mercredi 30 octobre 2013

Les niaiseries de Karl Lagerfeld, directeur artistique de Chanel, sur les femmes rondes (Art.189)


Si Karl Lagerfeld a le droit de s’exprimer librement sur tout le monde, n’importe qui a le droit aussi de s’exprimer sur Karl Lagerfeld. Maintenant que la boucle est bouclée et que l’équation est posée, passons à ce qui fâche.

Le couturier allemand n’aime pas voir des grosses dans la mode. Bon, il ne vaut pas plus que ceux qui n’aiment pas voir des pédés dans les films ! J’avoue que c’est plus subtil que cela. En fait, Karl -je m’autorise cette petite familiarité car le styliste totipotent est omniprésent sur le petit écran depuis ma tendre enfance- n’aime pas voir des femmes rondes dans l’univers de la mode. Pourquoi pas. Disons, c’est un peu comme ceux qui n’aiment pas voir des hommes efféminés dans leur champ visuel. Admettons, il faut tout pour faire un monde. Le problème c’est que le créateur de mode a fait état de cette répulsion à plusieurs reprises, dans un livre publié récemment autour de sa personne, « Le monde selon Karl » aux éditions Flammarion (sept. 2013), et lors d’une émission TV. Dans le monde de Karl, « personne n’a envie de voir des femmes rondes sur les podiums ». Waouh, mais c’est le délire ! Mais de quoi et de qui il parle ? A l’en croire, on dirait que Najat Vallaud-Belkacem, la ministre française des Droits de la femme, veille scrupuleusement à l’application d’une disposition législative fictive qui impose à tous les créateurs de mode un quota de 33 % de femmes en surpoids d’au moins 10 kg, à tous les défilés de mode à Paris et dans toutes les villes de plus de 700 habitants des provinces de France et de Navarre ! Tss-tss, la moquette ce n’est pas bon pour la santé, même roulée avec de la marijuana bio. Mais bordel, que Karl Lagerfeld nous explique quelle est la chance d’une femme ronde aujourd’hui de passer sur un podium ? Et puis, qui sont ces mannequins rondes insolentes qui l’ont traumatisé à un point qui l’a poussé à sortir une niaiserie de ce calibre ? On veut des noms ! Évidemment, il n’y en a pas. Des foutaises sur toute la ligne.

En tout cas, on ne cesse de dénoncer régulièrement les diktats de la mode, élaborés par les Karl Lagerfeld en puissance, hommes et femmes confondus, qui imposent depuis des dizaines d’années des maigrichonnes-chétifs sur les podiums. Si cet homme a encore des complexes à 78 ans, que ça soit au niveau sexuel (KL est homosexuel au cas où cela a pu échapper à certains) ou au niveau de la corpulence (KL était un homme souffrant d'obésité sévère, il a perdu 43 kg en 13 mois en l’an 2000), cela se règle sur le divan d’un psy et non à travers un défoulement sur les « femmes rondes ». Ce flagrant mépris à l’égard d’une partie de la population est indigne d’un personnage public, directeur artistique de Chanel, la prestigieuse maison parisienne de haute couture.

Il faut dire que le designer n’est pas à sa première grossièreté. Il y a quelques semaines dans une émission TV (sur la chaine D8), il a expliqué avec la simplicité de tout prétentieux à cinq centimes, que « le trou de la Sécurité sociale, c'est aussi toutes les maladies attrapées par les gens trop gros ». Il fait plus fort que le Front national ! Oui, les personnes en surpoids et obèses sont exposées à des maladies chroniques (cardiovasculaires, diabète, articulaires, etc.). Et alors M. Lagerfeld, on en fait quoi au juste de ces « gens trop gros »? Et pourquoi ne pas dire aussi dans la foulée des niaiseries de moules marinières que « le trou de la Sécurité sociale, c'est aussi toutes les maladies attrapées par les gens qui ont le sida ». Et puisqu’on est échauffé un peu dans cet eugénisme virtuel médiatique, pourquoi se gêner, disons aussi que le trou de la Sécu, c’est aussi tout ce que nous coûtent les vieux de son âge en consultations, en examens médicaux et en médicaments, ainsi que tous les contrôles médicaux des femmes engrossées et toutes les saloperies de virus que ces petits salopards de morveux attrapent au fil des ans, j’en passe et des meilleures. Il est tout simplement lamentable.

Une plainte vient d’être déposée par l’association « Belle, ronde, sexy et je m'assume », qui est associée au comité Miss Ronde France, contre Karl Lagerfeld pour « propos diffamatoires et discriminants ». Quand on y pense, les propos de Karl Lagerfeld sont plus que ça. Ils sont d’une stupidité inqualifiable. Mais personnellement, je n’aurai rien fait, à part écrire ces quelques lignes satiriques sur un personnage qui apparait plus que jamais antipathique au plus haut degré.

Karl Lagerfeld n’est pas vraiment, comment vous dire, un homme sympathique. En tout cas, il n’est pas attachant. Trop froid. Je le vois bien réincarner en serpent. Étant connu pour le sens de la formule, voici un tour d’horizon du personnage pour vous en convaincre, en quelques citations qu’il appelle pompeusement, les karlismes, regroupés dans son livre et son site internet sous la rubrique « karlism ». Alors, commençons par ce merveilleux constat. « J’ai autour de moi des gens jeunes et beaux. J’ai horreur de regarder la laideur. » Tiens, tiens, il est sûr et certain, qu’il ne doit pas avoir beaucoup de miroirs chez lui ! « Je déteste avoir des conversations intellectuelles, seule ma propre opinion m’intéresse. » Comme c’est passionnant ! Il ne manque pas d’air pour un grand nombriliste. L’ancien obèse, comme le montre cette photo, ose balancer à la presse à propos de la chanteuse de Rolling in the Deep, « Le truc du moment c’est Adele. Elle est un peu trop grosse, mais elle a un beau visage et une voix divine ». Et il penserait quoi le bonhomme, quand il apprendra que BB le trouve un peu trop nase, même s’il est talentueux ! Il faudra absolument que quelqu’un lui offre un miroir à Noël, je suis sûr que ça pourrait l’humaniser un peu. « Choupette (sa chatte) est pourrie gâtée. Deux gouvernantes s'occupent d'elle jour et nuit. Elles tiennent un journal intime dans lequel elles notent ses moindres faits et gestes en mon absence. » Pour rappel, KL a 78 ans quand même et dirige trois maisons de mode ! Vous l’avez compris, on a affaire à un narcissique-pompeux de haut calibre, comme le prouve d’ailleurs, l’adresse de son site internet « karl.com » !

Si le directeur artistique de Chanel trouve que les femmes rondes n’ont pas leur place sur le podium, il doit aussi accepter que beaucoup de gens trouvent que Karl Lagerfeld himself est un personnage égocentrique, dépourvu de toute amabilité, ayant une tête à claques, avec une tronche de cake, qui s’habille d’une façon ringarde, parle avec un débit verbal et un accent disgracieux, semble aussi coincé que le cul d’une nonne, et qu’en fin de compte, il ne mérite pas d’être mis sur un piédestal par les médias français et internationaux. Et avant que je n’oublie, pitié, qu’un bénévole se charge de lui expliquer que Halloween, ce n’est pas tous les jours de l’année, mais c’est uniquement la veille de la Toussaint, le 31 octobre ! Voilà c’est dit. Eh oui, il n’y a pas mieux qu’un jeu de rôle, pour qu’il mesure la sottise de ces propos.

Le débat sur la taille des mannequins dans la mode n’est pas nouveau. On sait depuis longtemps que la maigreur est impérative, l’anorexie est tolérée. Plusieurs reportages et documentaires, dont celui de Sara Ziff, « Picture Me : A Model's Diary », cinq années de travail d’un ex-mannequin qui a commencé à défiler à l’âge de 14 ans, fondatrice du syndicat américain « Model Alliance », montrent parfaitement la face noire du mannequinat dans les pays occidentaux. Il s’agit d’un milieu superficiel, dans un monde déconnecté posant de multiples problèmes éthiques concernant à la fois le travail des mineurs, l’exploitation des adolescentes, l’abus sexuel, l’obsession du poids, etc. Les concernés n’en parlent jamais, c’est l’omerta. Les magazines rarement, trop dépendants de la publicité des créateurs de mode.

Question législation, sur les conditions de travail, l’Etat de New York vient d’imposer il y a quelques jours, l’obligation que les mineurs quittent leurs lieux de travail avant minuit dans la semaine (les jours d’école !), minuit trente le weekend. On parle du durcissement des règles de travail des mineurs, et la protection de ces derniers contre les abus. Lol ! Il faut dire qu’on vient de loin. La jeune Ondria Hardin, un mannequin très recherché en ce moment, a posé dès l’âge de 13 ans pour la marque Prada et a défilé dès l’âge de 15 ans pour des marques comme Chanel et Louis Vuitton ! Aujourd’hui, l’âge de ces tops-modèles est fixé à 16 ans, sauf que l’amende prévue en cas de violation de cette règle, progressive, n’est que de 1 000 dollars. En France, si les agences de mannequins ne peuvent pas faire défiler des filles de moins de 16 ans, rien ne les empêchent de les recruter avant. Question poids, c’est le vide juridique et déontologique. Le législateur semble oublier qu’à 16 ans, il s’agit encore de mineures. On se demande par quelle logique absurde, on fait travailler des jeunes filles mineures, et on exploite leur image, alors que le produit final s’adresse à des adultes ! La moindre des choses que l’on puisse dire, c’est qu’il y a tromperie sur la marchandise et publicité mensongère.

A propos, selon une étude publiée par la revue scientifique PLOS ONE en 2012, non seulement les mannequins sont trop maigres mais en plus, le contrôle de la silhouette et du poids, qui tourne à l’obsession chez les femmes, surtout à l’approche des beaux jours et du sable blanc, viendrait des podiums et des magazines. « Il y a là une preuve qu'être constamment entourés de célébrités via les médias contribue à faire adopter aux jeunes filles et aux femmes des pratiques malsaines pour le corps. » Et comment ! Surtout avec des propos tyranniques comme ceux de Karl Lagerfeld. Et puisque j’y pense, ça fait longtemps que j’ai envie de le lui dire. C’est ce soir ou jamais : « Mon cher Karl, il me semble que si vous desserrez le col de votre chemise, votre cerveau sera plus irrigué, vos neurones mieux oxygénés et vous vous porterez comme un charme. On pourra espérer trouver moins d’aigreur et de vanité dans vos propos, plus d’humanisme et de gentillesse. Vous comprendrez également que toutes les conneries ne sont pas bonnes à dire, que certains propos blessent inutilement et que les complexes des célébrités se règlent sur le divan d’un psy, pas dans les médias, encore moins en se défoulant sur les autres. » Allez, sans rancune !

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