dimanche 11 novembre 2012

Quelques vérités qui dérangent (Art.85)



Quand le sage montre la lune, l’imbécile regarde le doigt. Le monde étant ainsi fait, nous n’allons pas le refaire. En tout cas pas moi. Je zappe allégrement. Je dirais même plus, je zappe allégrement et d’une manière joyeuse, pleine d’entrain et d’allant ! Je zappe surtout et par-dessus tout, les considérations d’ordre personnel, aussi minables que dénuées d’intérêt. C’est la nature humaine sous une mauvaise lumière! Il est connu, mieux vaut faire envie que pitié. Facebook n'y change rien, bien au contraire, dans le royaume du paraître et du nombrilisme, au milieu des interactions frénétiques, la jalousie exacerbe la frustration de certains. Après, c’est la porte ouverte à tous les délires. Si on n’est pas équilibré dans la vie réelle, on risque de l’être encore moins sur Facebook. Bon, chacun ses problèmes. Le mien est ailleurs, c’est la menace qui pèse sur la sacro-sainte liberté d’expression qui me préoccupe aujourd’hui.

Sous des prétextes bidon, on veut tout simplement museler les plumes « Think different », la mienne entre autres. Quand les manœuvres classiques ne parviennent pas à avoir gain de cause, les restrictions de l’accès aux médias, l’esprit de caste, la culture du bocal-club, la politique de l’autruche, la médisance, le snobisme, le dénigrement et les rumeurs, on recourt à l’argument fasciste par excellence, la « dangerosité » des écrits. Le comble, c’est que cela émane de personnes du 14 Mars qui soi-disant militent contre le « fascisme » du Hezbollah et des régimes d’Assad et d’Iran. Une mascarade ! Schizophrénie mon amour, comme tu peux être bien commode.

Nombreux sont les amis centristes et du 14 Mars qui m’ont apporté un soutien infaillible, ce soutien qui peut booster un éléphant en léopard. Ce n’est pas que la menace soit sérieuse ou qu’elle puisse infléchir mes propos et ma détermination, mais voir que nous sommes nombreux à partager les mêmes valeurs, est fort rassurant. Je leur suis éternellement reconnaissant. Ce qui m’a fait autant plaisir ce sont les témoignages de solidarité d’amis sympathisants du Courant Patriotique Libre et du Hezbollah. Et pourtant je n’ai jamais été tendre avec les deux formations politiques qu’ils soutiennent. Ils m’ont fait comprendre que la tolérance dépasse les différends politiques. Je leur dit merci pour cette leçon de vie, je m’en souviendrai longtemps.

Pour celles et ceux qui ont raté les chapitres précédents et se demandent pourquoi mes écrits sont considérés « dangereux » par certains esprits étriqués du 14 Mars, je vous fais un petit résumé d'une vingtaine de points particulièrement dérangeants abordés dans mes 85 articles, en 20 mois d’activisme sur Facebook et sur mon blog. Je persiste et je signe : 

- ce n’est pas parce que certains du 14 Mars espéraient une intervention américaine en Syrie et le bombardement de l’Iran qu’il fallait souhaiter pour notre planète Mitt Romney comme président des Etats-Unis ; voilà pourquoi j'ai soutenu Barack Obama ;
- il n’y aura pas d’intervention militaire occidentale en Syrie sous Obama II sans l’accord des Russes ; d'ailleurs, il n’y aurait pas eu sous Romney non plus ;
- Assad ne tombera pas de sitôt ; je le dis, à contrecourant et sans cesse, depuis le 15 mars 2011, alors que le 14 Mars l'annonce tous les vendredis depuis 20 mois ;
- rien ne changera en Syrie avant d’avoir 100 000 morts sauf si les rebelles revoient leur stratégie qui a montré son échec à renverser le régime syrien ;
- Assad pourrait réactiver l'Etat des Alaouites
- armer les rebelles prolongera la guerre civile en Syrie et l’espérance de vie du régime d’Assad ;
- les rebelles ne sont pas des saintes nitouches (crimes de guerre, exécutions sommaires, attentats-suicide, kidnapping...) ;
- la chute d’Assad ne changera pas en profondeur la donne politique au Liban ;
- le Hezbollah tire sa force avant tout de la communauté chiite libanaise qui le soutient massivement et non de ses armes ou des régimes syrien et iranien ;
- Michel Aoun tire sa force des communautés chrétiennes qui le soutient encore et toujours ;
- les communautés chrétiennes libanaises sont plus préoccupées par la dégradation de leurs conditions de vie que par la situation en Syrie, et ce n’est pas pour autant qu’elles manquent d’humanisme... les nouvelles tragiques n’empêchent pas, à ce que je sache, aucun libanais ulcéré par le drame syrien de s’amuser sur Facebook, d’aller au restaurant ou de voyager, avec le sourire et la bonne humeur ;
- Walid Joumblatt est le seul responsable de la chute du gouvernement Hariri le 12 janvier 2011, de la prise du pouvoir par le Hezbollah, et du maintien du gouvernement Mikati au Sérail ;
- le ménagement du chef de Moukhtara malgré toutes les niaiseries qu’il débite à longueur d’année et les retournements opportunistes dont il est capable, est anti-démocratique ;
- tout ce qui est bâtit sur des sables mouvants s’écroulera ; le Bek est les sables mouvants aujourd’hui ;
- le patriarche Rai n’est pas un punching-ball pour les frustrés du 14 Mars ;
- le 14 Mars ne s’est pas posé les bonnes questions après la mort de Wissam el-Hassan ;
- les drapeaux syriens et l’attaque du Sérail, lors des funérailles du chef des renseignements des FSI, le 21 octobre 2012 place des Martyrs, comme l’affichage déplacé du portrait du roi Abdallah le 13 mars 2011 sur la même place, sont des erreurs choquantes de la  part d'un camp « souverainiste » ;
- le 14 Mars ne reviendra pas au pouvoir que par les urnes, avec un programme électoral ambitieux, réaliste, concret et chiffré ;
- Mikati restera au Sérail jusqu’aux prochaines élections législatives en 2013 ;
- demander la démission du gouvernement Mikati est une erreur tactique monumentale du 14 Mars ;
- étant donné les esprits communautaires au Liban, caractérisés par le vote en bloc des communautés libanaises, chiite, sunnite et druze, une loi électorale basée sur le vote intracommunautaire est la seule à pouvoir remédier à un défaut démocratique originel, la mauvaise représentation des communautés chrétiennes au Parlement libanais.

Ouf, heureusement que la liste n’est pas exhaustive. J’aurai pu continuer mais je préfère qu’on aille à l’essentiel, à quelque chose de plus important. Toute analyse, toute critique ou toute remarque a sa place dans une démocratie digne de ce nom. Seuls la réflexion et l’échange permettront d’avancer dans ce sens. Le problème des leaders politiques libanais des deux camps, c’est de ne pas avoir d’avis divergents autour d'eux. Ils sont tous entourés de beaucoup de « békharjiyé ». A partir de là, tout reproche qui n’est pas public au Liban, risque d'être enterré par un « boukra min chouf », « khalina n3ich », « lézim nédréssa », « badda 3a2dé », wa hallouma jarra.

Je crois fermement que la « concurrence politique » entre les partis et la « diversité politique » au sein des partis, ainsi que des médias à la hauteur, pousseront les dirigeants libanais à être plus inventifs, plus sincères et plus audacieux. Elles relèveront le niveau du débat politique au Liban, de médiocre à passable. En tout cas, de mon côté je vous promets mes cher(e)s ami(e)s que je n’accepterai aucune restriction à ma liberté d’expression sous quelque prétexte que ce soit, du plus sincère au plus hypocrite et du plus noble ou plus minable. J’accompagnerai désormais mes articles avec un avertissement : « tout public » ou « interdit aux esprits étriqués ». L'océan de la liberté fait peur aux poissons rouges. Qu'ils restent dans leur bocal, c'est beaucoup plus rassurant. Aux esprits démocrates de tous bords, je dis à la prochaine. Aux autres, la porte est toujours grande ouverte, pour quitter ma liste d’amis et me bloquer à tout moment ; bon courage, bonne chance et bon vent !