mercredi 26 décembre 2012

Les dernières frasques de Ziad Rahbani : bass tékbar bé rasso lal énssan ! (Art.95)


Qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, c’est incontestable, Ziad Rahbani est un artiste libanais talentueux. Fin observateur de son environnement, il a su mettre en exergue à travers des pièces de théâtre mémorables, les niaiseries de la société libanaise. Nazl el-Sourour (1974), Bél nésbé la bokra chou (1978), Film amériki tawil (1980), et Chi féchil (1983). On peut les écouter en boucle, et même 20 ou 30 ans après, elles n’ont rien perdu de leur fraicheur, de leur justesse et de leur mordant. Ziad Rahbani, fils de Fairouz et d’Assi Rahbani, est aussi un musicien hors pair, il a composé un grand nombre de chansons qu’on fredonne encore. Qui n’a pas chanté lors d’une soirée ou d’un pique-nique « 3a hadir el bosta » ou « el 7ali té3béné ya Leila ».

Allez savoir pourquoi, il y a quelques jours, alors qu’il commence son dernier spectacle avec 1h20 de retard, sans un mot d’excuse, et parce que certaines personnes ont osé manifester une légère irritation, il n’a pas trouvé mieux que de balancer à l’un « Si tu n’es pas content, pourquoi es-tu encore là ? », à un autre « Tu peux sortir de la salle stp », et à une autre « Ecoute-moi ou tu vas entendre quelque chose qui ne te plaira pas ». Les gorilles sont intervenus pour expulser « les voix qui perturbent » le bon déroulement du spectacle. L’artiste a justifié le retard par le fait qu’il fallait attendre tous les retardataires ! Ha ha ha ha, mieux vaut en rire. Et même si c’était vrai, est-ce que cela justifie de mépriser celles et ceux qui sont venus à l’heure ? Quand même !

Certes, il n’y a pas de quoi fouetter un chat, mais on ne peut pas s’empêcher de ressentir une franche déception car ce n’est absolument pas ce qu’on attend d’un artiste de son rang. Un petit mot d’excuse aurait désarmé les plus grincheux et les plus coriaces des râleurs. Mais, l’ego du libanais en général, et le ridicule ego de certaines « notoriétés » en particulier (artistes, politiciens, ...), font que cette frontière demeure infranchissable pour eux.

Et au lieu que les fans, se montrent un peu plus exigeant à l’égard de leur idole, ils ont applaudit énergiquement les frasques-grotesques de l’artiste. Eh bien, si on n’exige pas d’être respecté, peut-on après aller se plaindre de ne pas l’être ! Cette réflexion est valable non seulement dans ce cas précis, mais en politique aussi. Tant qu’on n’est pas capable de critiquer les erreurs, les abus et les dérives de ceux que nous soutenons, que l’on ne s’étonne pas qu’on soit pris pour des moutons.

Enfin, dernière anecdote. Comme d’habitude, certains esprits libanais fertiles et tordus, pour ne pas dire la7issin éjrein, encore moins tizein, ont commencé à parler même de « complot » qui aurait été organisé par « ceux qui sont dérangés par le succès de Ziad Rahbani et effrayés par ses idées » ! Wlak khafo rabkoun ya jamé3a ;)

Réf.