Grand Beyrouth, l'autoroute littorale avant-hier. Pour ne pas arranger les choses, la pluie s'est invitée. Cause invoquée, les préparatifs du défilé militaire pour le 75e anniversaire de l'indépendance du Liban, qui sera célébrée le jeudi 22 novembre.
Alors, récapitulons: nous avons une indépendance manquée (même deux, de la France et de la Syrie!), une souveraineté incomplète, une dette publique abyssale de 80 milliards de dollars, un gouvernement démissionnaire depuis six mois, une démocratie bancale et pour couronner le tout, un embouteillage monstre. C'est à se demander si les leaders de ce pays ne veulent pas que les Libanais regrettent et le mandat français et la vacance présidentielle!
En tout cas, dans cette photo il y a une négligence qui saute aux yeux. Jamais les Libanais n'ont été aussi branchés, alors pourquoi ils n'ont pas été prévenus depuis le début de la semaine, via la télé, la radio, la presse et les réseaux sociaux, de la gêne qu'occasionneraient ces préparatifs? C'est évident quelqu'un n'a pas fait son boulot. Qui dit faute, dit sanction. Les fonctionnaires qui auraient dû anticiper ces embouteillages et ne l'ont pas fait, devraient répondre de leur acte manqué.
Cela étant dit, le problème de cette photo dépasse évidemment le cadre du défilé militaire et de l'armée libanaise. Faire une fixation là-dessus, serait très simpliste. Des défilés militaires, on en fait à Paris, sans créer ce genre de pagailles. Mais quoi, on découvre maintenant que les axes routiers au Liban sont saturés! Avant-hier c'est le défilé militaire qui était mis en avant, bientôt ce sont les achats de Noël, après c'est le Ramadan, puis c'est l'afflux touristique de l'été, et j'en passe et des meilleures. Et c'est sans parler de la pluie, qui s'invite comme ça sans prévenir. Non mais, vous vous rendez compte, qui peut penser à la pluie en plein automne? Saloperie d'imprévu.
Les embouteillages c'est le pain quotidien des Libanais depuis des lustres. Dans un Etat normal, on aurait procéder autrement il y a belle lurette. De trois choses l'une ou les trois choses à la fois : créer des grands axes en rasant les immeubles de part et d'autre des petits axes, limiter la mise en circulation des voitures et développer des transports en commun dignes de ce nom. Le comble, c'est qu'on n'a rien fait de tout cela au Liban et on trouve encore des gens qui ont l'audace de s'étonner des conséquences!
Pour mieux comprendre ce qui se passe dans notre pays, il va falloir changer d'angle de vue. L'accès à Sama Beirut à Sodeco, 195 m de hauteur et de laideur, se fait de facto par des rues à une ou deux voies, deux malheureuses voies d'accès. Je ne sais pas, mais les gars qui ont signé le permis de construire, de la municipalité de Beyrouth ou d'ailleurs, devraient être envoyés casser des cailloux dans le Hermel pour un moment. On balance un mastodonte de 52 étages, le plus haut immeuble au Liban, entre les petites rues de Beyrouth, comme si de rien n'était. On ne s'occupe pas de savoir quel sera l'impact d'un monstre de cette taille sur l'environnement et sur les riverains.
Toujours à Achrafieh, un chantier gigantesque vient de démarrer sur ce qui fut en temps de guerre, un terrain de foot, et en temps de paix, un parking, une zone située entre la rue Saïdé (en contrebas du quartier de Sioufi) et la rue cheikh el-Ghabé (la porte d'entrée de Karm el-Zeitoun). Un carré entouré par une trentaine d'immeubles je dirais. Il y a donc au moins 600 familles directement concernées, qui vont se taper ce chantier pendant au moins une demie douzaine d'années, voire une bonne dizaine d'années. Gêne indirecte, c'est 1 500 foyers touchés. Un vacarme incroyable au programme pour une décennie et les riverains ne savent toujours pas ce qu'il y aura à la place de leur parking! Inutile de préciser ni les propriétaires des lieux ni la municipalité de Beyrouth ni les services de Etat libanais, ne se sont donné la peine de faire une étude d'impact sur la suppression d'un lieu de stationnement de cette taille en plein cœur de Beyrouth. Comme pour Sama Beirut, pour venir, comme pour repartir, tout se fera avec des rues à une voie et à sens unique, une seule voie d'accès en tout et pour tout.
Comme on le voit sur Google Maps, la zone a une superficie légèrement inférieure à celle du jardin de Sioufi. Ça donne une idée de la taille du chantier. 15 à 20 000 m2 probablement. On dit que le terrain appartient à l'Eglise orthodoxe. On dit aussi qu'on envisage construire une université. Encore une! On dit qu'il y aura peut-être un centre commercial. Parce qu'on en manque cruellement au Liban! Certains pensent plutôt à des gratte-ciels, encore et toujours. C'est la gentrification de Beyrouth à toute vitesse. Elle a commencé après la fin de la guerre en 1991. Elle est passée à une vitesse supérieure par le vote à la hâte et à la dérobée de la loi sur les locations anciennes en 2014, par les autoprorogés députés. Toujours pas appliquée. Le jour où elle le sera, elle repoussera la classe moyenne et les natifs de la ville vers les banlieues, afin d'offrir la ville et ses beaux quartiers aux promoteurs sans scrupules, avec la complicité des pouvoirs publics et des élus de la nation.
Et pour ne rien arranger, toutes ces tours qui poussent comme des champignons un peu partout à Beyrouth, sont inaccessibles à la grande majorité des Libanais. Elles ramèneront du monde, encore du monde et toujours du monde en ville, dans une capitale dépourvue de grands axes routiers et de transports en commun, d'un pays centralisé, qui accueille 1,5 million de réfugiés syriens. Rien n'a été fait pour ce développement chaotique incontrôlé. Ni les rues ni même les égouts. Alors pas besoin de sortir de Harvard pour imaginer la suite, embouteilles et débordements des égouts. Dans le cas de Ramlet el-Baïda avant-hier, le facteur déclencheur est le déversement de béton dans les canalisations par la faute de la municipalité de Ghobeiry et de l'hôtel Eden Bey Resort.
Eh oui, on ne gère pas une capitale comme on gère un village, une ferme ou un poulailler. Les grands axes de Paris datent du Second Empire. Ils ont été réalisés sous Napoléon III par le baron Haussman, il y a plus de 150 ans. Et encore, ce dernier n'est pas parti de rien. Il a continué l'oeuvre de ses prédécesseurs. Haussman a créé, aménagé, reconstruit et transformé la capitale de la France comme personne auparavant. On estime que le préfet de la Seine a façonné 60% de Paris. Il a poussé les limites de la ville de l'époque et procédé à la destruction de 18 000 maisons. La Ville Lumière est née dans la douleur.
Une grande partie de ce que nous connaissons de Paris date de cette époque:
. les rues de Rivoli, de Rennes, des Pyrénées, Alésia, etc. ;
. les boulevards Saint-Michel, Saint-Germain, Saint-Marcel, Malesherbes, Haussman (il s'est attribué un boulevard de son vivant!), Port-Royal, Voltaire, Sebastopol, etc. ;
. les avenues Foch, Hoch, George V, Marceau, Kleber, Iéna, Friedland, Daumesnil, etc. ;
. les places de l'Etoile, de la Concorde, de la République, du Trocadéro, des Innocents, de l'Hôtel de Ville, Saint-Michel, etc. ;
. les quartiers des Halles, l'île de la Cité, etc.
. les ponts de Notre-Dame, Saint-Michel, Alma, Invalides, etc. ;
. les gares du Nord, de Lyon, Saint-Lazare et Montparnasse ;
. les Bois de Boulogne et de Vincennes ;
. les parcs de Montsouris, Monceau, Buttes-Chaumont, etc.
Ces travaux se sont déroulés sur une vingtaine d'années (1850-1870). Ils ont couté l'équivalent de 25 milliards d'euros d'aujourd'hui. C'est très cher, mais tel était le prix à payer pour construire la plus belle ville du monde, une capitale agréable à vivre et qui se projette dans l'avenir. Et encore, les successeurs du préfet Haussman continuent de façonner la ville pour l'adapter au monde de demain. Il y a trois semaines, le 25 octobre dernier, le tribunal administratif a validé définitivement la piétonnisation des voies sur berges par la Mairie de Paris. C'est ce dimanche même que les Parisiens sont invités à fêter l'événement autour d'un pique-nique géant qui se tiendra au parc Rives-de-Seine, entre le pont Neuf et le pont de Sully, et au jardin du Port-de-l'Arsenal. Il a fallu deux ans de bataille pour en arriver là, car certains élus opposés à la maire socialiste, préféraient réserver l'un des plus beaux sites de Paris, les rives de la Seine (inscrites au patrimoine mondial de l’Unesco!), aux voitures plutôt qu'aux piétons. Il y a vraiment des gens bizarres dans ce monde!
Anne Hidalgo ne compte pas s'arrêter là. La maire de Paris envisage étudier la possibilité de piétonniser le coeur de la capitale française, une partie des quatre premiers arrondissements de la rive droite, avec la création d'une zone de circulation extrêmement restreinte et la mise en circulation de navettes électriques autonomes. Le projet concernerait notamment les quartiers des Halles, du Marais, du Centre Pompidou et de Notre-Dame de Paris.
En Ile-de-France en général et à Paris en particulier, tout est fait pour limiter la place de la voiture dans la ville. C'est dans ce cadre que s'inscrit par exemple le chantier pharaonique du Grand Paris Express. Les travaux qui s'étaleront jusqu'en 2030, doteront la région de 200 km de voies ferrées en plus, à travers l'extension de 2 lignes de métro existantes et la création de 4 nouvelles lignes, soit 60 stations de plus, pour mieux relier les banlieues parisiennes entre elles, justement, sans avoir à passer par Paris.
A Beyrouth rien n'est fait dans ce sens. Au contraire tout est fait pour la voiture et en dépit du bon sens, comme le prouvent les deux exemples cités précédemment, Sama Beirut et le chantier de Saïdé/Karm el-Zeitoun. De grands axes à Beyrouth, on ne peut plus le faire à cause des sommes astronomiques qu'il faudrait pour indemniser les gens. Il aurait fallu commencer les travaux en 1900. On ne peut même plus élargir les autoroutes côtières existantes, trop tard.
Alors, récapitulons: nous avons une indépendance manquée (même deux, de la France et de la Syrie!), une souveraineté incomplète, une dette publique abyssale de 80 milliards de dollars, un gouvernement démissionnaire depuis six mois, une démocratie bancale et pour couronner le tout, un embouteillage monstre. C'est à se demander si les leaders de ce pays ne veulent pas que les Libanais regrettent et le mandat français et la vacance présidentielle!
En tout cas, dans cette photo il y a une négligence qui saute aux yeux. Jamais les Libanais n'ont été aussi branchés, alors pourquoi ils n'ont pas été prévenus depuis le début de la semaine, via la télé, la radio, la presse et les réseaux sociaux, de la gêne qu'occasionneraient ces préparatifs? C'est évident quelqu'un n'a pas fait son boulot. Qui dit faute, dit sanction. Les fonctionnaires qui auraient dû anticiper ces embouteillages et ne l'ont pas fait, devraient répondre de leur acte manqué.
Cela étant dit, le problème de cette photo dépasse évidemment le cadre du défilé militaire et de l'armée libanaise. Faire une fixation là-dessus, serait très simpliste. Des défilés militaires, on en fait à Paris, sans créer ce genre de pagailles. Mais quoi, on découvre maintenant que les axes routiers au Liban sont saturés! Avant-hier c'est le défilé militaire qui était mis en avant, bientôt ce sont les achats de Noël, après c'est le Ramadan, puis c'est l'afflux touristique de l'été, et j'en passe et des meilleures. Et c'est sans parler de la pluie, qui s'invite comme ça sans prévenir. Non mais, vous vous rendez compte, qui peut penser à la pluie en plein automne? Saloperie d'imprévu.
Les embouteillages c'est le pain quotidien des Libanais depuis des lustres. Dans un Etat normal, on aurait procéder autrement il y a belle lurette. De trois choses l'une ou les trois choses à la fois : créer des grands axes en rasant les immeubles de part et d'autre des petits axes, limiter la mise en circulation des voitures et développer des transports en commun dignes de ce nom. Le comble, c'est qu'on n'a rien fait de tout cela au Liban et on trouve encore des gens qui ont l'audace de s'étonner des conséquences!
Un mastodonte nommé "Sama Beirut" construit dans les ruelles de Beyrouth - Photo Erga Architects |
Pour mieux comprendre ce qui se passe dans notre pays, il va falloir changer d'angle de vue. L'accès à Sama Beirut à Sodeco, 195 m de hauteur et de laideur, se fait de facto par des rues à une ou deux voies, deux malheureuses voies d'accès. Je ne sais pas, mais les gars qui ont signé le permis de construire, de la municipalité de Beyrouth ou d'ailleurs, devraient être envoyés casser des cailloux dans le Hermel pour un moment. On balance un mastodonte de 52 étages, le plus haut immeuble au Liban, entre les petites rues de Beyrouth, comme si de rien n'était. On ne s'occupe pas de savoir quel sera l'impact d'un monstre de cette taille sur l'environnement et sur les riverains.
Toujours à Achrafieh, un chantier gigantesque vient de démarrer sur ce qui fut en temps de guerre, un terrain de foot, et en temps de paix, un parking, une zone située entre la rue Saïdé (en contrebas du quartier de Sioufi) et la rue cheikh el-Ghabé (la porte d'entrée de Karm el-Zeitoun). Un carré entouré par une trentaine d'immeubles je dirais. Il y a donc au moins 600 familles directement concernées, qui vont se taper ce chantier pendant au moins une demie douzaine d'années, voire une bonne dizaine d'années. Gêne indirecte, c'est 1 500 foyers touchés. Un vacarme incroyable au programme pour une décennie et les riverains ne savent toujours pas ce qu'il y aura à la place de leur parking! Inutile de préciser ni les propriétaires des lieux ni la municipalité de Beyrouth ni les services de Etat libanais, ne se sont donné la peine de faire une étude d'impact sur la suppression d'un lieu de stationnement de cette taille en plein cœur de Beyrouth. Comme pour Sama Beirut, pour venir, comme pour repartir, tout se fera avec des rues à une voie et à sens unique, une seule voie d'accès en tout et pour tout.
Comme on le voit sur Google Maps, la zone a une superficie légèrement inférieure à celle du jardin de Sioufi. Ça donne une idée de la taille du chantier. 15 à 20 000 m2 probablement. On dit que le terrain appartient à l'Eglise orthodoxe. On dit aussi qu'on envisage construire une université. Encore une! On dit qu'il y aura peut-être un centre commercial. Parce qu'on en manque cruellement au Liban! Certains pensent plutôt à des gratte-ciels, encore et toujours. C'est la gentrification de Beyrouth à toute vitesse. Elle a commencé après la fin de la guerre en 1991. Elle est passée à une vitesse supérieure par le vote à la hâte et à la dérobée de la loi sur les locations anciennes en 2014, par les autoprorogés députés. Toujours pas appliquée. Le jour où elle le sera, elle repoussera la classe moyenne et les natifs de la ville vers les banlieues, afin d'offrir la ville et ses beaux quartiers aux promoteurs sans scrupules, avec la complicité des pouvoirs publics et des élus de la nation.
Et pour ne rien arranger, toutes ces tours qui poussent comme des champignons un peu partout à Beyrouth, sont inaccessibles à la grande majorité des Libanais. Elles ramèneront du monde, encore du monde et toujours du monde en ville, dans une capitale dépourvue de grands axes routiers et de transports en commun, d'un pays centralisé, qui accueille 1,5 million de réfugiés syriens. Rien n'a été fait pour ce développement chaotique incontrôlé. Ni les rues ni même les égouts. Alors pas besoin de sortir de Harvard pour imaginer la suite, embouteilles et débordements des égouts. Dans le cas de Ramlet el-Baïda avant-hier, le facteur déclencheur est le déversement de béton dans les canalisations par la faute de la municipalité de Ghobeiry et de l'hôtel Eden Bey Resort.
Eh oui, on ne gère pas une capitale comme on gère un village, une ferme ou un poulailler. Les grands axes de Paris datent du Second Empire. Ils ont été réalisés sous Napoléon III par le baron Haussman, il y a plus de 150 ans. Et encore, ce dernier n'est pas parti de rien. Il a continué l'oeuvre de ses prédécesseurs. Haussman a créé, aménagé, reconstruit et transformé la capitale de la France comme personne auparavant. On estime que le préfet de la Seine a façonné 60% de Paris. Il a poussé les limites de la ville de l'époque et procédé à la destruction de 18 000 maisons. La Ville Lumière est née dans la douleur.
Une grande partie de ce que nous connaissons de Paris date de cette époque:
. les rues de Rivoli, de Rennes, des Pyrénées, Alésia, etc. ;
. les boulevards Saint-Michel, Saint-Germain, Saint-Marcel, Malesherbes, Haussman (il s'est attribué un boulevard de son vivant!), Port-Royal, Voltaire, Sebastopol, etc. ;
. les avenues Foch, Hoch, George V, Marceau, Kleber, Iéna, Friedland, Daumesnil, etc. ;
. les places de l'Etoile, de la Concorde, de la République, du Trocadéro, des Innocents, de l'Hôtel de Ville, Saint-Michel, etc. ;
. les quartiers des Halles, l'île de la Cité, etc.
. les ponts de Notre-Dame, Saint-Michel, Alma, Invalides, etc. ;
. les gares du Nord, de Lyon, Saint-Lazare et Montparnasse ;
. les Bois de Boulogne et de Vincennes ;
. les parcs de Montsouris, Monceau, Buttes-Chaumont, etc.
Ces travaux se sont déroulés sur une vingtaine d'années (1850-1870). Ils ont couté l'équivalent de 25 milliards d'euros d'aujourd'hui. C'est très cher, mais tel était le prix à payer pour construire la plus belle ville du monde, une capitale agréable à vivre et qui se projette dans l'avenir. Et encore, les successeurs du préfet Haussman continuent de façonner la ville pour l'adapter au monde de demain. Il y a trois semaines, le 25 octobre dernier, le tribunal administratif a validé définitivement la piétonnisation des voies sur berges par la Mairie de Paris. C'est ce dimanche même que les Parisiens sont invités à fêter l'événement autour d'un pique-nique géant qui se tiendra au parc Rives-de-Seine, entre le pont Neuf et le pont de Sully, et au jardin du Port-de-l'Arsenal. Il a fallu deux ans de bataille pour en arriver là, car certains élus opposés à la maire socialiste, préféraient réserver l'un des plus beaux sites de Paris, les rives de la Seine (inscrites au patrimoine mondial de l’Unesco!), aux voitures plutôt qu'aux piétons. Il y a vraiment des gens bizarres dans ce monde!
Anne Hidalgo ne compte pas s'arrêter là. La maire de Paris envisage étudier la possibilité de piétonniser le coeur de la capitale française, une partie des quatre premiers arrondissements de la rive droite, avec la création d'une zone de circulation extrêmement restreinte et la mise en circulation de navettes électriques autonomes. Le projet concernerait notamment les quartiers des Halles, du Marais, du Centre Pompidou et de Notre-Dame de Paris.
En Ile-de-France en général et à Paris en particulier, tout est fait pour limiter la place de la voiture dans la ville. C'est dans ce cadre que s'inscrit par exemple le chantier pharaonique du Grand Paris Express. Les travaux qui s'étaleront jusqu'en 2030, doteront la région de 200 km de voies ferrées en plus, à travers l'extension de 2 lignes de métro existantes et la création de 4 nouvelles lignes, soit 60 stations de plus, pour mieux relier les banlieues parisiennes entre elles, justement, sans avoir à passer par Paris.
A Beyrouth rien n'est fait dans ce sens. Au contraire tout est fait pour la voiture et en dépit du bon sens, comme le prouvent les deux exemples cités précédemment, Sama Beirut et le chantier de Saïdé/Karm el-Zeitoun. De grands axes à Beyrouth, on ne peut plus le faire à cause des sommes astronomiques qu'il faudrait pour indemniser les gens. Il aurait fallu commencer les travaux en 1900. On ne peut même plus élargir les autoroutes côtières existantes, trop tard.
Alors, il faut agir sur les autres paramètres: renforcer le Code de la route en sanctionnant sévèrement les infractions qui affectent la fluidité de la circulation, comme le stationnement gênant, se garer en double file par exemple ; faciliter la circulation des piétons et des cyclistes à Beyrouth, afin d'encourager les citadins à ne pas prendre la voiture systématiquement, en dégageant les trottoirs et en rendant cette circulation possible, en toute sécurité, sans risquer sa vie ; étudier sérieusement la réhabilitation des trains, notamment entre Tripoli et Sour, que les leaders libanais ont rapidement et stupidement abandonné ; développer des transports en commun dignes de ce nom, propres, sécurisés, climatisés ; limiter la mise en circulation des voitures dans tout le pays ; instaurer le principe de la circulation alternée en périodes critiques (les jours pairs circulent les voitures aux plaques d'immatriculations paires et les jours impairs celles aux plaques impaires) ; encourager le covoiturage par tous les moyens, y compris les incitations fiscales ; envisager la construction de ponts maritimes, ex. entre Mar Mkhaël/Jisr - Antélias-Naccache ; développer au plus vite le transport maritime quotidien entre Beyrouth et les principales villes côtières, Tripoli, Jbeil, Jounieh, Damour, Saïda, Sour ; lancer le vaste chantier de la décentralisation administrative ; programmer le basculement de toutes les démarches administratives sur internet (se déplacer pour un papier doit devenir l'exception et non la règle comme c'est le cas actuellement) ; déménager certaines entités publiques et même privés en dehors de Beyrouth ; etcetera, etc.
Et pour couronner toutes ces mesures, il faut interdire l'édification de tours, de centres commerciaux ou d'universités dans les ruelles de Beyrouth. Qu'on les installe ailleurs, sur les grands axes, à Dbayé par exemple. Il faut comprendre qu'avec une gestion urbaine aussi primaire qu'au Liban et à Beyrouth en particulier, on ne peut qu'avoir des embouteillages monstres. Beyrouth sera bientôt le Caire, qui connait des embouteillages de jour comme de nuit. Il est impératif de nos jours, d'avoir à l'échelle du Liban et du Grand Beyrouth, une approche globale de l'urbanisme qui prend en compte les impératifs en matière de logement, de mixité sociale, de cohabitation communautaire, de transport, de stationnement, de commerces, d'études, d'emplois, de loisirs, d’environnement, de qualité de vie, etc. Cela porte un nom, le « schéma de cohérence territoriale ». L'absence de ce « schéma directeur » ne peut conduire qu'au désastre magistralement illustré par cette photo.
Et pour couronner toutes ces mesures, il faut interdire l'édification de tours, de centres commerciaux ou d'universités dans les ruelles de Beyrouth. Qu'on les installe ailleurs, sur les grands axes, à Dbayé par exemple. Il faut comprendre qu'avec une gestion urbaine aussi primaire qu'au Liban et à Beyrouth en particulier, on ne peut qu'avoir des embouteillages monstres. Beyrouth sera bientôt le Caire, qui connait des embouteillages de jour comme de nuit. Il est impératif de nos jours, d'avoir à l'échelle du Liban et du Grand Beyrouth, une approche globale de l'urbanisme qui prend en compte les impératifs en matière de logement, de mixité sociale, de cohabitation communautaire, de transport, de stationnement, de commerces, d'études, d'emplois, de loisirs, d’environnement, de qualité de vie, etc. Cela porte un nom, le « schéma de cohérence territoriale ». L'absence de ce « schéma directeur » ne peut conduire qu'au désastre magistralement illustré par cette photo.