1. Comme si nous n’avions pas suffisamment
de problèmes graves à régler, il faut que certains s’ingénient tous les jours
pour en créer davantage. Et à partir de faits insignifiants, c’est encore plus
pervers. A peine on a fini avec la supercherie de la dite église Sainte-Rita, nous voilà plongés dans une ahurissante surenchère autour du burkini,
qui risque de faire beaucoup de vagues jusqu’à la fin de l’été.
8. Justement diront certains, les burkinistes profitent de cette
précieuse liberté en optant pour la baignade habillée et le bain costumé. Il est vrai, les
lois nationales n’interdisent pas de telles pratiques aussi extravagantes qu’elle
soient. A partir du moment où le visage est découvert, l’Etat français ne peut pas dicter
le code vestimentaire de la population. Alors pourquoi s’en offusquer ?
Pour y répondre, il est intéressant de se rappeler qu’aller à la plage pour voir et être vu, exposer son corps au soleil et au regard d'autrui, passer sa journée à nager et à bronzer, et se rincer l’oeil au passage, sont des phénomènes récents dans l’histoire de l’humanité. En tout cas, pendant longtemps, le teint clair était plus recherché par les hommes et les femmes que le teint hâlé car il reflétait un mode de vie aristocrate, alors que le teint foncé renvoyait au travail à l’extérieur, donc à la paysannerie. Maintenant, nous avons complétement basculé dans la situation inverse. Il ne faut pas oublier aussi que la référence à la couleur de la peau fait partie de la thématique raciste.
Pour cerner davantage la problématique du burkini en Méditerranée, il faut se rendre sur les plages d'Extrême-Orient. Depuis des années, le facekini fait fureur en Chine comme le montrent ces images qui ont fait le tour du monde. On y voit des Chinoises portant un pendant du burkini avec en plus, une cagoule masquant tout le visage, pour se prémunir contre les rayons solaires, échapper au bronzage, se protéger contre les piqures de méduses et surtout, éviter d’être prises pour des paysannes. C'est toujours d'actualité d'ailleurs, on en a parlé il n'y a pas longtemps.
Alors, si les Chinoises en « facekini » font sourire, pourquoi des Françaises en « burkini » provoquent autant de crispation dans la société ? Eh bien, c’est tout simplement parce qu’on considère que le port de ce vêtement de plage, qui le moins qu'on puisse dire n'est pas adapté aux conditions climatiques et environnementales dans lesquelles il sera porté, peut être motivé par une idéologie construite autour de deux éléments particulièrement nuisibles à la vie dans une société multiculturelle, laïque et apaisée : l’islamisme et le communautarisme. Pour s’en convaincre, il suffit de lire l’éditorial véhément du quotidien qatari Al-Sharq sur ce sujet. « Ces justifications superficielles et simplistes (de l’interdiction du burkini) fournissent des preuves supplémentaires que l'Etat français combat l'islam dans ses symboles (comme le précise ou le sous-entend l'article, il s'agit du voile, du niqab et du burkini !), craignant leur propagation parmi les Français ». Notez bien la formulation choisie par ce journaliste du Qatar, pays réputé d'avoir une grande affinité pour les islamistes aux quatre coins de la Terre, "l'Etat français combat l'islam dans ses symboles" et non "l'Etat français combat les (supposés) symboles de l'islam", nuance lourde de significations.
Toujours est-il que le jour où le burkini sera porté par des Françaises athées, chrétiennes, juives, bouddhistes ou fétichistes, il ne posera plus aucun problème, il sera un maillot comme un autre. En attendant, il fera toujours polémique. Il serait naïf de l’ignorer.
2. Ça s’est passé en Corse le weekend dernier. Alors qu’une femme se baignait dans une
crique en burkini, elle est prise en photo, par mégarde à ce qu’il parait, par des
jeunes qui photographiaient les étoiles en plein jour. Coup de sang des hommes
qui accompagnaient la burkiniste. Les parents des jeunes rappliquent. On passe
aux mains ensuite. Les offensés sortent une hachette et un harpon. Bagarre
générale. C’est la version qui a circulé
sur les réseaux sociaux les premières heures. Elle a été prise à partir du témoignage
d’une jeune fille et reprise en boucle par la majorité des médias de
l’Hexagone. Le problème c’est qu’il existe une autre version des faits publiée
par Mediapart d’après le témoignage
d’un des participants à la bastonnade où il parait que les jeunes se seraient
moqués de l’islam et des origines arabes des baigneurs, les poursuivant même
sur le parking après avoir appelé du monde en renfort, qui a débarqué avec des
battes de baseball, alors qu’ils quittaient gentiment les lieux. L’ennui c’est qu’il y a une troisième version des faits qui
découle de l’enquête et qui balaie pour de bon les deux premières.
Elle met en scène une famille maghrébine
d’une douzaine de personnes, vivant en Corse et en Espagne, deux des quatre hommes étant connus des services
de police, qui s’est montrée particulièrement agressive face à deux touristes rejoints par des baigneurs corses, qui
voulaient profiter eux aussi de la crique et du paysage méditerranéen, décrétant « la plage est à nous, nous voulons être seuls ». Selon le procureur de la République, « ils ont multiplié... des incidents avec un certain nombre de
personnes: jets de pierre à proximité d'autres personnes pour les
intimider, tensions très fortes, insultes et menaces », ce qui a conduit au placement en garde à vue de trois hommes. A l’arrivée
on n’a pas de burkini, mais trois des quatre
femmes étaient voilées et se baignaient habillées, comme les hommes
d’ailleurs. Il n’y avait pas de machette, mais un harpon a priori. Il n’y a eu
aucune insulte à caractère raciste ou islamophobe, mais de l'agressivité. C’est un fait divers par
excellence dû à la déshydratation des neurones en période estivale et à une
hypertestostéronomie acquise. Mais, puisque la polémique est lancée, nous allons
en profiter et surfer sur la vague.
3. Le burkini/burqini
est une tenue de plage comme un hijab, qui couvre tout le corps à l’exception
du visage, des mains et des pieds. Il a été créé en 2004 par une Libanaise svp, Aheda Zanetti, Australienne
d’adoption. Par conviction religieuse ? Sans doute. Par motivation
commerciale ? Certainement. Les ventes progressent au fur et à mesure que les
esprits se radicalisent et les polémistes s’emmêlent. Se trouvant au milieu de
cette tempête sans le vouloir, la business-woman feint ne pas comprendre la
polémique française en se réfugiant derrière la commode victimisation : « J’aimerais
poser une question : est-ce que les maires et politiciens en France veulent
bannir le burkini ou juste les musulmans ? » Qu’est-ce que tu veux
ma cocotte de compatriote, à défaut d’interdire la construction de mosquées dans
l’Hexagone, on s’attaque au burkini !
Mais comment reprocher à la créatrice du burkini de ne pas comprendre le sujet de la polémique, quand de prestigieux médias comme la BBC et le New York Times n’y arrivent pas non plus. Pour le premier, « les autorités (françaises) devront faire la distinction entre les nageurs en burkini et en combinaison (de plongée) », et pour le second « la France désigne la dernière menace pour la sécurité: le burkini ». Le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung prétendra même que « l’interdiction du burkini... est le produit d’une islamophobie ». Mais voyons !
Mais comment reprocher à la créatrice du burkini de ne pas comprendre le sujet de la polémique, quand de prestigieux médias comme la BBC et le New York Times n’y arrivent pas non plus. Pour le premier, « les autorités (françaises) devront faire la distinction entre les nageurs en burkini et en combinaison (de plongée) », et pour le second « la France désigne la dernière menace pour la sécurité: le burkini ». Le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung prétendra même que « l’interdiction du burkini... est le produit d’une islamophobie ». Mais voyons !
4. Tout
aussi ridicules, ces réactions contre le port du burkini, exprimées en
France. La médaille de bronze du ras des
pâquerettes revient à l’essayiste Caroline Fourest : « Si ces nageuses (burkinistes)
persistent dans l'incohérence... on a bien le droit de se lever pour aller se
baigner ailleurs (surtout ne te gêne pas !), voire d'envoyer à son tour un
message : en optant pour le nudisme (ah non pitié, épargne-nous le
spectacle !) ». En ce qui concerne la médaille d’argent, je l’attribue au plus méritant, le très sérieux
Raphaël Enthoven : « Question
: Les partisans du burkini défendent-ils, au nom de la tolérance qu'ils
invoquent, le port du string sur les plages saoudiennes?» Et dire qu'il fier de lui ! Wlak chou khas tozz be marhaba, comme on
dit dans nos contrées d’Orient, quel rapport ? Aucun. Il a échappé à ce
professeur de philosophie que sa question n’a aucun sens logique que si
elle est posée à des Saoudiens qui invoquent la tolérance pour soutenir le port du burkini sur la Côte
d’Azur ! Quant à la médaille d’or,
elle est attribuée haut la main à David Lisnard, le maire Républicain de Cannes
pour son arrêté fourre-tout pris le 28 juillet qui stipule que « l'accès aux plages et à la baignade
sur la commune de Cannes sont interdits (...) à toute personne n'ayant pas une
tenue correcte, respectueuse des bonnes mœurs et de la laïcité, respectant les
règles d'hygiène et de sécurité des baignades ». Pour mieux se rendre
compte du ridicule de la situation, malgré la validation de l’arrêté par la
justice, il faut bien comprendre que rien, absolument rien, n’interdit sur les territoires de France, de Navarre et autour de la
Croisette, de déambuler et de prendre l’air en burkini. Avis aux
amatrices. Mais dans ce dernier cas, gare à celles qui s’aventureront sur le sable de la plage située de l'autre côté du célèbre boulevard ! L’amende sera salée, 38 € par provocation.
5. Cela étant dit, comme je l’ai mentionné
plus-haut, toute cette affaire en Corse a démarré avec trois femmes qui se
baignaient habillées dans la mer, quatre hommes qui avaient privatisé une
crique et des jeunes qui ne croyaient ni leurs yeux ni leurs oreilles. C’est ce
qui nous amène à une première réflexion de bon sens. Si de part et d’autre, les jeunes curieux corses et les hommes susceptibles
d’origine maghrébine, n’avaient pas fait attention les uns aux autres,
chacun faisant ce qu’il avait à faire et s’adonnant à ses petits plaisirs et
ces délires, tout le monde serait rentré chez lui en fin de journée pour
préparer le barbecue du soir, joyeux et exténué par une si belle journée ensoleillé
passée à la plage. Mais non voyons, la vie serait trop belle avec un esprit
décontracté !
6. La deuxième réflexion qui vient à
l’esprit est aussi de bon sens. Je ne sais pas pour vous, mais pour moi, je n’apprécie plus du tout l’ambiance de la
plage. En tout cas, pas avant 18h ! La chaleur, le sable, l’eau salée, la luminosité, l’éblouissement,
les ultraviolets, les coups de soleil, les risques dermiques, les risques oculaires,
la promiscuité, les restrictions hydriques, la rétention urinaire, la pollution
de l’eau, les pisseurs et pisseuses de tout poil, et j’en passe et des meilleures. Nulle part et dans aucune situation, nous
sommes confrontés à autant d’éléments désagréables simultanément. Mais alors, saperlipopette, quelle idée d’en rajouter encore : aller
se baigner tout habillées, en noir de surcroit, accompagnées d’hommes paranoïaques
et agressifs ! Mamma mia.
7. Ma troisième réflexion porte sur le fond
de cette affaire. L’Europe en général et
la France en particulier, constituent d'extraordinaires contrées qui offrent à
tout un chacun -disons à l’écrasante majorité des gens, de toutes origines,
tendances politiques et appartenances communautaires confondues, et dans des
limites raisonnables garanties par les Constitutions et les lois des pays de
l’Union européenne- la possibilité de vivre
en toute liberté, sa vie, ses idées, ses croyances, mais aussi, de s’affranchir
des communautés, des religions, des idéologies et des pressions sociales. Nulle
part au monde, un athée, un chrétien, un musulman, un juif, un bouddhiste, un
fétichiste, un végétarien ou un crudivore, ne peut trouver un environnement aussi favorable à l’épanouissement personnel,
qu’en Europe en général et en France en particulier, pourvu qu’on s’abstienne
de dresser des barricades avec les autres, que nous cessions de
gémir et de revendiquer à longueur de journée, et que chacun y mette un peu du sien.
Alors pourquoi diable ne pas saisir
cette chance inouïe de l'existence et en profiter pleinement ? Faut-il croire le chroniqueur algérien Aziz Benyahia, dont les chroniques tairaient pour un bout de temps ceux qui reprochent aux intellectuels musulmans d'être passifs, quand
il affirme à propos du burkini avec sarcasme que « non seulement les musulmans l’auraient bien accueilli, mais ils
auraient pris semble-t-il, ce néologisme pour une avancée dans leur conquête de
nouveaux espaces gagnés sur des terres mécréantes » ? Je ne crois pas, mais il serait naïf d’ignorer
que cette logique accapare les esprits islamistes en France et ailleurs.
Qui a le cœur de refuser l'accès à la plage à cette burkiniste ? |
Pour y répondre, il est intéressant de se rappeler qu’aller à la plage pour voir et être vu, exposer son corps au soleil et au regard d'autrui, passer sa journée à nager et à bronzer, et se rincer l’oeil au passage, sont des phénomènes récents dans l’histoire de l’humanité. En tout cas, pendant longtemps, le teint clair était plus recherché par les hommes et les femmes que le teint hâlé car il reflétait un mode de vie aristocrate, alors que le teint foncé renvoyait au travail à l’extérieur, donc à la paysannerie. Maintenant, nous avons complétement basculé dans la situation inverse. Il ne faut pas oublier aussi que la référence à la couleur de la peau fait partie de la thématique raciste.
Pour cerner davantage la problématique du burkini en Méditerranée, il faut se rendre sur les plages d'Extrême-Orient. Depuis des années, le facekini fait fureur en Chine comme le montrent ces images qui ont fait le tour du monde. On y voit des Chinoises portant un pendant du burkini avec en plus, une cagoule masquant tout le visage, pour se prémunir contre les rayons solaires, échapper au bronzage, se protéger contre les piqures de méduses et surtout, éviter d’être prises pour des paysannes. C'est toujours d'actualité d'ailleurs, on en a parlé il n'y a pas longtemps.
Alors, si les Chinoises en « facekini » font sourire, pourquoi des Françaises en « burkini » provoquent autant de crispation dans la société ? Eh bien, c’est tout simplement parce qu’on considère que le port de ce vêtement de plage, qui le moins qu'on puisse dire n'est pas adapté aux conditions climatiques et environnementales dans lesquelles il sera porté, peut être motivé par une idéologie construite autour de deux éléments particulièrement nuisibles à la vie dans une société multiculturelle, laïque et apaisée : l’islamisme et le communautarisme. Pour s’en convaincre, il suffit de lire l’éditorial véhément du quotidien qatari Al-Sharq sur ce sujet. « Ces justifications superficielles et simplistes (de l’interdiction du burkini) fournissent des preuves supplémentaires que l'Etat français combat l'islam dans ses symboles (comme le précise ou le sous-entend l'article, il s'agit du voile, du niqab et du burkini !), craignant leur propagation parmi les Français ». Notez bien la formulation choisie par ce journaliste du Qatar, pays réputé d'avoir une grande affinité pour les islamistes aux quatre coins de la Terre, "l'Etat français combat l'islam dans ses symboles" et non "l'Etat français combat les (supposés) symboles de l'islam", nuance lourde de significations.
Toujours est-il que le jour où le burkini sera porté par des Françaises athées, chrétiennes, juives, bouddhistes ou fétichistes, il ne posera plus aucun problème, il sera un maillot comme un autre. En attendant, il fera toujours polémique. Il serait naïf de l’ignorer.
9. Passons aux choses sérieuses. Que faire
face au phénomène burkini ? Procédons par logique. Faut-il légiférer au niveau national ? Surement pas. En dépit
de la médiatisation à outrance de tout ce qui touche à l’islam de près ou de
loin, le port du burkini est un
épiphénomène, condamné à disparaitre tellement il est inadapté, voire
grotesque. Légiférer c’est lui donner de l’importance. En plus, l’Etat français
et les forces de police ont d’autres occupations que de perdre du temps, de
l’argent public et de l’énergie sur une
mode identitaire si minoritaire. Faut-il
légiférer au niveau local ? Pas
davantage. Et dire que tout est laissé à l’appréciation des maires pour
l’instant. Au rythme des échéances électorales et vu la bonne santé du
populisme et la radicalisation des esprits des uns et des autres, la suite de l'histoire est
prévisible. Après Cannes et Villeneuve-Loubet (Alpes-Maritimes), il y a eu
Sisco (Haute-Corse), puis Touquet et Oye-Plage (Pas-de-Calais), Leucate (Aude)
et Cap-d'Ail (Alpes-Maritimes). En tout cas, le tribunal administratif de Nice a validé le
13 août la décision de la Mairie de Cannes d’interdire le burkini sur les
plages de la ville. Du côté de
Marseille, le burkini semble trouver une place entre le bikini et le topless,
sans que ça fasse beaucoup de vagues pour l’instant. De l’autre côté de la
Méditerranée, les burkinistes n’ont pas la vie facile dans les piscines de
certains hôtels et parcs du Maroc.
10. Il est curieux de noter dans cette
affaire, qu’un petit détail de l’arrêté
municipal de Cannes a échappé à tout le monde, médias et hommes politiques en tête.
C’est celui de la date de validité de l’interdiction.
Elle prend fin le 31 août 2016 !
Même le tribunal administratif de Nice est tombé dans le piège du maire de
Cannes. Ce détail rend toute l’affaire du burkini ridicule. Alors voyons un
peu, selon la logique de notre champion olympique du fourre-tout, en une nuit
sans lune comme on dit, celle du 31 août - 1er septembre, subitement
le burkini ne posera plus aucun problème de laïcité, de sécurité, de troubles à
l’ordre public et d’hygiène, sur les plages de la ville de Cannes. C’est d’un grotesque !
11. Et au-delà des clichés, que faire ? Comme
l’a rappelé Jean-Pierre Chevènement,
la personnalité pressentie pour prendre la tête de la Fondation pour l'islam de France, « chacun
doit faire un effort pour que la paix civile l'emporte ». Son
appel aux Français de confession musulmane à la « discrétion » a
fortement déplu à certains. Et pourtant, le Che s’adressait à tout le monde et
son message spécifique est plein de bon sens. Face à ses détracteurs, l’ancien
ministre de l’Intérieur a tenu à préciser qu’il n’a fait que reprendre « l'expression employée par le recteur
de la mosquée de Bordeaux », l’imam Tareq Oubrou, qui laisse hommes et
femmes prier sans séparation dans la mosquée de cette ville de la Gironde, et qui a été menacé de mort à plusieurs reprises par
les terroristes de Daech. Dans ce sillage, je suis obligé de citer aussi Eric Zemmour, hélas. Non sérieusement,
je ne me souviens plus du contexte exact. Mais, le polémiste a raconté un jour
dans une émission de télévision, comment ses parents lui avaient appris un geste
banal quand il était petit, plein de significations, celui d’enlever la kippa à
la sortie de la synagogue, par « respect » à son environnement.
Tout cela me conduit à une dernière réflexion, la plus importante de toutes.
Mais enfin, au lieu que le maire de Cannes
et ses collègues, ne prennent des arrêtés bidon, jusqu'au 31 août !, pour ne pas choquer leurs
vacanciers, et que la Fédération des
musulmans du Sud et le Collectif contre l’islamophobie en France ne caressent
les burkinistes dans le sens du poil, les
deux camps auraient mieux fait de rappeler à leurs administrés et à leurs adhérents
que cette discrétion et ce respect, qui constituent la base même du vivre ensemble,
doivent dicter la relation de chaque individu avec la société entière, et vice versa.
12. Moi
qui me situe à cheval entre l’Orient et l’Occident, je m’aperçois finalement qu’il existe
deux modèles du « vivre ensemble », qui ont chacun, des avantages et des inconvénients. D’un côté, il y a ce que j'appellerai le modèle oriental. Il est basé sur une expression ostentatoire et un penchant
totalitaire, en ce qui concerne les convictions religieuses comme les
opinions politiques, aussi bien au niveau des croyances et qu’au niveau des
idéologies. Le modèle oriental du vivre ensemble, que l'on retrouve du Machreq au Maghreb, mais aussi dans toute l'Asie, l'Afrique et l'Amérique, s’inscrit dans l’esprit de la
chanson « Tout va très bien, madame
la marquise ». Comme on le voit au Liban par exemple, mais aussi dans d'autres pays arabes ou en Iran, non seulement ce modèle ne fait pas une nation cosmopolite, homogène et harmonieuse, mais en plus,
il conduit inexorablement au repli identitaire et à la surenchère communautaire
et religieuse, deux freins au progrès. D’un autre côté, nous avons le modèle occidental. On le retrouve notamment en Europe. Il est basé sur plusieurs piliers fondamentaux
dont la liberté, la laïcité, la
discrétion et le respect d’autrui. Ça n’a pas toujours été le cas et ce
n’est pas facile, loin de là. Mais enfin, c’est le cas de nos jours et on y arrive avec peu d'effort. Ces piliers permettent d’apaiser les
sociétés en général, de pacifier les relations sociales (communautaires) en
particulier et d'aller de l'avant. Le modèle occidental du vivre ensemble est un modèle d’avenir,
parfaitement adapté aux sociétés pluralistes. Il faut tout faire pour le
préserver et éviter à tout prix de le parasiter par le modèle oriental.
13. En attendant l'avis du Conseil d'Etat sur le burkini, un souhait avant de nous quitter, vivement l’hiver, pour rafraichir
certains esprits.