100 (menaces maximales), a grimpé de
zéro dans les années 2000-2001 (où la menace était minimale) à 17 en 2011. Gebrane Taouk n’a pas eu
encore le culot de prétendre que ses travaux de cirque pour marier son fils,
allaient faire baisser le coefficient. Allah
yéstour pour le chiffre de 2014 ! Autre chose. La superficie de la
zone classée, la forêt des cèdres proprement dite, est estimée à 10,2 hectares
(1 ha = 10 000 m²). Par contre, la
zone tampon du site est censée atteindre 646 hectares, soit 6 460 000 m²,
ce qui représente 3/4 de celle du Bois de Boulogne à Paris et un peu moins
de deux fois celle de Central Park de New York. L’Unesco prévient que « de
nouvelles constructions à l’intérieur d’une zone tampon peuvent avoir un impact
sur un bien du patrimoine mondial et menacer sa valeur universelle exceptionnelle. »
Alors franchement, j'aimerai bien savoir qu’est-ce qu’ils en pensent Gebrane et William Taouk ? Wlé ya zalmi achbok ? Laïk, 2ol zone tamponn ! Wlik ya din el
aïyr, el sabé beddo yétjawoaz bel Aérz ! Encore une raison qui devrait pousser
le ministère public à bouger de lui-même. Afin de le motiver, les députés de la région, Elie Keyrouz et
Sethrida Geagea (épouse de Samir Geagea, et nièce de Gebrane Taouk, avec
qui elle a toujours eu de très mauvais rapports, soit dit au passage!) ont
dénoncé « la défiguration flagrante qui touche les environs immédiats de la
forêt historique des cèdres, d’autant plus qu’il met en danger la forêt qui
risque d’être retirée de la liste du patrimoine mondial ». Les députés de Bcharré demandent à la
municipalité de la ville et au Comité des Amis de la forêt des cèdres (une ONG
en charge de la gestion de la forêt) « de
prendre position concernant cette grave infraction » et aux ministres de l’Environnement, de la
Culture, du Tourisme et de l’Agriculture de « se saisir de cette affaire afin
de rétablir la situation qui prévalait, le plutôt possible ». Wait and see.
5.
Tout Libanais sait, surtout s’il est originaire du Nord, que dans la mémoire collective libanaise, toutes communautés confondues, aussi bien musulmanes que chrétiennes,
le cèdre de notre drapeau national, qui nous
rappelle amèrement que tout le Mont-Liban biblique était recouvert par ce majestueux
arbre, n’est pas un cèdre du Barouk, ni un cèdre de Maaser el-Chouf, ni un
cèdre de Tannourine, mais c’est bel et bien un cèdre de Bcharré-Arz ! Cela s’explique par diverses
raisons : la présence de nombreux arbres millénaires dans cette forêt, la légende de la
Transfiguration, l’ancienneté de la protection du site (dès le mandat
français), la station de ski (la première au Liban) et sa situation
géographique (un îlot de verdure caché dans cet environnement aride). C’est
pour dire, que les cèdres de cette forêt
ne sont vraiment pas comme les autres. Ils constituent le patrimoine de tous
les Libanais. Et que personne, pas même le bon Dieu, n’a le droit de défigurer
une région aussi symbolique pour tout un peuple, à des fins bassement personnels
et mercantiles, en violation aussi flagrante de la loi. L’intéressé, nombriliste comme tout
féodal qui se respecte, a le culot de préciser dans son communiqué à 5
piastres, qu’il ne voit dans ce tapage médiatique « qu’une tentative délibérée de certains personnes lésées, de
perturber un événement familial et populaire. » C’est c’là oui, encore un
adepte de la théorie du complot ! Lamentable.
6. Gebrane et William Taouk auraient dû se renseigner quand même avant d’entreprendre des
travaux pharaoniques, même à l’abri des regards, même à 76 km de Beyrouth et même
à 2000 m d’altitude. Ils auraient appris par exemple, que depuis le 20 juin 2009, un Schéma Directeur d’Aménagement du Territoire
Libanais (SDATL) existe et s’impose aux documents d’urbanisme loco-régionaux sur
les 10 452 km2 du Liban. « Mabsout
bé7alak BB ? » Chou lakénn ! La lecture de ce document a suscité en moi
un bonheur indescriptible. Le Conseil du Développement et de la Reconstruction
(CDR) qui en est l’auteur précise dans son introduction que « Le
territoire national est le patrimoine commun du peuple libanais. Le devoir de
chaque génération de Libanais est de le transmettre, dans l’intégralité de ses
richesses, aux générations futures, après en avoir fait un usage raisonné et
l’avoir développé selon des voies qui n’altèrent pas son caractère ou le
potentiel qu’il représente » Chapeau !
En
pratique, depuis 2009, la loi libanaise prévoit une utilisation restrictive des
terres dans les zones naturelles, qui englobent la forêt des cèdres. Pour ce
qui relève de « la haute montagne »,
au-delà de 1900 m d’altitude, le SDATL prévoit : « Les modifications
apportées par l’homme doivent être étroitement évaluées et se restreindre au
minimum incompressible. En cas de nécessité, on admettra les pylônes
électriques... On évitera de construire d’autres routes... On mettra en place
des règles adaptées pour dissuader les constructions... ». Eh bien, ils en
prennent un coup les Taouk, père et fils ! A supposer que le cirque de
William est à 1899 m, ah ha, la loi a créé ce qu'elle appelle, « le corridor des Cèdres », qui correspond à tout le
versant ouest du Mont-Liban, entre 1500 m et 1900 m d’altitude. Pour cette zone, le SDATL précise : « cet espace, très peu habité, revêt
une importance capitale, dans la mesure où il constitue le terroir de l’arbre
emblématique du Liban, le Cèdre du Liban ». Par conséquent, le
schéma directeur d’aménagement du territoire libanais prévoit de « rétablir
les continuités écologiques tout au long de ce corridor, par des plantations de
cèdres ». Extraordinaire. Il n’est nullement question d’amphithéâtre grotesque
pour le mariage ridicule d’un fils à papa ! En dehors des installations liées
au ski, les autres développements, industriels, immobiliers ou même routiers,
sont totalement exclus. Waouh !
Non, mais on le sait, au Liban, ce ne
sont pas les lois qui manquent, c’est leur application qui fait souvent défaut.
7.
Et comme on dit dans nos contrées, kel 3érés elo orés. Affaire à
suivre.
A lire aussi (mise à jour, 20 août 2013)